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  • Rationalité

    La rationalité caractérise une conduite cohérente, voire optimale, par rapport aux buts de l'individu. Se pose toutefois la question de la rationalité des buts par rapport aux intérêts supposés des individus. Wikipédia

     

    Je suis d’accord ! En quelque sorte, encore une fois la question de la morale, de l’éthique est posée, ainsi que celle des fins et des moyens. Mais je suis troublé, car je doute que l’on parvienne encore à distinguer entre le virtuel et le réel en terme de conduites et de pratiques sociales, de morale ou d’éthique.

     

    Un réel qui à mon sens n’a plus rien de rationnel, car le superflu des uns est sans limites alors que ce qui est vital et essentiel pour d’autres est tout simplement inexistant.

     

    Comme Nicolas Hulot, je croyais que la rationalité nous conduirait, au moins, à la satisfaction des besoins élémentaires, vous savez, ceux qui sont au bas de la fameuse pyramide de Masslow.

    Je découvre, comme lui également, la pénurie pour la grande majorité d’entre nous.

    Après tout pourquoi pas, du moment qu’une certaine « justice sociale » nous conduirait tous ensemble, pas à pas, vers plus de cohérence et de renoncements.

     

    Mais je crois qu’il va nous falloir subir encore longtemps le processus rationnel et irréversible du modèle socio-économico-financier-militaro-industriel dominant alors que chacun sait qu’il n’est plus la solution, mais le problème.

     

    La crise financière est sur la fin. Je n’ose plus dire systémique car le mot est à présent déformé, galvaudé,  et en quelque sorte vidé de son contenu.

     

    Chacun va reprendre ses petites habitudes et le « changement » annoncé avec détermination, courage et nombres d’études compliquées, restera dans les cartons des financiers, des politiciens et des marchands d’illusions.

    Nous allons très vite oublier, mais les problèmes eux ne nous oublierons pas.

     

    Rendez-vous à la prochaine crise. N’ayez crainte nous n’aurons pas trop à attendre.

     

  • L’aristocratie, la morale et l’éthique.

    Aujourd'hui une chronique déjà ancienne que j'ai peu modifié...hélas !

    Aristocratie vient du grec aristos, le meilleur, et Kratos, puissance : l'aristocratie dans son acception littérale signifie donc : Puissance des meilleurs. On conviendra que le sens primitif a parfois singulièrement dévié ; mais voyons comment cela c’est produit au cours de l’histoire des hommes. Pour cela, prenons les choses au point de départ et suivons-les à travers les âges pour en déduire ce qui peut se produire plus tard.

    Dans aucun temps, ni chez aucun peuple, les hommes en société n'ont pu se passer de chefs ; on en trouve chez les plus sauvages. Cela tient à ce que, en raison de la diversité des aptitudes et des caractères inhérents à l'espèce humaine, il y a partout des hommes incapables qu'il a fallu diriger, des faibles qu'il a fallu protéger, des passions qu'il a fallu comprimer ; de là, le besoin d'une autorité. On sait que dans les sociétés primitives, cette autorité fut déférée aux chefs de famille, aux anciens, aux vieillards, en un mot, aux patriarches ; ce fut la première de toutes les aristocraties.

    Les sociétés devenant plus nombreuses, l'autorité patriarcale fut impuissante dans certaines circonstances. Les querelles entre peuplades voisines amenèrent des combats ; il fallut pour les diriger non des vieillards, mais des hommes forts, vigoureux et intelligents ; de là les chefs militaires. Ces chefs victorieux, on leur conféra l'autorité, espérant trouver dans leur valeur une garantie contre les attaques des ennemis ; beaucoup, abusant de leur position, s'en emparèrent eux-mêmes ; puis, les vainqueurs s'imposèrent aux vaincus, ou les réduisirent en servitude ; de là, l'autorité de la force brutale qui fut la seconde aristocratie.

    Les forts, avec leurs biens, transmirent tout naturellement leur autorité à leurs enfants, et les faibles, comprimés, n'osant rien dire, s'habituèrent peu à peu à considérer ceux-ci comme les héritiers des droits conquis par leurs pères et comme leurs supérieurs ; de là la division de la société en deux classes : les supérieurs et les inférieurs, ceux qui commandent et ceux qui obéissent ; de là, par conséquent, l'aristocratie de la naissance, qui devint tout aussi puissante et tout aussi prépondérante que celle de la force, parce que si elle n'avait pas la force par elle-même, comme aux premiers temps où il fallait payer de sa personne, elle disposait d'une force mercenaire. Ayant tout pouvoir, elle se donna tout naturellement des privilèges.

    Pour la conservation de ces privilèges, il fallait leur donner le prestige de la légalité, et elle fit les lois à son profit, ce qui lui était facile, puisque elle les faisait seule. Cela n'était pas toujours suffisant ; elle y ajouta le prestige du droit divin, pour les rendre respectables et inviolables. Pour assurer ce respect de la part de la classe soumise qui devenait de plus en plus nombreuse et plus difficile à contenir, même par la force, il n'y avait qu'un moyen, l'empêcher de voir clair, c'est-à-dire la maintenir dans l'ignorance.

    Si la classe « supérieure » avait pu nourrir la classe « inférieure » sans que cette dernière n’ait rien à faire (du pain et des jeux), elle l’aurait dominée pendant longtemps encore ; mais comme celle-ci était obligée de travailler pour vivre, et de travailler d'autant plus qu'elle était moins pressurée, il en est résulté que la nécessité de trouver sans cesse de nouvelles ressources, de lutter contre une concurrence envahissante, de chercher de nouveaux débouchés pour les produits, a développé son intelligence, et qu'elle s'est éclairée par les causes mêmes dont on se servait pour l'assujettir.

    La classe soumise a donc vu clair ; elle a vu le peu de consistance du prestige qu'on lui opposait, et se sentant forte par le nombre, elle a aboli les privilèges et proclamé l'égalité devant la loi. Ce principe a marqué chez certains peuples la fin du règne de l'aristocratie de naissance, qui n'est plus que nominale et honorifique, puisqu'elle ne confère plus de droits légaux.

    Alors s'est élevée une nouvelle puissance, celle de l'argent, parce qu'avec de l'argent on dispose des hommes et des choses. C'était un soleil levant devant lequel on s'est incliné, comme jadis on s'inclinait devant un blason, et plus bas encore. Ce qu'on n'accordait plus au titre, on l'accordait à la fortune, et la fortune a eu ses privilèges légaux. Mais alors on s'est aperçu que, si pour faire fortune il faut une certaine dose d'intelligence, de compétence et de raison, il n'en fallait pas tant pour en hériter, et que les enfants sont souvent plus habiles à la manger qu'à la gagner, que les moyens mêmes de s'enrichir ne sont pas toujours irréprochables ; il en résulte que l'argent perd peu à peu son prestige moral et qu'à cette puissance tend à se substituer une autre puissance, une autre aristocratie plus juste : celle de l'intelligence, concrétisée par la raison et de la connaissance, de la compétence, auprès de laquelle chacun peut se ranger dans la complémentarité, parce qu'elle est accessible  au pauvre comme au riche.

    Sera-ce la dernière ? Est-elle la plus haute expression de l'humanité civilisée ? Non.

     

    La raison et la connaissance ne sont pas toujours un gage de moralité[1] ou d’éthique, et l'homme le plus intelligent et le plus savant peut faire un très mauvais emploi de ses facultés surtout s’il pense que la fin justifie les moyens.

    D'un autre côté, la moralité (l’affectif, l’émotion, la compassion ou la solidarité) seule peut souvent être impuissante. La conjugaison et l’union de ces  facultés, raison, connaissance, affectif, est donc nécessaire pour créer une prépondérance légitime, et à laquelle les hommes se rallieront, parce qu'elle leur inspirera toute confiance par ses connaissances, ses compétences et par sa justice. Ce sera la prochaine aristocratie, celle qui sera la conséquence, ou plutôt le signal de l'avènement de l’aristocratie éthique c'est-à-dire ou tous les hommes seront enfin des aristocrates. Elle arrivera tout naturellement par la force des choses ; lorsque les hommes de cette catégorie seront assez nombreux pour former une majorité imposante, c'est à eux que le peuple confiera ses intérêts.

    Comme nous l'avons vu, toutes les aristocraties ont eu leur raison d'être ; elles sont nées de l'état de l'humanité ; il en sera de même de celle qui deviendra un besoin ; toutes ont fait ou feront leur temps suivant les contrées, parce qu'aucune n'a eu pour base le principe moral ou éthique [2]; ce principe seul peut constituer un système global durable, parce que cette aristocratie sera animée des sentiments de justice, de solidarité et de connaissances.

    Un tel état de choses est-il possible avec l'égoïsme, l'orgueil, la cupidité qui règnent en maîtres sur la terre ? A cela nous répondrons oui sans hésitations. Non seulement il est possible, mais il arrivera, car il est inévitable sous peine de disparition.

     

    Aujourd'hui l'intelligence et le savoir technologique dominent; ils sont souverains, personne ne saurait le contester ; et cela est si vrai que vous voyez l'homme du peuple arriver souvent aux premières responsabilités.

    Cette aristocratie n'est-elle pas plus juste, plus logique, plus rationnelle que celle de la force brutale de la naissance ou de l'argent ? Pourquoi donc serait-il impossible d'y joindre la moralité, l’éthique, la connaissance ? - Parce que, disent les pessimistes, ceux qui ont une vision binaire de l’humain, le mal domine sur la terre. - Est-il dit ou écrit quelque part que le bien ne dominera jamais ? La partie « sombre » de notre être ne pourra-t-elle jamais être réduite à son expression stimulante, permettant un juste équilibre ? Devrons nous nous résigner à vivre un éternel remake d’Orange Mécanique ?  Les moeurs, et par suite les institutions sociales, ne valent-elles pas, pour nous, cent fois mieux aujourd'hui qu'au moyen âge ? Chaque siècle n'a-t-il pas été marqué par un progrès ? Pourquoi donc l'humanité s'arrêterait-elle quand elle a encore tant à faire ? Les hommes, par un instinct naturel, cherchent leur bien-être, l’homéostasie; s'ils ne le trouvent pas en suffisance dans le règne de l'intelligence, ils le chercheront ailleurs ; et où pourront-ils le trouver, si ce n'est dans le règne de la moralité et plus loin de l’éthique ? Pour cela, il faut déjà que la moralité, la règle et la loi l'emportent numériquement. Il y a fort à faire, c'est incontestable, mais, encore une fois, il serait présomptueux de dire que l'humanité est arrivée à son apogée, quand on la voit marcher sans cesse dans la voie du progrès, le tout est que les hommes ne  s’égarent pas dans des impasses et qu’ils ne puissent en revenir.

    Disons d'abord que les bons, sur la terre, ne sont pas tout à fait aussi rares qu'on le croit ; les mauvais sont nombreux, et ce sont souvent les mêmes, cela est malheureusement, ou heureusement, vrai : mais ce qui les fait paraître encore plus nombreux, c'est qu'ils ont plus d'audace et qu'ils sentent que cette audace même leur est nécessaire pour réussir ; et pourtant ils comprennent souvent la prépondérance du bien car, ne pouvant le pratiquer consciement, ils en prennent fréquemment l’apparence.

     

    Il y a les « bons », ceux que l’on peut qualifier ainsi avec prudence en gardant en mémoire l’aspect identificateur et limitant du terme. Ils vivent en maîtrisant leur part de mystère, et ne font pas parade de leurs bonnes qualités. Ils ne se mettent pas en évidence et voilà pourquoi ils paraissent si peu nombreux. Mais sondez les actes intimes accomplis sans ostentation, et, dans tous les rangs de la société, vous trouverez encore assez de bonnes et loyales natures pour vous rasséréner le coeur et ne pas désespérer de l'humanité.

    Et puis, il faut le dire aussi, parmi les mauvais il y en a beaucoup qui ne le sont que par entraînement, ou par période. Ils deviendraient bons s'ils étaient soumis à une bonne influence.

    Rêvons un peu et posons en hypothèse que, sur 100 individus, il y a 25 « bons »[3] et 75 « mauvais » ; sur ces derniers, il y en aurait 50 qui le sont par faiblesse et qui seraient bons s'ils avaient de bons exemples sous les yeux, et si surtout ils avaient eu une bonne direction dès l'enfance; et que sur les 25 franchement mauvais, tous ne sont pas incorrigibles.

    Dans l'état actuel des choses, les mauvais seraient en majorité et feraient la loi aux bons ; supposons qu'une circonstance amène l’adhésion des 50 moyens, les bons seront en majorité et feront la loi à leur tour; sur les 25 autres franchement mauvais, plusieurs subiront l'influence, et il ne restera que quelques incorrigibles sans prépondérance.

    Prenons un exemple pour comparaison : Il y a encore des peuples sans lois humaines chez lesquels le meurtre et le vol sont l'état normal : le bien y fait exception.

     

    Chez les peuples les plus avancés et les mieux gouvernés, le crime temps à  devenir l'exception ; traqué par les lois, il est sans influence véritable sur l’organisation de la société démocratique. Ce qui y domine encore, ce sont les vices de caractère : l'orgueil, l'égoïsme, la cupidité et leur cortège.

    Pourquoi donc, ces peuples les mieux gouvernés progressant, les vices n'y deviendraient-ils pas l'exception, comme le sont aujourd'hui les crimes, tandis que les peuples en retrait atteindraient un certain niveau d’organisation sociale, morale et éthique qui leur soit spécifique ? Nier la possibilité de cette marche ascendante vers de nouveaux niveaux d’organisation serait nier le progrès social.

    Assurément, un tel état de choses ne peut être l'oeuvre d'un jour, mais s'il est une cause qui doive en hâter l'avènement, c'est sans aucun doute l’Education, la formation et la socialisation mises elles aussi en cohérence au sein de leurs trois pôles : l’école, la famille, la cité. Agent par excellence de la solidarité humaine, montrant les épreuves de la vie actuelle comme la conséquence logique et rationnelle des actes accomplis au quotidien reliés à ceux de nos prédécesseurs (time-binding), faisant de chaque homme l'artisan volontaire de son propre bonheur, de la vulgarisation universelle de l’éducation, de la formation et de la socialisation, résultera nécessairement une élévation sensible du niveau moral et éthique actuel.

    Les principes généraux de cette philosophie de l’éducation, et de leurs corollaires la socialisation, la régulation des conduites et des pratiques, sont à peine élaborés et coordonnés, et déjà ils ont réuni, dans une imposante communion de pensées, des millions d'adhérents disséminés sur toute la terre. Les progrès accomplis sous leur influence, les transformations individuelles et locales qu'ils ont provoquées, nous permettent d'apprécier les immenses modifications fondamentales qu'ils sont appelés à déterminer dans l'avenir.

    Mais si, grâce au développement de l’éducation et de la connaissance, le niveau moral et éthique de l'humanité tend constamment à s'élever, on s'abuserait en supposant que la moralité et l’éthique deviendraient prépondérantes par rapport à l'intelligence. L’éducation et la connaissance, en effet, ne sont  pas à être accepté aveuglément. Il doit être fait appel à la discussion, à la controverse en particulier sur leur contenu.

     

    Au lieu de la foi aveugle qui annihile la liberté de penser nous disons que l’homme doit apprendre à poser sur les choses, les gens et les évènements « son » regard et « sa » main. L’homme a besoin de liberté, d’amour et d’émotions autant que de pain. Il doit comprendre qu’il n’obtiendra les uns et les autres que s’il parvient à la responsabilité, c'est-à-dire à l’éthique. Seules l’éducation et la connaissance de ses déterminismes, de ses dépendances peuvent l’y conduire. C’est ce que j’appellerai l’éthique de la connaissance celle qui a pu regarder la raison face à face à tous les âges de l'humanité.

    A ceux qui ont la foi je dirai qu’il faut une base, et cette base c'est l'intuition parfaite de ce qu'on doit croire ; pour croire à l’avenir de l’humanité, il ne suffit pas de voir, il faut surtout appréhender, car comprendre n’est pas suffisant.

    C'est donc à bon droit que nous pouvons considérer la morale et l’éthique comme les plus puissants moteurs de l'aristocratie de l'avenir, c'est-à-dire de l'aristocratie sachant conjuguer la raison, la connaissance et l’affectif.

     

     



    [1] La morale répond à la question " Que dois-je faire ? ". Elle est l’obligation, plus ou moins librement voulue, de conformer notre conduite à certaines valeurs (le bien : ce qu’on doit faire ; le mal : ce qu’on ne doit pas faire). Elle rassemble les devoirs (obligations et interdits) que nous nous imposons à nous-mêmes, dans la liberté de notre for intérieur, — cela même parfois contre notre égoïsme ou nos inclinations premières. La moralité a pour mobile le respect du devoir et de certaines valeurs reconnues absolues ou universelles : la morale suppose donc d’être suivie pour elle-même, c’est-à-dire sans espoir d’une récompense ou sans crainte d’une sanction. La morale ne répond pas à la question " Que m’est-il permis d’espérer ? " (C’est là l’objet de la religion).

    [2]L'éthique est la théorie de l'action que l'homme doit mener pour bien conduire sa vie et parvenir au bonheur. En grec " ethos " signifie la coutume, l'habitude (au sens de "la manière de conduire sa vie au quotidien"). Mais la vertu, le plaisir, les devoirs sont également des sujets essentiels de réflexion qui appartiennent au domaine de l'éthique. Il importe, pour bien appréhender  la pensée d'un aristocrate, de savoir quelles sont les positions qu'il adopte sur le plan de l'éthique, de la conduite de l'existence. L’éthique c’est la « morale » que l’homme se donne à lui-même et dans l’action.

    [3] Nous formulons bien évidement comme hypothèse crédible que nul n’est vraiment tout à fait bon ou tout à fait mauvais. Soyons lucides, mais gardons espoir !