Communication et apprentissage
Pour qui a quelque intérêt à la signification des mots, il apparaît que chacun d’entre nous possède sa propre représentation quant au sens qu’il faut leur donner. C’est sous forme de « schémas » inscrits dés l’enfance qu’est codifiée notre interprétation personnelle et automatique de la réalité[1] Ces schémas précocement acquis contribuent largement à la construction de notre personnalité. Ils nous accompagnent tout au long de notre vie.
Ils accompagnent également la vie des ensembles sociaux.
Les troubles de la vie quotidienne résultent le plus souvent d’interprétations inadaptées nous concernant, ou intéressant notre environnement, nos pratiques, notre contexte. Par exemple : notre interprétation des évènements qui peut être négative ou positive.
Contrairement à ce que prétendait tout récemment un syndicaliste à la télévision concernant le Contrat Première Embauche, le Premier Ministre actuel de la France actuelle ne faisait pas de la communication sur ce projet de loi, tout au plus de la transmission d’information.
L’information est utile pour permettre le fonctionnement d’un système. Elle est même vitale. Mais la transmission d’une information n’est pas suffisante si l’émetteur n’a pas un « retour » qui lui permette de corriger sa représentation de la réalité du terrain. Ce retour de l’information, cette « rétroaction » permet d’apprécier ce qu’il convient de faire pour modifier un comportement devenu inadapté à un environnement social, économique, culturel en profond changement. Il permet aussi de faire en sorte que l’apprentissage du changement précède le changement lui-même.
J’ai été frappé par un certain nombre d’évènements au cours de cette sombre période qui a vu se construire l’effondrement d’un premier ministre et la crédibilité d’un Gouvernement. Mais notre attention est sélective vis-à-vis des évènements qui nous concernent et, pour ma part, ce qui m’a profondément troublé, c’est d’une part l’absence totale de part et d’autre de volonté « communicante » et, d’autre part, cette réflexion d’une jeune syndicaliste qui s’estimait satisfaite pour avoir « au moins » appris à s’exprimer en public.
On retrouve bien ici ces deux notions essentielles qui sont des « manques sociaux » : les incontournables de la communication et de l’apprentissage.
Notre communication est devenue pathologique. Plus personne ne veut communiquer autrement qu’en mode binaire, noir ou blanc, bon ou mauvais, juste ou injuste etc. Plus personne ne veut accepter d’échanger ses points de vue avant d’agir. Plus personne encore ne veut se souvenir, et nos enseignants probablement aussi, que l’apprentissage consiste à revisiter en permanence ses propres schémas et à les remplacer par des plus adaptés s’ils apparaissent comme périmés ou dangereux pour notre santé mentale ou celle de notre « institution ».
L’évènement du C.P.E est le parfait exemple d’une communication ratée et d’une rétroaction réussie.
Il serait également bon de rappeler aux uns et aux autres que l’activation des émotions est une manœuvre délicate, à manier avec énormément de précautions, si l’on veut éviter que l’embrasement irrationnel ne vienne accroître encore nos douleurs individuelles et collectives.
Strasbourg le 16 avril 2006
NERI Francis
Educateur et formateur
Président de l’Institut Européen de Socialisation et d’Education
[1] J.Young La thérapie des schémas
Commentaires
J'arrive à l'instant votre site et je dois dire que je suis très heureux d'avoir fait cette découverte. Mon blog personnel m'a permis de découvrir la sémantique générale il y a très peu de temps et suite à cela ma route a invariablement changée pour me permettre de traverser le pays de la sémantique générale. En effet, j'ai trouvé tant de similitudes entre la sémantique générale et mes propres centres d'intérêts que je me demande encore comment j'ai pu rester à l'écart aussi longtemps.
Le parcours rapide que j'ai effectué sur "Le sémanticien" laisse augurer de passionantes lectures.
Concernant votre note sur la communication, je me rappelle d'une lecture sur le même thème d'où je suis sorti en me disant que communiquer c'était finalement parler à quelqu'un en se voyant soi-même parler. Communication et empathie sont certainement très proches d'un point de vue sémantique...
Merci.
Bienvenu dans le domaine de la SG. Je vous invite à aller au delà avec Henri LABORIT et son premier livre sur le sujet "La Nouvelle grille" ou comment décoder le message humain Si vous êtes intéressé par la "nouvelle communication" vous pouvez également étudier l'ouvrage du même nom: la nouvelle communication de Yves Winkin (points) qui traite de l'école de Palo Alto avec Bateson, Watzalawick, Goffman etc Si vous êtes attiré par la psychothérapie, vous pouvez lire un gros pavé : Le livre noir de la psychanalyse qui nous éclaire sur la psychanalyse freudienne et ses limites.
De bonnes lectures croyez moi !
Cordialement
Francis NERI