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  • Réformes

    « L’adversité est l’épreuve du courage, il faudra sûrement encore beaucoup de courage politique. Il faut tenir la distance !

    Les grands Hommes ne sont jamais reconnus au moment où ils font de grandes choses, c’est seulement quand elle est achevée que l’on se rend compte de l’importance de la tache.

    Le gagnant dit « c’est difficile mais c’est possible » le perdant dit « C’est possible mais c’est trop difficile ».

    Propos d’un inconnu !

    La question est à présent posée : « Ce gouvernement doit-il poursuivre les réformes promises par le Président ? » 

    La réponse est oui, il est urgent de réformer ! Il est évident qu’elles doivent être poursuivies. Ce gouvernement sera crédible si elles sont appliquées, s’il y a du positif et si on met en évidence, les résultats. Pour cela il faut écouter, observer, communiquer. Ne cherchons  pas plus loin la raison de la défaite de la droite aux dernières élections. C'est leur électorat qui les a "lâché". Il est temps d'appliquer intégralement les réformes promises pendant la campagne présidentielle. Mais il faut aussi y mettre la forme !

    Les Français ont besoin qu’on leur explique pourquoi il faut changer et comment on va s’y prendre. Ils ont besoin d’être rassurés et  pouvoir constater que  notre gouvernement  ne prône pas que des mesures impopulaires, même absolument nécessaires.

    Les Français sont égaux mais il y en a qui sont plus égaux que d'autres, c'est-à-dire qui contribuent plus que d’autre à l’effort national. Il faut donc faire sentir que tout le monde est concerné, que les efforts sont partagés, que par exemple, les grands groupes qui font des profits considérables sont mis à contribution par la participation et la redistribution. Les magouilles doivent être dénoncées et punies, la réalité des dommages causés à l’économie par des « patrons voyous » doit être mise en évidence, n’en déplaise à certains amis du Président. Les médias, les institutions et la « société civile » qui déclarent à qui veut l’entendre que les grandes entreprises ont fait des millions de bénéfice alors qu'elles licencient et délocalisent doivent dénoncer  cette politique en action et mettre l’accent sur les PME qui sont la clé de notre redéveloppement. Il faut faire pression sur ce gouvernement pour qu’elles soient aidées. La crise des « subprimes » est aussi un exemple flagrant de désinformation car on ne dit pas la vérité aux Français à ce sujet et la chute sera d’autant plus dure.

    Les syndicats ne sont pas non plus sans reproches à l’exemple du scandale de la caisse du comité d’établissement d’EDF et de leur collusion avec un syndicat patronal. Il faut se recentrer sur les inégalités entre le patronat et les ouvriers, entre les privilégiés et ceux qui souffrent, sinon les réformes n'aboutiront pas et les français désespérés voteront pour n'importe quel autre pouvoir pourvu que leurs souhaits semblent être entendus ou quitteront un pays au sein duquel ils ne se reconnaîtront plus.

    Plus grave encore,  ils descendront dans la rue et détruirons nos dernières chances de nous entendre autour d’un projet commun de société. Les dernières élections municipales en sont un exemple flagrant. La responsabilité des politiques est très grande car, si le gouvernement et la majorité échouent, la désillusion sera catastrophique et la France ne sera plus réformable, les politiques plus écoutés et les projets ambitieux plus crédibles. Les opposants qui ne semblent pas avoir de « plan bis » dans leurs cartables feraient bien d’y penser.

    Il faut comprendre qu’il n’y aura pas de réformes et de changements sans la paix sociale et, qu’il n’y aura pas de paix sociale sans justice sociale. Les attitudes et les comportements du Président nous ont montré son absence de compréhension des sentiments, des émotions et des besoins des Français. Il manque de ce que l’on appelle « l’empathie », c'est-à-dire la capacité de ressentir ces attentes, de s’en emparer et de les porter, les réguler, les mettre en œuvre.

    Il faut espérer que ses « conseillers » et les membres de son gouvernement sauront  l’aider à réussir cette nécessaire mutation. Nous n’avons pas d’autre choix, pas de joker et le temps s’accélère.  

    Nous devons tous changer et vite,  le Président, le gouvernement, l’opposition et bien évidement nous même !

    Nous devons prendre conscience des réalités du monde et nous y impliquer si nous voulons exister demain. Nous sommes encore des hommes libres, mais si nous voulons le rester il nous faut changer.

    Les Français ont le sentiment que nous sommes dirigés par des énarques et des fonctionnaires bien dans leurs baskets et dans leurs fonctions et privilèges. Si cela est vrai, ils n’ont aucun intérêt à changer avec et pour nous.

    Notre liberté consiste à nous réformer avant que les autres ne nous réforment ou ne nous changent, il est grand temps de le faire et nous faisons quelques suggestions.

    Les priorités du moment sont pour l’essentiel  les suivantes :

    -dépense publique

    -pouvoir d'achat

    -retraite. 

    -sécurité sociale

    S’attaquer tout d’abord à la réduction des déficits et des dépenses publiques sans lequel il n’y a pas d’autres réformes possibles.

    Pour le pouvoir d'achat, les règles qui régissent les circuits de distribution sont à revoir, il y a trop d'intermédiaires qui prélèvent des marges énormes, alors que ceux qui produisent, les petits producteurs en particulier, n'ont pas, et de loin, les mêmes bénéfices. Nous expliquer comment et pourquoi en Allemagne les mêmes produits sont souvent 30 à 50 % moins chers qu’en France ? Ce pouvoir d'achat, doit être également mieux distingué, en différenciant parmi les achats, ceux qui sont vitaux (logement, habillement, nourriture, santé) des dépenses de consommation résultant d’un choix du « mieux vivre ». Par ailleurs, il conviendrait de différencier en matière de solidarité ce que sont les ressources, car peut-on comparer les moyens d'un ouvrier d'une PME ou TPE privée, d’un smicard, avec ceux d'un salarié d'une grande administration bénéficiant d'avantages sociaux (entre autres par les Comités d'Entreprise, voire les syndicats : vacances, loisirs de toutes sortes,  santé, complémentaires, logement) quand ce n'est pas la gratuité de l'électricité, du gaz, du transport etc.

    Tous les retraités devront être alignés sur les mêmes règles. Les caisses de retraite sont en faillite et non seulement on ne va pas vers l'égalité des systèmes mais on rajoute encore des inégalités. D’autre part, quand il n'y aura plus assez de "travailleurs" pour cotiser, qui paiera les retraites par répartition ?

    Réformer notre système de santé publique et de sécurité sociale également en faillite Quand il n'y aura plus de sous dans les caisses de la sécurité sociale parce que trop de monde au chômage ou au RMI, qui remboursera ? Quand il n'y aura plus de médecins ni de personnel infirmier, que l’on ne pourra plus payer, qui s'occupera des malades ?

    Et après…

    Renoncer à acheter la paix sociale en fabricant des assistés et des tricheurs toujours en plus grand nombre.

    Commencer par réformer l’école, notamment au collège où des générations d'enfants sont sacrifiées, embrigadées dans des projets pédagogiques idéologiques, instrumentalisés par trop  de professeurs et de chefs d'établissement syndicalisés et plus que jamais étrangers aux réalités sociables pour pouvoir y « préparer » nos enfants. Davantage expliquer et justifier certaines réformes sur l'organisation et l’administration scolaire, exemple: les suppressions de postes qui entraînent des fermetures de classes.

    Lever les très nombreux obstacles administratifs et économiques qui freinent les PME et TPE.

    Appliquer le "service minimum" qui est loin de ce que nous avait promis le candidat à la Présidentielle et correspond à un objectif de justice sociale, de droit des usagers et d’intérêt économique.

    Bien d’autres défis sont à relever par ce gouvernement et la tache peut paraître impossible, utopique, mais ne dit-on pas que l’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain ? Et puis si les énarques et les politiciens qui nous gouvernent ne veulent pas s’y atteler, faisons le à leur place en commençant par les remplacer.

    En attendant bonne chance à la France et aux Français. Demain leur appartient …s’ils le veulent !

    Francis NERI

    Forum mars 2008

     

  • Crise systémique mondiale : les conséquences

    Recueillir des informations, les vérifier, les rapprocher, choisir celles qui apparaissent les plus pertinentes, en développer les conséquences puis proposer des solutions, telle est la méthode de l’analyse systémique. C’est à ce petit jeu auquel que je me suis attelé et, j’en ai froid dans le dos !

    Les petites querelles de pouvoir de nos politiciens locaux et nationaux ne m’en paraissent que plus dérisoires !

    Je pose une question : que pouvons nous faire ? 

    Francis NERI

    Le problème : L’éclatement de la bulle immobilière a des conséquences catastrophiques sur le système général, c'est-à-dire planétaire.

    Premiers résultats de ce désastre : près de 2 millions de foyers américains expulsés de leur maison, 84 sociétés de crédits hypothécaires en faillite aux États-Unis, des milliers de licenciements dans les banques occidentales, l’irruption des fonds souverains chinois et arabes dans leur capital, et la récession aux États-Unis entraînant l’Europe dans son sillage.

    Déjà, en Europe, à la récession s’ajoute  une hausse des prix que personne ne peut maîtriser.

    Certains prétendent encore que la crise restera financière, en particulier le FMI. C’est une grave erreur d’analyse pour le moins surprenante.Tous les systèmes : financier, économique, social, écologique, culturel, cultuel etc. sont touchés et entraînés dans la crise.

    Il fallait s’y attendre. Au fur et à mesure que les dispositifs du « marché » s’avèrent incapables d’enrayer la crise systémique qui s’est révélée depuis l’été 2007, de plus en plus de voix se tournent vers les pouvoirs publics pour exiger qu’ils refinancent purement et simplement les faillites provoquées par les subprimes et autres produits structurés toxiques que les grandes banques et fonds d’investissement ont imposés depuis quelques années à l’ensemble du système monétaire international.

    D’ici la fin de 2008, nous allons assister à une formidable déroute de l’ensemble des fonds de pension de la planète, mettant en péril tout le système des retraites par capitalisation. Ce cataclysme financier aura une dimension humaine dramatique puisqu’il correspond à l’arrivée à la retraite de la première vague des baby-boomers aux Etats-Unis, en Europe et au Japon : les revenus des fonds de pension s’effondrent au moment même où ils doivent commencer à effectuer leur première grande série de versements aux retraités.

    En France, le Crédit Agricole, La BNP, La Société Générale, tous commencent à ressentir sévèrement la vague géante qui déferle. Des milliards d'euros partis en fumée, un marché immobilier bientôt effondré, une consommation atone, une paupérisation accélérée des classes moyennes des pays riches, des émeutes partout et une partie de bras de fer militaire et financière en cours entre des Grands qui ne circulent plus qu'en voiture blindée et ne raisonnent plus qu'en terme de raison d'Etat et de rapports de force autour des dernières ressources de la planète. 

    Et quelle planète ! Un immense camp de bidonvilles en surpopulation, avec quelques îlots de luxe fortifiés de ci-de là, et de surcroît en plein dérèglement climatique. Un univers à la John Brunner où le Soleil Vert vous guette. 

    Le problème vient avant tout de l'incapacité des forces vives mondiales à s'auto organiser pour proposer des programmes et des moyens de pressions et de contre-pouvoirs capables de réorienter efficacement les politiques sociales, industrielles et écologiques qui sont devenues d'une urgence absolue.

    Les ego, la rumeur, le clanisme tiennent encore lieu de stratégies à nos politiques alors qu'il y a déjà urgence absolue.

    Les dernières élections municipales en France démontrent amplement l’inconscience de nos politiciens de gauche, du centre ou de droite qui ne pensent qu’à une chose, récupérer ou conserver le pouvoir pour imposer leur réalité et accroitre leurs privilèges.

    Les prévisionnistes s'étaient trompés, ils s'excusent mais gardent les commandes en main car les maîtres d’un jeu qui leur a échappé n'ont pas intérêt à tout chambouler dans le consensus ambiant.

    La première question : Pourquoi ? Où plus exactement pour quelles raisons et comment il y a une telle dérégulation, un tel affaiblissement programmé des institutions.

    La globalisation est analysée comme « un système d’interdépendances multilatérales où les puissances émergente exercent une influence déterminante (rétroaction) sur les économies développées »

    Dans cet évènement, chacun, de l’emprunteur au trader est responsable. Chaque acteur a agi à son niveau au mieux de ses intérêts propres, sans ce soucier de l’intérêt général. Cette crise est le signe de la nécessité d’une rupture avec une conception de la société qui sépare les systèmes, les isoles les uns des autres et en premier les « systèmes humains » individus, groupes, espèces isolés et séparés de leur environnement. 

    Selon cette hypothèse, c’est aussi une décision qui met en évidence l’éclatement des pouvoirs et le repli de ces pouvoirs sur leurs propres intérêts. C’est une décision qui reflète la crise du système général planétaire en signifiant que les composants perdent le sens de la solidarité systémique au profit de leurs propres intérêts menacés par la situation générale.

    Dans ce cas, lorsque la crise éclate et ne peux plus être régulée, un (chaque) système prend la décision qui l’avantage, du point de vue technique et opérationnel, sans tenir compte du reste. Cela est une mesure de sa propre crise.

    Bien entendu, rien n’est fini de la crise financière. Et l’on y ajoutera les conditions économiques et sociales de crise qui pèsent aujourd’hui sur le système mondial (général).

    On savait déjà, sans le reconnaître, que la crise était systémique, mais les implications se matérialisent d’heure en heure. En effet, on craint qu’avec la faillite de Bear Stearns, une quarantaine de milliards de dollars investis dans les CDS (credit default swaps) tombent, provoquant l’effondrement de ce marché qui représente au niveau mondial pas moins de 42.000 trillions de dollars ! De quoi donner des sueurs froides à tout le système !

    Mais ce sont les déclarations de John Lipsky, délégué général adjoint du FMI, lors d’une conférence de l’Institut Peterson d’économie internationale à Washington, qui sont particulièrement inquiétantes : car il formule, pour la première fois explicitement, la proposition que des fonds publics, et donc les contribuables, viennent en aide au système financier à la dérive.

    Il faut « envisager l’impensable, » a-t-il dit, même si le scénario d’un effondrement du système financier mondial reste « improbable ». « Il ne fait guère de doute que les risques d’escalade de la crise s’intensifient et que des mesures déterminées soient nécessaires pour stabiliser le système financier et l’économie du monde. » Dès lors que « les solutions du marché ont été épuisées, » a-t-il continué, « nous devons garder toutes les options sur la table, y compris l’utilisation potentielle de fonds publics pour conforter le système financier ». « Le Fonds est également prêt à utiliser ses liquidités record, si nécessaire, pour aider à amortir [l’impact de la crise] sur l’économie mondiale. »

    La deuxième question va de soi: Et maintenant?

    La question est de tout les temps et renvoie à l’éthique : l’individu doit il « survivre » au groupe, le « groupe » à l’ensemble ? Et, au-delà poser la question de la survie de l’espèce humaine par rapport au système planétaire ?

    S'il n'existe pas une capacité politique de réguler ces questions au niveau transnational, alors on va vers la liberté totale, celle du renard dans le poulailler, du chacun pour soi et du sauve qui peut général. Nous avons besoin de redéfinir en d'autres termes cette capacité de régulation métanationale, d'où l'importance d'organisations telles que l'OMC ou celles qui sont liées aux Nations unies.

    La réponse politique doit donc être la suivante: à phénomène mondial, régulation mondiale. A crise systémique réponse systémique. Mais la question n'a même pas commencé à être posée.

    Le moment approche où soit les gouvernements décideront de faire appel aux propositions de Lyndon LaRouche et de Jacques Cheminade pour procéder à une réorganisation ordonnée du système monétaire international – mettant en faillite les instruments spéculatifs et sauvegardant toutes les activités productives de l’économie – soit les intérêts financiers tenteront de revenir au fascisme financier des années 1930.

    Pourtant, nous avons les moyens de mieux prévoir et de mieux gérer, y compris les effets pervers de nos projets, et ce dans tous les domaines.

    Dans Les Echos, journal de boursicoteurs avertis, http://www.lesechos.fr/info/analyses/4695756.htm Jean-Marc Vittori rappelle que la réalité, complexe et instable, ainsi que l'avait formalisé Mandelbrot, se moque des courbes trop lisses !

    Nous le citons : "Normalement, la crise du « subprime » n'aurait jamais dû arriver. D'ailleurs, il y avait une chance sur un million qu'elle éclate. Elle devait se produire une fois tous les 30.000 ans. Voilà ce que l'on entend parfois dans les salles de marchés ou les conseils d'administration. (...)

    C'est bien le modèle qui est en cause, un modèle qui remonte très loin. Au début du XIXe siècle, l'Allemand Carl Gauss émet une hypothèse sur la probabilité des erreurs de mesure à propos des mouvements des étoiles. (...) C'est une magnifique cloche : la probabilité d'un événement moyen est grande, la probabilité d'un événement extrême, dans la « queue » de la distribution, est infime. (...)

    Pourtant, au début des années 1960, un trublion, Benoît Mandelbrot, remet en cause le recours à la loi « normale ». Ce mathématicien a créé un étrange objet mathématique, les fractales, en observant une courbe des prix du coton.(...)

    Il conclut : «Le problème, c'est que Mandelbrot avait raison. La finance est « anormale » : elle ne respecte pas la loi de Gauss. Les événements improbables se produisent infiniment plus souvent que ne l'indique la « normalité »

    On voit bien que si on est dans les pires difficultés, c'est que "La Main Invisible du Marché " est aussi juste et précise que celle d'un chimpanzé fantasque à l'apprentissage.

    Pire, si l'on s'intéresse de près au monde militaire, on constate vite que sous l'ordre apparent, le chaotique et l'impondérable sont toujours prêts à faire déraper les opérations vers le pire, à savoir le génocide et le massacre au nom des belles intentions et des modélisations raisonnées du "retour à l'ordre".

    Cet ordre militaire, rassurant pour l'individu moyen au point que la presse régionale ne nomme plus la gendarmerie que sous cette appellation générique, "les militaires" donc, sont les meilleurs indices de la montée du désordre ambiant. Leur présence de plus en plus généralisée, de la cité aux gares, des ports aux aéroports, du Tchad aux côtes libanaises, de Villiers le Bel à Grozny, de Gaza à Bogota, indique que le risque de confrontation majeure reste entier aussi bien au niveau interne qu'international, malgré une apparente redistribution des zones de contrôle et d'influence négociées avec Moscou, Téhéran et Pékin.

    Et l'impondérable guette toujours de plus belle ! Celui qui a le doigt sur la gâchette peut se loger une balle dans le pied où enclencher une guerre nucléaire.

    Tout dépend du calibre et du lieu, l'arrivée de l'USS Cole au Liban laisse envisager la seconde éventualité, c'est pour tous les peuples du monde un pistolet braqué sur la tempe. Alors il ne nous reste qu'à prier les papillons de ne pas nous jouer un mauvais tour avec leurs effets en dehors des courbes lisses....

    Mars 2008

  • La quête du sens

     Bonjour,

    Encore un petit mot sur ce long voyage au Maroc au cours duquel, j'ai pu constater que la crise systémique mondiale de la communication qui ravage nos systèmes sociaux n'est pas irréversible. Les signes sont là avec l'espoir que comme les affluents régénérent un fleuve polué il en sera de même avec nos systèmes sociaux. Même au milieu des décombres une fleur peut repouser. D'où viendra le renouveau, le changement ? De la nécessité d'un deal occident/orient ?

    Bonne lecture !

    «  Les dieux n’étant plus et le Christ  n’étant pas encore, il y eut de Cicéron à Marc Aurèle un moment unique où l’homme seul a été »

    Marguerite Yourcenar.

    Notre jeunesse est pessimiste, soit ! Elle est abandonnée à des familles de plus en plus défaillantes, l’école comme l’université le sont également! Cette jeunesse semble être comme ses aînés, « aspirée » par la société de consommation et atteinte par le choc de la mondialisation. !

    L’Homme serait-il à nouveau seul ? Ses enfants ne croiraient-ils plus en rien, même pas en un futur possible ? Ou alors seraient-ils victimes d’une vision trop intellectuelle, explicative et rationnelle de leurs aînés, vision trop souvent faite de jugements de valeur et de préjugés et développée au détriment de l’écoute et de l’observation ?

    A force de promouvoir l’égalitarisme, le multiculturalisme, de remettre en cause le modèle républicain, nos valeurs, notre histoire et notre culture, bref de démotiver, de stigmatiser et d’isoler les jeunes générations, nous les avons persuadées d’une absence de futur, convaincu que seul le présent et la jouissance immédiate valaient la peine d’être investis !

    Et bien, nous les aînés avons fait fausse route !

    Nous avons voulu croire que nos enfants seraient structurés par des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et d’universalité sans que nous leur en montrions l’exemple.

    C’est raté ! Nos jeunes ne sont pas dépendants de la société de consommation, ils s’en servent. Ils n’ont pas peur de la mondialisation car ils veulent prendre leur part de la globalisation. 

    Ils aspirent plus que nous à la liberté de pensée, à la générosité. Leur approche des problèmes est affective, émotionnelle et empathique.

    Les jeunes, intuitivement le plus souvent, ne se laissent pas endormir par le système, bloquer dans les impasses des crispations identitaires, communautaristes ou corporatistes.

    Ils revendiquent et affirment des valeurs morales et éthiques, adhèrent au débat d’idée, à la responsabilité. Ils souhaitent un changement rapide et en profondeur. Pour cela, ils habitent l’espace et la vitesse, des lieux de vie, mais ils ne savent plus habiter le temps, leur histoire, et leurs aînés renoncent à leur apprendre.

    Ensemble, nous célébrons le monde multiculturel, mais c’est entre les générations que le fossé c’est creusé, que les ponts et les passerelles ont été détruites. Le temps quand a lui n’a plus de raison d’être.

    La vraie question qui se pose à leurs aînés, est de savoir s’ils veulent s’opposer ou accompagner ce changement, c'est-à-dire quel héritage ils souhaitent, veulent ou peuvent transmettre à leurs enfants.

    Concrètement, comment renouer ce lien intergénérationnel qui s’effiloche d’année en année ?

    Il n’est plus temps de se livrer à un exposé des valeurs et des bonnes consciences, mais passer de la compassion à l’action concrète.

    Les enjeux sociaux comme le pouvoir d’achat, le travail, la violence sociale, l’autorité etc. sont des conséquences. Elles tiennent à une nouvelle communication organisationnelle et intergénérationnelle.

    Les représentations, collectives, les croyances, les valeurs, la morale déterminent pour l’essentiel le développement économique, social, culturel  car il n’y a pas de système social qui repose uniquement sur des choix technologiques ou de gestion.

    C’est sur ce terrain là que va se jouer l’avenir de nos enfants, remettre l’homme au centre du débat, réinjecter de la vie, de la conscience, de la justice sociale dans la globalisation.

    Pour ma part, je considère que sur le plan méthodologique, rassembler les jeunes et les aînés sur un projet social qui met en valeur leurs compétences, leur complémentarité et leurs aspirations est la réponse la plus appropriée à ces problématiques. En effet :

    Toutes les activités intellectuelles diminuent avec l’âge et ce, de manière continue à partir de 25- 30 ans. Les chutes de performances les plus importantes surviennent à 70 ans puis à 90 ans.

    Globalement la mémoire décline donc avec l’âge.

    En revanche, la mémoire déclarative (nos connaissances), la mémoire procédurale (nos savoir faire) la mémoire rétrospective (les évènements passés), la mémoire prospective (les évènements à venir) ne se détériorent pas de la même manière, les processus d’encodage et de récupération peuvent être grandement améliorés par la fabrication d’images mentales à partir de la mémoire rétrospective (évènements passés).

    Plus l’information nouvelle est traitée profondément, plus il est facile de la rappeler ultérieurement.

    C’est la raison pour laquelle les projets, concernant les jeunes et les aînés, axés sur un travail de mémoire et sur l’actualité des « problématiques » jeunes, sont déterminants pour la santé des aînés, le dialogue intergénérationnel et la transmission des codes, des valeurs et des conduites sociales qui déterminent notre société.

    La mémoire autobiographique (les évènements qui nous sont arrivés dans notre vie personnelle) déclinent moins que la mémoire épisodique (les connaissances et les habiletés cognitives)

    Les projets que les jeunes et les aînés réalisent ensemble permettent de prendre des décisions communes efficaces.

    D’une part, les aînés ont des difficultés à mettre en œuvre des informations nouvelles alors que les jeunes n’ont aucune difficulté à raisonner sur un problème nouveau, à gérer la résolution des problèmes quotidiens et à maîtriser les nouvelles technologies.

    D’autre part, les jeunes ont de la difficulté à tirer partie des informations qu’ils n’ont pas personnellement mémorisés, pas plus qu’ils ne savent gérer, sans apprentissage cognitif, leur vie émotionnelle et affective par le contrôle des émotions.

    Aux deux parties il est essentiel de permettre l’acquisition et le maintien de compétences essentielles comme : la rapidité du traitement de l’information, de l’inhibition collective (ne pas prêter attention à des informations non pertinentes) et la capacité à rester concentré (attention focalisée)

    Pour conclure, je dirai que l’avenir des jeunes et des aînés dépend non seulement de la reconnaissance de leur complémentarité,  mais de notre capacité à miser sur la plasticité du système nerveux central et donc de la cognition, car contrairement à nos anciennes croyances, la cognition reste plastique du début à la fin de la vie.

    Mai 2006

    Francis NERI

    Educateur, formateur.         

    Bibliographie :

    Psychologie du vieillissement. Une perspective cognitive, De Boeck, 2005 de Patrick Lemaire et Delphine Gandini.

    Du désir au plaisir de changer : Françoise Kourilsky, Dunod

    La nouvelle communication : Grégory Bateson, Le seuil

    Sur l’interaction : Palo Alto, Paul Watzlawick, Le seuil