Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • La corruption psychologique

    Nous sommes atterré devant la forme haineuse des attaques auxquelles se livrent les tenants du psycho marxisme, en particulier ceux qui sont enfermés dans l’école psychanalytique.

    Il est vrai que leurs « gourous » en France,  Lacan et Dolto en particulier, ont laissé un cadre, un carcan étroit, un labyrinthe dont eux même ont tentés vainement d’échapper sans jamais y parvenir. Depuis les années 60 leur influence n’a jamais cessé de s’étendre et a envahie tous les rouages de la société : politique, social, culturel et même cultuel ce qui n’est pas rien ! Et leur jugement envers tout ce qui n’est pas de leur chapelle est sans nuance et sans appel. 

    En matière politique par exemple, notre propos est d’observer que ces jugements portent essentiellement sur la substance de la politique, beaucoup plus que sur ses choix et orientations. La critique des choix et orientations n’est qu’un moyen pour orienter la substance du processus psychologique qui conduit à ces choix et ces orientations.  

    Nous attachons beaucoup d’intérêt et d’importance à une parole  qui exprime une forte conviction, aussi bien qu’à une « gestion » du langage dont l’objectif se déplace de plus en plus vers la forme de la politique, beaucoup plus que vers ses choix. On peut considérer par exemple que les choix de la politique de la ville soient jugés désastreux. Mais on comprend qu’implicitement, c’est le processus intellectuel (et, en fait psychologique,) qui y conduit qui est mis en question, la forme de plus en plus pervertie tenant lieu de substance.

    Effectivement, la violence persifleuse et méprisante du langage psychanalytique et marxiste, si elle est généralement contenue dans les bornes de l’expression démocratique et de la clarté de l’expression, redevient aujourd’hui comme hier un instrument d’oppression. Nous ne sommes pas à la fin de l’histoire et il reste bien des murs de Berlin à abattre.

    C’est contre cette dureté primaire et sans aucun sens ni direction visible qu’il faut lutter. Contre le nihilisme d’une politique de gauche en France qui est, et se complaît à être, absence de politique, et qui ne peut malheureusement être que cela car c’est encore l’essence de son identité.  Une dose d’indignation et de révolte pour la remise en cause des conservatismes et des prés carrés est nécessaire pour donner sa force au changement.

    C’est un signe excellent et prometteur que des écoles comme celle de Palo Alto[1], qualifiée par nombre de lacaniens et inconditionnels de Françoise Dolto de « secte utilisatrice  et fonctionnaliste qui fait le bonheur de tous les directeurs des ressources humaines » reprennent progressivement le relais de la pensée libre et innovante. Sartre a eu longtemps raison contre Raymond Aron, mais le collectivisme et le nihilisme semble céder aujourd’hui la place à l’individu collectif,  responsable et humain. 

    Préliminaire à toute pensée néo marxiste et bien  pensante, à l’heure de la complexité, le simplisme ahurissant de l'idéologie Psycho marxiste ne devrait plus trouver sa place au sein de nos structures sociales, en particulier éducatives. Certains inconditionnels n’ont pas manqué d’associer l’école de Palo Alto à  la scientologie, le new age, ou accuser de faire l’apologie du dressage, du goulag et de l’enfermement psychiatrique (ce qui est un comble pour des marxistes !) Les travaux de l’Ecole de Palo Alto ne relèvent en rien de ces errements ou d'une naïveté qui serait typiquement américaine ou encore d'une simplification idéologique de la vie humaine qui a tout à voir avec le management et rien avec l'aventure humaine, poétique, généreuse, solidaire  bref, humaniste.

    La psychologie est devenue une forteresse qui a envahie l’ensemble des sciences humaines et sociales. Progressivement,  l’esprit libre et critique commence à saisir cette vérité fondamentale, plus ou moins consciemment et plus ou moins par intuition, que notre politique sociale ne doit plus être le produit standard et automatisée d’un système psychosocial, le fruit développé, qu’il soit éclatant ou vénéneux, d’une pensée, d’une idéologie.

    Nous sommes placés devant la “psychologisation” de la pensée politique et sociale, en collusion avec le “marxisme” qui porta à son sommet la technique et la conception de la production en série de concepts aveugles, sans aucune intervention critique, à partir du modèle communiste standard d’origine. Nous ne sommes pas devant un système politique intellectuellement maléfique et consciemment élaboré comme tel mais devant un système non-politique dont les dommages qu’il  nous inflige se trouvent justement dans le fait qu’il n’élabore plus aucune politique. Il n’est même pas question d’oppression ou de censures actives. Nous sommes devant un machinisme de la pensée, c’est-à-dire une pensée réduite exactement à son contraire.

    Dans ce cas le langage, ce que la droite Française semble avoir oublié, est la force de changement la plus efficace. La « mise en sens » de certains mots et de concepts comme : communication (pédagogique, organisationnelle, thérapeutique), systémique, neurosciences, complexité etc, sont des outils qui doivent être employées contre l’évidence du conformisme, de l’abdication de la pensée et un  goût prononcé de la polémique stérile et démagogique. Aujourd’hui, la force du langage est l’arme principale, et l’audace de son emploi est la véritable dynamique de la critique, – une dynamique qui est potentiellement de la dynamite. D’une certaine façon, nous avons moins à craindre d’une police de l’esprit pour nous interdire certaines idées, que d’une auto-censure qui nous interdirait de dénoncer l’évidence.

    Le machinisme de l’esprit que nous contestons, c’est d’abord l’abdication de notre liberté en “toute liberté”, l’exercice dynamique mais passif de “la servilité volontaire” de notre pensée présentée comme une vertu.

    Il ressort que l’ennemi central dans ces temps difficiles, c’est la corruption. Il s’agit évidement de la corruption psychologique et nullement de corruption vénale. L’argent y a sa place, certes, comme il l’a toujours eu, mais aujourd’hui, il est là pour renforcer la corruption psychologique. Une corruption presque inconsciente, presque automatique, qui évite tout sentiment de culpabilité en écartant pour l’esprit l’exercice de la critique de lui-même.

    La plupart des fonctionnaires et hommes politiques qui exécutent cette politique, agissent d’abord par des automatismes  psychologiques qu’ils justifient ensuite, ou tentent de justifier individuellement, par des affirmations de conviction et des arguments de raison. Ces affirmations et ces arguments ont pourtant une solidité très faible en raison du caractère absolument artificiel de cette “conviction” et de cette “raison”.

    Cette corruption est par définition inconsciente. Le conformisme se forme aujourd’hui dans l’inconscient des automatismes de la psychologie, par le moyen de la contrainte de la communication produite par les grands médias.

    C’est l’outil de l’intelligence qui est corrompu, et non l’intelligence. Il y a là, effectivement, une agression systémique contre l’intelligence, ou l’intelligence se trouve enfermée dans le système. Il y a unanimité sociale par abdication intellectuelle complète, cette abdication étant le produit direct de la corruption que nous décrivons, plutôt que d’une abdication de la pensée elle-même par servilité. Le résultat apparent est le même mais la contestation contre cette attitude doit être adaptée, et d’une manière différente de ce qu’elle serait contre une abdication consciente de la pensée par servilité.

    Les effets de cette corruption psychologique sont la perte du sens individuel de la responsabilité collective, facilité notamment par la perte des références courantes et puissantes de la responsabilité politique, morale, éthique.  

    Répétons-le: “Ces affirmations et ces arguments ont une solidité très faible en raison de leur caractère artificiel”, c’est-à-dire de leur automatisme fondée sur la seule corruption de la psychologie. L’emploi d’un langage critique employant une expression forte est un moyen de briser cette  résistance en accompagnant la pensée pour réagir à cet automatisme.

    Le langage qui introduit l’argument contraire à celui qu’impose la corruption de la psychologie par la psychanalyse et le marxisme peut effectivement avoir raison  de cet argument de contrainte et qui n’a aucune base intellectuelle et opérationnelle. Il s’agit d’opposer la force du langage construit à la force de la corruption, – force contre force, mais celle du  langage a pour elle la légitimité d’une conviction justement établie tandis que celle de la corruption psychanalytique et marxiste a contre elle, à présent,  la tromperie automatique qui l’impose en France depuis au moins 50 ans.

    Mettre a jour par la force du langage le caractère d’emprisonnement conformiste de cette psychologie corrompue donne une force très grande aux arguments ainsi exprimés. C’est à cette renaissance de la pensée que nous vous invitons. Cette renaissance seule capable de nous conduire sur le chemin du changement et des réformes qui nous permettrons de faire face aux défis que nous avons à affronter.

    Francis NERI

    Forum avril 2008



    [1] L'Ecole de Palo-Alto est un courant de pensée et de recherche ayant pris le nom de la ville de Palo Alto en Californie, à partir de 1950. On le cite en psychologie et psycho-sociologie ainsi qu'en sciences de l'information et de la communication. Ce courant est à l'origine du mouvement de la thérapie familiale et de la thérapie brève. Parmi les principaux fondateurs de ce courant, on trouve Gregory Bateson, Donald D. Jackson, John Weakland, Jay Haley et Paul Watzlawick. Bateson et son équipe lancent un pavé dans la mare de la psychiatrie, bousculent les modes de pensée traditionnels et jettent les bases de la psychologie moderne. Dans un retentissant article intitulé « Vers une théorie de la Schizophrénie », ils proposent une vision interactionnelle de la « maladie mentale » qui ouvre la voie à la thérapie familiale et systémique. Ce sont les fondements mêmes de notre conception de l'homme qui sont ébranlés puis reconstruits sur les concepts issus de la cybernétique et de la théorie des systèmes : information, contrôle, feed-back, niveaux logiques, paradoxes…

    [2] Alfred Korzybsky : La Sémantique Générale