Projets d’actions collectives
Education, socialisation et sécurité publique. Une politique éducative locale se met en oeuvre à l’aide de dispositifs élaborés au niveau national et relayés par les services déconcentrés des administrations. Une multitude d'actions locales sont alors envisagées puis mises en oeuvre par des acteurs et praticiens locaux.
C’est souvent à ce niveau là que se pose la question de la pertinence de ces actions, de la connaissance que les acteurs ont des dispositifs, de la compétence des praticiens, de la cohérence des conduites et de la représentation que chacun se fait des conditions de mise en œuvre, des partenariats à réaliser, des ressources à mobiliser.
Par exemple, les contrats éducatifs locaux et les contrats locaux de sécurité avaient pour ambition d’être les deux axes forts de la « politique de la Ville » A ce jour, nous ne pouvons raisonnablement estimer que ces dispositifs se soient effectivement mis en place et répondent véritablement aux attentes des bénéficiaires, particulièrement pour ce qui concerne les enfants et les jeunes.
Nous estimons pour notre part que la raison principale en est dans la difficulté qu’éprouvent les partenaires potentiels à construire une « logique partenariale globale », mais également dans la façon de s’approprier et d’adapter un dispositif aux particularités locales.
C’est la raison pour laquelle, il faut prendre, localement, l’initiative de provoquer des rencontres entre représentants institutionnels, qui font souvent preuve de motivations personnelles très fortes, et acteurs locaux, praticiens etc., dans l’objectif de construire une démarche collective de réalisation d’un cadre de référence commun dans l’élaboration des politiques locales : éducatives, formatives et socialisantes.
Celui-ci doit avoir pour ambition :
D’aider les acteurs locaux, qu’ils soient élus, professionnels associatifs ou des collectivités territoriales, bénévoles, parents, à clarifier leurs finalités éducatives, formatives, socialisantes.
De donner un certain nombre de définitions précisant la signification à donner à des termes comme : dispositifs, sites, actions, coordinateurs, binômes etc.…)
De présenter un certain nombre d’éléments qui feront que, selon le groupe de travail, une action soit éducative et socialisante, de permettre de repérer ce qui fait qu’un projet d’action est en cohérence avec les finalités éducatives et socialisante de l’ensemble social.
De mettre en évidence l’importance de l’évaluation et d’en prévoir les outils dés l’origine du projet
De proposer des thèmes prioritaires de réflexion
Pour une priorité à l’éducation et à la socialisation. Une certaine image de l’Etat instituant seul le social semble avoir vécu. Des pouvoirs publics incitateurs, régulateurs et animateurs invitent collectivités, associations, secteurs de l’économie sociale, entreprises et publics à travailler ensemble, a établir des partenariats.
De plus, dans l’entourage des politiques éducatives et culturelles locales, il ne s‘agit plus seulement d’être à l’écoute des jeunes, l’affaire semble entendu.Il faut avant tout tracer des pistes, formuler des préconisations puis reconnaître et accompagner leurs initiatives d’actions collectives.
Dans ce cadre, des jeunes seront partenaires, co-acteurs de leur devenir. Voilà une des potentialités à exploiter en terme de dispositifs.
D’autant que pour certains de ces jeunes, la question, leur attente, outre une revendication d’accès aux droits, à l’emploi et au logement est plus celle d’une reconnaissance avec leurs particularités et d’une place comme tels dans le train social, que d’une éducation voire d’une intégration et, encore moins d’une socialisation dont ils ne perçoivent plus la finalité intégrative.
En voulant trop disjoindre et confondre apprentissage, éducation et socialisation, qui comme pour l’école, la famille et le social, sont trois pôles qui interagissent ensemble et ne peuvent être dissociés, nous risquons de voir apparaître les sombres menaces du repli identitaire et ethnique et des affrontements communautaristes.
Quels acteurs ? Les intervenants du champ social et éducatif sont multiples et leurs formations sont très diverses et inégales. Il ne s’agit pas pour autant de négliger les compétences acquises par les uns et les autres, elles sont utiles et indispensables et doivent être intégrées dans un projet global décliné localement dans des projets d’activités.
D’autres compétences en particulier transversales sont à acquérir ou à développer pour les acteurs et praticiens.
Quelles formations ? La mise en œuvre des dispositifs doit s’accompagner d’une formation thématique, technique et comportementale continue des partenaires habituels, interlocuteurs de l’Etat dans cette démarche et bien évidemment des jeunes eux mêmes.
Ceci concerne, en particulier, les associations : fédérations de parents d’élèves, d’éducation populaire, associations locales et jeunes, encore trop souvent instrumentalisées ou dépendantes et qui doivent redevenir des structures autonomes, capables d’élaborer des projets éducatifs en concordance avec les valeurs sociétales et démocratiques clairement énoncées par l’institution.
Quels moyens ? Ces questions ont bien évidemment étés prises en compte, mais tout projet d’amélioration des services à rendre aux citoyens doit également se traduire au plan social et budgétaire, par des améliorations dans la mise à disposition des moyens à mettre en œuvre.
Bref, développer les capacités d’intervention, car une politique éducative ambitieuse visant l’efficacité et le long terme, ne peut se mettre en œuvre sans que des priorités soient faites en matière d’arbitrages budgétaires. Pour résumer, cesser le « saupoudrage » et orienter nos moyens vers une recherche d’efficacité et des projets fédérateurs.
Traduisant et démontrant ainsi concrètement que les pouvoirs publics se donnent effectivement les moyens de leur politique.
Quels publics ? Une politique éducative, formative et socialisante qui soit thématique, technique et comportementale intéresse toutes les organisations, de l’association à l’entreprise en passant par les administrations. C’est l’entreprise qui, la première, a intégré le champ du comportement organisationnel et de l’individu librement responsable, de sa place dans le collectif. Il faut accompagner ce premier pas et le promouvoir au sein de toute organisation et au bénéfice de chaque individu.
Le projet plateforme. C’est dans l’élaboration d’une plateforme locale de formation et d’action sur les pratiques éducatives, formatives et socialisantes que se trouve probablement la solution qui permette la mise en commun d’un certain nombre de ces pratiques et de réunir les praticiens, les chercheurs, l’entreprise et les pouvoirs publics. La tache est difficile à mener mais urgente et prioritaire.
L’Institut Européen de Socialisation et d’Education s’y emploie, à son niveau d’aptitude et avec les moyens qu’il dispose. Il invite chacun des acteurs concernés à y participer.
Strasbourg le 10 avril 2001
Francis NERI
Président de l’Institut Européen de Socialisation et d’Education