Le bon stress
J’avais promis à certains de mes correspondants une suite à : « La gestion du stress ». J’avais fait quelques travaux à ce sujet durant ma « carrière » d’Educateur Sportif » Un ami m’avait fait parvenir un ouvrage du Dr Hans Selye aujourd’hui épuisé que j’avais « égaré » au fin fond de mon ordinateur. Ah ! Ces machines. Un bon technicien m’a permis de le retrouver ainsi que ces thèses tombées dans l’oubli hélas ! J’ai pu vérifier que mon approche correspondait modestement à la sienne. Aussi j’ai pensé utile de vous la communiquer.
Bien cordialement !
«D'un point de vue neurologique l’expression des émotions, une activité intense, constituent une véritable révolution. Il n'y a rien de mieux pour le cerveau ».
Les compétences sociales se diversifient, l’individu est plus calme, plus conscient et plus manœuvrant. Il fait davantage confiance. La nature nous donne ce qu'il faut et entre autre, la capacité de méditer. Est-ce une forme d'intelligence? Probablement. En tout cas, l’expression des émotions, l’affect et l’empathie ne rendent pas débile, au contraire.»
Plongé dans un bain d'hormones endogènes et soumis à des expériences émotionnelles intenses le cerveau se transforme physiquement. Il développe de nouveaux neurones et circuits pour affronter un environnement plus exigeant. « Dans l'histoire animale, le cerveau est programmé pour assurer la survie, trouver de la nourriture, se rappeler où celle-ci se trouve, s'assurer que l'endroit est sécuritaire et éviter les prédateurs».
«Chez le rat, il est constaté que les sens sont plus aiguisés durant la compétition alimentaire, sexuelle et lors des contacts sociaux intenses, tandis que sa mémoire et ses capacités d'apprentissage sont améliorées. L’animal résiste mieux au stress, tout en étant plus courageux et plus habile ». Les compétences sociales - ou intelligence émotionnelle - seraient aussi augmentées. Il en est de même chez l'humain.
«Du jour au lendemain, je suis devenu très organisé, capable de faire 20 choses à la fois affirme une personne acquise à la « gestion du stress » et la méditation. Je suis plus productif au bureau, je gère mieux mon temps. Quand je vis un pépin au bureau, je relativise.»
C’est l'emblème de notre intelligence organisationnelle. Les effets sur le cerveau sont accentués « On peut s'imaginer que, lors d'un premier cycle de changements et d’adaptation, des modifications s'opèrent dans un circuit. Une trace reste, le corps est rodé pour un deuxième cycle. C'est un peu comme le système immunitaire: après avoir combattu un virus, certaines cellules en gardent la trace pour y répondre plus rapidement et plus efficacement s'il revient. Chez l'humain, il y a aussi une dimension cognitive. Celui qui est déjà passé par là sait que le « moteur » ne se cassera pas.» Il réagit plus vite aux sollicitations de son environnement, produit plus d’endorphines, dort mieux, est moins stressé.
Mieux outillé pour toujours? Probablement ! Il a été observé des progrès en apprentissage et mémoire chez des rats. Chez l'humain, ça équivaut à 80 années! «Les individus de 80 ans ont moins de risques d'Alzheimer et leur cerveau semble en meilleure santé», soulignent les chercheurs.
Figurer parmi les meilleurs gestionnaires, être moins stressés et plus productifs? Possible, mais pas sûr ! «Les changements au niveau du cerveau sont favorisés et maintenus par la hausse d'hormones Ils sont latents, ils disparaissent après l'effort intense et se manifestent seulement lors d'une nouvelle tension. Après, on revient plus ou moins à la normale».
Alors continuité et entraînement ? Bien évidemment !
«Le cerveau ne se transforme pas dans l'optique de faire un meilleur employé de bureau, un leader performant, mais il est possible de tirer avantage de son « nouveau cerveau » dans plusieurs sphères d'activités.
On parle alors d'effets secondaires, de compétences transversales». Si les témoignages sont éloquents, les preuves manquent. Pour ma part, j’en suis convaincu: l’affectivité, l’activité bien régulée et diversifiée, la capacité de se relaxer et de méditer[1] rendent les gens plus intelligents, plus humains et il restent en meilleure santé.
Une hypothèse qui se vérifie d’ailleurs de jour en jour: l’activité sportive, si peu intense soit-elle, ne procure t-elle pas de semblables aptitudes ?
[1] D’après Mathieu Ricard une personne entraînée à la méditation "pouvait modifier durablement sa plasticité cérébrale". "Est-ce dû à un renforcement des connexions existantes ou à la constitution de neurones ? Nous ne le savons pas. Ce qu’on peut dire, c’est que le cerveau se modifie grâce à un enrichissement intérieur et volontaire, et ce à l’âge adulte."