Le changement par l’approche systémique.
- Comprendre et provoquer le changement par l’approche de la communication systémique[1].
« Le changement, qui est pourtant souvent réclamé à grands cris, est rarement bienvenu lorsqu’il est imminent »
Comment construire le changement à partir des concepts de l’école de Palo Alto et du modèle de pensée systémique développé par G. Bateson, P.Watlawick, A.Korzybsky, H. Laborit , et plus récemment par J. De Rosnay ?
- Sur le fond et sur la forme.
« Que notre communication vise un effet thérapeutique, pédagogique ou managérial, elle s’articule en fait sur un même but : celui de mobiliser les ressources humaines pour faire évoluer vers de meilleurs résultats et une meilleure satisfaction »[2]
Le changement, visant à la transformation des organisations et des relations humaines, ne peut s’effectuer que par une remise en cause des règles qui déterminent et légitiment nos attitudes et nos comportements.
Tout changement doit d’abord passer par une reconstruction de la réalité. Celle-ci doit être constamment reconstruite (la non identification des évènements). C’est une construction mentale permanente.
La réalité est liée au regard que l’on porte sur les choses. En conséquence, recadrer une représentation est la meilleure technique pour mettre en œuvre le changement.
Une situation donnée peut être modifiée, ainsi que la perception d’un évènement, si l’on peut changer son cadre perceptuel, conceptuel et où émotionnel et transférer la perception modifiée dans le nouveau cadre mieux adapté aux faits concrets de la situation nouvelle.
Changer sa représentation d’une situation entraîne des changements d’attitudes et de comportements qui sont à l’origine de transformations profondes du système quel que soit le type de relations concernées : interpersonnelles, sociales, commerciales, organisationnelles etc.
- Qu’est ce que l’approche systémique ?
Depuis trois siècles, la pensée et la science découlent en droite ligne de la tradition rationaliste. Descartes en est en France le digne représentant.
Nous avons, depuis, découvert que la supériorité incontestable du progrès technique et économique n’était plus une référence incontestable et que la tradition rationaliste était de plus en plus en remise en question par les scientifiques eux même.
En effet, deux découvertes fondamentales du début de ce siècle, la théorie des quantas et la relativité et enfin l’hypothèse de la complexité, remettent en cause les fondements même de cette forme de rationalité.
La théorie des systèmes puis la cybernétique ont développé la notion de rétroaction et constitué la « systémique »
Le système :
« Le système est un objet complexe formés de composants distincts reliés entre eux par un certain nombre de relations. »[3]
Ce sont ces relations, ces rétroactions que la Systémique se propose d’étudier, d’en faire l’analyse et d’en tirer des projets d’action.
Les systèmes ouverts sont ceux qui pratiquent des échanges nombreux avec tout ce qui les entoure. A l’inverse, les systèmes fermés sont ceux qui vivent entièrement repliés sur eux même.
L’approche systémique a pour objectif d’élaborer de nouveaux systèmes pour une meilleure efficacité. Elle permet de détecter les dysfonctionnements internes et externes des systèmes ouverts ou fermés. Ceci afin de proposer aux responsables d’un groupe constitué des remèdes à ces dysfonctionnements.
La cybernétique : Cybernétique : Science des communications et de la régulation des êtres vivants et des machines
L’opposition entre les deux approches, systémique et rationaliste (relation de cause à effet et raisonnement linéaire) est mise en évidence par quatre concepts fondamentaux :
L’interaction entre les éléments d’un système est l’action réciproque modifiant le comportement ou la nature de ces éléments.
La relation dite de rétroaction, ou de feed-back (effet en retour sur la cause) dans laquelle une action de B sur A suit une première action de A sur B qui a été mise en évidence par la cybernétique (rétroaction positive ou négative, compensatrice ou régulatrice)
La totalité : Le système est un tout non réductible à ses parties. « Je tiens pour impossible de connaître les parties sans connaître le tout non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties »[4]
L’organisation : Elle est le concept central de la systémique. C'est-à-dire un agencement de relations entre composants ou individus qui produit une nouvelle unité possédant des qualités que n’ont pas ces composants. La systémique appliquée à l’organisation en examine les deux aspects généralement séparément : un aspect structurel et un aspect fonctionnel.
Le premier est généralement représenté sous forme d’un organigramme tandis que le second pourra être décrit dans un programme. Selon l’objectif recherché, la systémique mettra l’accent ou la priorité sur l’un ou l’autre de ces deux aspects sans cependant perdre de vue leur complémentarité.
La complexité : La logique cartésienne nous avait appris à simplifier tous les phénomènes en éliminant l’inconnu, l’aléatoire ou l’incertain.La complexité tente d’appréhender la totalité car la complexité est partout et dans tout les systèmes.
Il est bon de ne pas faire l’amalgame entre complexité et complication, la complexité d’un système dépend à la fois du nombre de ces éléments et du nombre et du type de relations qui lient ces éléments entre eux.
L’analyse systémique apparaît donc bien comme l’élément clé de l’approche « projet » et indispensable dans la résolution des problématiques des systèmes complexes que constituent nos organisations en interaction.
- Non axiomes :
Le changement : Le changement dans les organisations, c’est le changement dans les relations en premier.
Une personne ne peut changer, à moins que le contexte relationnel dans lequel elle vit ne change également.
Pour obtenir un changement dans les comportements, la prise de conscience d’une problématique n’est pas essentielle, Elle est proportionnelle au niveau de conscience sociale des acteurs. En effet, les acteurs à l’esprit simple et pratique sont déconcertés par une approche conceptuelle étant donné qu’ils veulent de l’action et des résultats. Les acteurs intellectuels préfèrent la conceptualisation des problèmes mais ils retardent généralement le changement dans les comportements réels. En conséquence, nous ne nous contenterons pas de suggérer ou de préconiser des changements, mais aussi une approche fractale et interprétative pour répondre aux deux attitudes.
Pour transformer un système, commençons par faire évoluer ses pratiques sociales, c'est-à-dire ses modèles d’interaction qui fonctionnent mal. Il s’agit avant tout de réorganiser la structure des relations au sein d’un groupe pour parvenir à la résolution rapide des problèmes.
Dynamique de groupe : intervenir dans un réseau social continu. C’est à dire observer l’individu dans sa totalité sans préjugés et sans émettre de jugements de valeur.
Relation : Dans toute observation, commencer par caractériser la relation, soit comme symétrique, soit comme complémentaire.
Supervision et analyse des pratiques : La pédagogie interactionnelle ou systémique est une nouvelle façon de voir les problèmes sociaux liés à l’apprentissage et aux fonctionnement des organisations, ensuite une méthode de résolution des problèmes fondée sur cette vision.
Double contrainte : Echange de deux messages conflictuels et non congruents (appropriés) situés à des niveaux différents (hiérarchique par exemple). La double contrainte de l’injonction paradoxale est l’élément central des troubles de la communication. La disqualification est associée à la double contrainte.
Observables : L’approche systémique détermine trois systèmes observables : individuel, familial, social, dans un cadre et un contexte donné. La démarche requiert avant tout une exploration des faits d’attitude et de comportement au sein des systèmes observables.
Analyse systémique : Traitement des troubles et problématiques de la communication par la méthode systémique au bénéfice de l’individu, du groupe ou des collectivités.
Attitude et comportement : Il est un fait d’expérience courante, que le comportement et les attitudes dépendent de la communication et de l’interaction.
Francis NERI
06 03 06
[1] Terme inventée par Joël De Rosnay (Théorie des systèmes et cybernétique)
[2] Paul Watzlawick
[3] E.Morin
[4] Pascal