Ouvrir l’école à la ville
Un des objectifs majeurs de l’IESE est de promouvoir l’acte éducatif et socialisant dans sa globalité, soutenir la cohérence des initiatives, la mutualisation des pratiques et des moyens (objectif plateforme). Pendant les 7 longues années où la précédente municipalité s’est exercée à « la politique éducative et sociale » et même bien avant, nous n’avons eu de cesse de proclamer notre inquiétude devant l’inefficacité des méthodes et des moyens employés à la mise en œuvre de cette politique.
J’ai exhumé du fin fond de mon ordinateur le texte de mon intervention à une table ronde intitulée : « Ouvrir l’école à la ville »
Après examen, j’ai décidé qu’il n’y avait pas grand-chose à changer à son contenu. Je vais donc m’empresser de l’adresser aux opérateurs actuels de la Ville et de la CUS, au Rectorat etc.
Je suis très attaché au changement et par conséquence j’attends comme vous le changement de pratiques sociales en particulier au sein de la nouvelle municipalité et CUS. Je suis sans inquiétude, les lignes vont bouger ! Sauf que je disais exactement la même chose il y a 7 ans !
Je vous tiendrai au courant !
Table ronde « école, université, recherche »
Ouvrir l'école à la ville
Je remercie les organisateurs qui m’ont permis d’intervenir dans ce débat qui m’en rappelle un autre où j’exerçai mes « talents » d’animateur : le fameux Débat sur l’Ecole de Jules Ferry. Je parle bien évidement du Jules FERRY de 2004.
A la lecture des thématiques proposées dans cette table ronde, j’ai retrouvé l’essentiel des sujets de débats proposés à l’époque. Doit-on considérer que le temps passe et que rien ne bouge ? Je ne pense pas. En qualité d’éducateur et de formateur, de Président de l’Institut Européen de Socialisation et d’Education, je suis profondément impliqué dans les problématiques scolaires, péri et extra scolaires et j’ai constaté quelques changements.
De nouveaux sigles sont apparus, en particulier dans le paysage de l'éducation prioritaire : les REP (réseaux d'éducation prioritaire). Ce dispositif vise à une meilleure efficacité pédagogique, en intégrant un plus grand nombre d'établissements à la politique de l'éducation prioritaire. « Les ZEP concernaient des zones géographiques parfois très larges, d'où des fonctionnements lourds. Avec les REP, il s'agit de redonner à ces territoires une dimension humaine, et de nuancer les degrés de difficulté rencontrés par les établissements ». Si tous les établissements situés en ZEP font partie d'un réseau, d'autres, confrontés à des situations un peu moins difficiles ne sont classés qu'en REP.
Chaque réseau doit s'appuyer sur un contrat de réussite. Celui-ci insiste notamment sur la nécessité d'articuler temps scolaire et périscolaire. C'est pourquoi, le programme de relance de l'éducation prioritaire insiste sur le principe de l'implication de l'Éducation nationale dans la politique de la ville. « Des partenariats d'actions se mettent en place mais méritent d'être développés. L'acte éducatif doit être appréhendé dans sa globalité, en évitant une rupture entre ce qui se passe dans et hors l'école ».
Au croisement de l'éducation prioritaire et de la politique de la ville : le coordonnateur Il est un lien entre l'école, l'éducation nationale et la vie des quartiers. En tant que coordonnateur, il est chargé de participer à des réunions avec des associations engagées dans des actions éducatives périscolaires, pour soutenir la mise en cohérence des initiatives. Au début, ce n'est pas facile, souvent les acteurs de terrain n'ont pas les mêmes disponibilités. Quand les enseignants n'ont plus les enfants en charge, les intervenants des actions périscolaires sont pris, et inversement. Finalement certains réussissent à mettre en place un certain nombre de projets ensemble, qui ont permis de mieux se connaître et de faire le lien entre temps scolaire et périscolaire ». Le rôle de coordonnateur devrait être aussi, de faciliter la mise en relation entre enseignants et associations. « L'échange entre éducateurs, bénévoles et enseignants n'est pas toujours simple mais il est très riche. Il permet de confronter des regards différents, complémentaires concernant les enfants ».
. Les contrats éducatifs locaux : repris dans le cadre du Plan de Cohésion Sociale, ils marquent la volonté des acteurs de mettre en œuvre un dispositif global d'éducation sur les villes, associant les structures éducatives, culturelles, les centres sociaux et de loisirs… Dans ce cadre, le lien entre l'action culturelle, éducative et socialisante d'une ville et l'école est primordial pour faciliter l'accès aux équipements (bibliothèques, écoles de musique, associations sportives…).
. L'éducation à la citoyenneté : dans certains établissements, des fonctionnements et des dispositions nouvelles s'expérimentent pour la renforcer. « Des conseils d'enfants ou de collégiens réfléchissent, traitent des questions de la vie scolaire de tous les jours et prennent des responsabilités.
Des jeunes établissent en concertation avec les adultes, les règlements de vie dans l'établissement. Des formations des délégués de classe sont aussi mises en place ».
. La participation aux actions de prévention de la délinquance : « L'Éducation nationale a des choses à dire à la Protection judiciaire de la jeunesse, aux policiers municipaux, aux éducateurs des associations, mais elle a aussi des choses à entendre, encore faut-il pour cela se rencontrer, échanger et s'enrichir mutuellement. Faire venir les fonctionnaires de la Police Municipale dans son école pour travailler avec les enfants, participer au Conseil communal de prévention de la délinquance (CCPD), aux groupes d'élaboration des Contrats locaux de sécurité, aux CAP (Conseil d’Animation et de Prévention), aux Conseils de Quartier.
. La modification des relations entre les trois pôles de l’éducation : Actuellement, des transformations modifient la répartition des responsabilités entre les différents acteurs de l’éducation, ainsi de ce que les uns attendent des autres. Les malentendus ont tendance à s’estomper rapidement.
Il s’agit de créer des convergences entre les différents acteurs de la vie des enfants, pour l’essentiel : la famille, l’école et le secteur associatif qui prend enfin le relais de la rue.
Globalement, ces trois pôles ont tendance à s’organiser autour d’une fonction principale, d’un rôle et d’une tache à remplir : l’enseignement pour l’école, la socialisation pour le secteur associatif et la rue, la filiation pour la famille. (Voir C.E.L.)
La question qui se pose est de savoir si l’école n’a pas aussi une mission de socialisation, la famille et le secteur associatif une fonction d’enseignement et comment si c’est le cas établir une cohérence, un plan d’action et des projets de cohésion sociale à conduire ensemble ?
. Action publique et initiatives locales : Nos repères traditionnels ont été particulièrement ébranlés ces dernières années. Droits, devoirs, famille, nation, universalité des valeurs etc. Est alors apparu un sentiment d’impuissance et de culpabilité collective. Un sursaut éducatif et socialisant nous apparaît comme indispensable et urgent, ainsi qu’un recentrage sur ces fameuses valeurs universelles, revisitées à l’aune de la mondialisation et qu’il nous faut promouvoir
Le travail en partenariat est devenu une nécessité quotidienne absolu ne serait ce que pour regrouper des moyens éducatifs qui se raréfient.
Regrouper des acteurs appartenant à des institutions différentes, avec des rôles et des statuts différents, intervenant sur un même territoire, auprès du même public, permet de relier des mondes qui habituellement s’ignorent. Là est notre meilleure chance et, même si de grands progrès restent à faire sur le plans des concepts à finaliser, des méthodes à élaborer, des financements à rentabiliser, je suis convaincu que l'éducation, la socialisation, la prévention sont des facteur déterminants de lutte contre l'exclusion et d'insertion. Il est important d’identifier, de valoriser et mutualiser les expériences et pratiques positives pour nourrir les projets et donner envie d’agir ensemble. L'école, les collectivités locales, les institutions décentralisées, doivent avoir à ce sujet une position forte, incitative, motrice. Nous espérons tous qu’il en sera ainsi.
Merci de votre attention.
Francis NERI
24 02 06