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L'avenir de l'humanisme

« L’individu, correctement instruit, reste libre et pleinement responsable de ses actes dans la croyance de son choix. Les notions de liberté (ce que l'on appelle le "libre arbitre"), de tolérance, d’indépendance, d’ouverture et de curiosité sont de ce fait indissociables de la théorie humaniste classique. L'Humanisme désigne toute pensée qui met au premier plan de ses préoccupations le développement des qualités essentielles de l'être humain. »

L'humanisme pratique ou moral consiste à s'imposer, vis-à-vis de tout être humain, des devoirs et des interdits éthiques : ne pas tuer, ne pas torturer, ne pas opprimer, ne pas asservir, ne pas violer, ne pas voler, ne pas humilier… Fondé sur le respect et la justice, cet humanisme-là revient donc à respecter les droits fondamentaux de l'être humain.

En ce début du XXIe siècle l’humanisme moderne perçoit l’homme comme un tout dans un tout et le rappelle à sa responsabilité non seulement envers les autres, mais aussi envers son environnement fait de systèmes étroitement dépendants les uns des autres et en interaction.

Pourtant pour certains, l’humanisme s’inscrit encore dans une confrontation entre trois pôles divergeant qui se radicalisent dans l’espace public : un pôle conservateur, un pôle libéral, un pôle social.

Si ce mouvement de tension et de divergences entre les trois pôles s’intensifie nous allons vers des conflits d’intérêt majeurs entre ceux qui voudront conserver leurs acquis et ceux qui voudront s’en emparer.

Dans cette bataille sans merci, ou l’unité culturelle de l’Europe est oubliée, chacun estime détenir la « vérité » souvent au détriment de la « réalité »  qu’ils subissent en contre coup, celle des extrémismes par exemple qui ont une représentation très particulière de l’humanisme occidental et la démocratie qui va avec.

Chacun également tente d’instrumentaliser ou de marginaliser l’un des pôles pour tenter de détruire le 3e. Des alliances de circonstances se produisent et le pôle conservateur par exemple est encore et pour longtemps l’enjeu alternativement du pôle libéral ou social.

Pour le pôle social, le scepticisme  de Montaigne n’est plus au goût du jour, et l’angélisme de ses penseurs ne s’étonne nullement de la nouvelle et effrayante irruption de la bestialité qui relativise le pouvoir de la culture sur les instincts et confirme l’opinion de Stéphan Zweig « que l’instinct élémentaire de destruction ne pouvait pas être extirpé de l’âme humaine ». 

Cet humanisme exalte le libre-arbitre jusqu'à l'excès. Sur le plan éthique, les valeurs humanistes ainsi déconsidérées déresponsabilisent l'homme et encouragent des pratiques douteuses comme le multiculturalisme, le communautarisme, les revendications ethniques et identitaires.

Ces approches reposent sur des présupposés progressistes. Elles sont trop souvent prisonnières des cadres de la philosophie de l'histoire, issues du marxisme ou d’une interprétation étroite des  Lumières. L’humanisme s’est toujours distancié de l'angélisme qui caractérise parfois ce type de méthode, dont la subjectivité  est susceptible, de compromettre l'objectivité de l'analyse.

Nous vivons à nouveau une époque ou la violence, la tyrannie des idéologies menace notre vie même et plus encore notre liberté de penser et notre façon particulière de porter sur les choses et les gens notre vision et notre représentation du sens à y donner dans nos actes qui en découlent.

Comme par le passé, les fureurs sociales et nationales risquent de détruire le monde sous prétexte de religion. Les protagonistes, une minorité d’idéologues et de fanatiques répondent au crime par le crime

Au moment où l’intolérance domine, penser, dire ce que l’on pense, faire ce que l’on a pensé, n’est  ce pas cela l’essentiel de l’humanisme à retrouver ? Et pourtant, sommes nous encore en mesure de bénéficier encore longtemps de ces valeurs indispensables et conserver cet espoir  chevillé au corps : celui de voir le monde devenir enfin « humain »

Il suffit pour cela de pas grand-chose, probablement  que les fameux trois pôles travaillent enfin ensemble sur un projet commun qui ne soit pas  le produit d’un extrême, qu’il soit libéral, conservateur ou social. La réalité est dans la médiation gagnant/ gagnant et dans une communication qui respecte un principe essentiel à nos systèmes sociaux : notre communication humaniste se doit d’être à la fois pédagogique, managériale et thérapeutique.

En effet, l’homme « dans la minorité de son âme » doit être éduqué, instruit et socialisé, mais aussi soigné, régulé et fermement dirigé et cela aussi longtemps qu’il n’aura pas intégré comme un « réflexe conditionné positif » qu’il n’y aura pas de liberté pour le sujet sans qu’il soit capable de se comporter en être humain c'est-à-dire en responsable.

Francis NERI

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