Reconquête bis
L’ancien clivage gauche -droite qui a structuré la vie politique française est dépassé.
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L’ancien clivage gauche -droite qui a structuré la vie politique française est dépassé.
Chère Marine,
Lors d’une première lettre ouverte, j’avais expliqué pourquoi la valorisation, par le FN, de certains thèmes gauchistes (par exemple, la thématique syndicale, ni vraie ni fausse en elle-même, du « manque de moyens ») était une stratégie contre-productive. Dénoncer, comme le font les syndicats, le manque d’effectifs de juges ou de policiers sans stigmatiser l’inversion des valeurs ahurissante qui sévit à présent dans les institutions répressives de l’État revenait à un coup d’épée dans l’eau ; pire, cela revenait à faire le jeu de la gauche, qui s’est spécialisée dans l’exaltation de ce genre de thématiques. Certes, très souvent, vous avez rectifié le tir, vous recentrant sur vos fondamentaux (qui, je le confesse volontiers, sont aussi les miens).
Cette deuxième lettre ouverte ira plus loin. Car la situation française, sous la vague rose, n’est plus simplement grave ; elle est, à peu de choses près, désespérée.
Je ne vous connais pas personnellement, chère Marine, mais je fais partie des six millions cinq cent mille électeurs qui votèrent pour vous au premier tour. Je suis par ailleurs donateur du Front national de mon département. Vous-même connaissez personnellement des cadres et des militants du mouvement Riposte Laïque Résistance Républicaine, et certains de nos camarades, tel Fabien Engelmann, ne se sont jamais cachés de leur double appartenance à RR et au FN. Bref : nous sommes nombreux dans nos milieux, qui avons suivi passionnément ces élections, et qui vous espérions au second tour. Or, force est de constater que ce fut un fiasco de première, et je m’en suis d’ailleurs exprimé quelques instants après les résultats.
Le fait que le seul programme patriotique d’envergure (je passe sur ce brave Dupont-Aignan qui m’a toujours fait l’effet d’un bras cassé) se soit vu reléguer à la troisième place, c’est-à-dire à rien du tout, je dis bien à rien du tout au second tour, m’a fait l’effet d’une douche froide, et je ne fus pas le seul douché.
Se posait dès lors le problème crucial du report des voix au second tour. Je fus certes, moi-même, comme bien d’autres, tenté par l’abstention, car les patriotes n’aiment pas à choisir entre deux mondialistes. Puis, je finis par me rallier à la position de Christine Tasin, qui appelait dès les premiers instants à voter Sarkozy. Et c’est bien là que se situe le fond du problème : même si la droite UMP avait passé près de cinq ans à vous insulter, il fallait, la mort dans l’âme certes, mais il fallait, dis-je, appeler à voter pour le Président sortant. En répondant aux insultes de l’UMP par une dénonciation constante et mécanique de Sarkozy, en laissant entendre à la frange naïve de votre électorat qu’Hollande, en Président calamiteux, vous livrerait les Législatives sur un plateau, en omettant de signaler à quel point le discours sarkozyste, en matière d’islam, d’insécurité et d’immigration fut juste et courageux, même si les actes n’ont pas suivi, vous avez en quelque sorte ruiné votre propre montée dans l’estime électorale des Français.
Car cette stratégie, infantile, de la politique du pire, repose sur un postulat totalement faux, furieusement naïf : qu’un pouvoir usurpatoire et pervers va, tout naturellement, s’autodétruire. Au contraire, un pouvoir usurpatoire et pervers, une fois qu’il est en position totalitaire, bien loin de s’éteindre, ne fait que se renforcer. Et le Parti Socialiste vient de passer le point de bascule. Sachez, Marine, si vous ne l’avez pas encore compris, que la gauche totalitaire qui vient de prendre le pouvoir contrôle désormais toutes les institutions importantes qui permettent de vous détruire, et de détruire des mouvements comme le nôtre : justice, police, presse, éducation, enseignement supérieur, intellectuels…
Du temps de Sarkozy, ce système claudiquait encore. La gauche contrôlait presque tout, mais pas tout. Quant à Sarkozy, il était contraint, périodiquement, de populariser, de valoriser vos thématiques, de peur de voir s’échapper son propre électorat vers le Front National. Du coup, en cherchant à sauver l’UMP, il faisait votre jeu, celui de vos idées, celui de nos idées. C’est lui qu’il détruisait en cherchant à recoller ses morceaux, pas vous. Aujourd’hui tout est changé. La gauche contrôle tout, possède les moyens du pire lessivage de cerveaux de tous les temps. Même chez les patriotes, il y en a qui trouvent à présent des vertus à Hollande, c’est tout dire, et d’autres qui tremblent à l’idée de publier un texte un tant soit peu mordant. La droite UMP, elle, a perdu tout moyen réel de diffuser les concepts patriotiques. L’UMP n’est plus au pouvoir, Marine, il faut vous le rentrer dans le crâne ! Comme dit le poète, cet heureux temps n’est plus, tout a changé de face. C’est fini les grandes déclarations de Sarkozy, non suivies d’effet, qui vous permettaient d’apparaître en femme providentielle qui, elle, aurait un jour le courage d’appliquer des idées fermes ! Aujourd’hui, rien, Marine : RIEN. Vous n’aurez plus en France que des déclarations d’amour à la diversité, au métissage, à la créativité des banlieues… L’UMP continuera d’aboyer un peu, certes, mais avec un ton de voix qui est celui des perdants, des révoqués, des fantômes. Les foules sont idiotes, elles ne reconnaissent point ce qui est vrai et juste, elles encensent celui qui a le vent en poupe, fût-il le pire, en espérant tirer quelques miettes de s’être rangées à temps du « bon » côté.
Certes, la première partie de votre plan a réussi. L’UMP va probablement imploser, se casser en deux ou trois parties. Une partie va vous rejoindre, une partie va devenir socialiste, un dernier tiers enfin va naviguer à vue, donner dans la farce, en vous volant des effets d’annonce sans la moindre intention d’application. Ces deux dernières parties de l’ancienne UMP resteront vos ennemies jurées. Mais tout ce fatras ne fait en aucun cas un succès aux Législatives ! Votre plan aurait pu fonctionner dans un scrutin proportionnel… Mais avec le scrutin uninominal à deux tours ! Mettons que les roses fassent 30 %, les bleus 25%, et les bleus marine 23 %. Chic, la droite est majoritaire ! Mettons qu’il y ait des triangulaires. Eh bien, on en revient au scenario des cantonales : jolie percée du FN au premier tout, mon Général, et au second tour, pfuit plus rien ! En clair, de plus en plus d’électeurs, de plus en plus de militants, et toujours strictement aucune représentation.
Bien sûr, dans l’absolu, la politique du pire peut avoir ses vertus. Un peuple viril eût conclu le premier tour des Présidentielles par votre élection à la majorité absolue. Un peuple un peu moins viril aurait bricolé un deuxième tour sismique Sarkozy-Marine, ou, à défaut, Hollande-Marine ; nous y avons cru, d’ailleurs, nous-autres ! Mais un peuple comme celui de 2012, Marine ! Un peuple où l’homme-masse, l’homme de la servitude volontaire, de la mollesse, de l’ignorance, de la lâcheté, du masochisme… représente l’immense majorité des voix ! La politique du pire ne peut fonctionner avec ce genre de peuple… L’homme-masse choisira forcément les pires. Allez dans une salle des professeurs, Marine, et écoutez-les : leur servilité, leur crétinisme ! Et quand on songe qu’ils forment la jeunesse…
Bref, au lieu de ce discours triomphaliste un peu ridicule avec lequel vous accueillîtes les résultats du premier tour, en vous félicitant de vos pourcentages… d’éviction, en étalant votre intention de voter blanc, en donnant toute latitude à votre électorat sur le vieux thème rance du tous-pourris ni l’un-ni l’autre, il fallait faire éclater le slogan décisif « Tout sauf la gauche en 2012 » ; il ne fallait surtout pas laisser croire à certains de vos électeurs qu’un pouvoir de gauche allait servir, à son corps défendant, vos intérêts. Du reste, cette stratégie du pire n’a pas convaincu tous vos électeurs. Une bonne moitié a rompu avec votre consigne d’indifférence, et s’est reportée sur Sarkozy, pour barrer la route à la peste totalitaire rose-rouge (et verte). Mais en vain.
Oui, c’est à ce moment-là qu’il fallait jouer un beau coup ! Stigmatiser l’inaction de Sarkozy, mais rendre hommage à son courage et à la justesse de ses propos. Ne jamais laisser entendre que Sarkozy fût un menteur. Sarkozy n’a pas menti ; il ne tient pas ses promesses, c’est tout différent. Il y eut une erreur philosophique au sein de votre discours : une promesse non-tenue n’est pas un mensonge, les deux concepts se ressemblent, ils ne sont pas identiques. Sarkozy n’a jamais menti à son peuple ; lorsqu’il a dénoncé le communautarisme, la racaille, l’ultra-violence, l’islamisation, l’immigration échevelée, l’inversion des valeurs, il n’a pas menti. Il a dit la vérité. Il a été le seul Président en exercice a oser dire, à ce point, la vérité, le seul dans toute l’histoire de la V° République. Le rad-soc Chirac, à côté de lui, fut lamentable avec ses « filles et fils de la République » pour qualifier les émeutiers de 2005. Et cette vérité du discours, il fallait la reconnaître, il fallait la reconnaître jusqu’au bout, même en la personne d’un Président qui, parfois, vous insultait. Il fallait montrer la vérité jusqu’au bout, cette vérité nue et crue selon laquelle Hollande est pire que Sarkozy, pire, infiniment pire, objectivement pire, parce que la gauche, elle, est ennemie de la vérité, lorsque la droite ne fut ennemie que de l’action.
Un pouvoir ennemi de l’action est malade. Un peuple ennemi de la vérité est mort. Le 6 mai 2012, il vous appartenait encore de faire triompher les ennemis de l’action contre les ennemis de la vérité. Vous avez malheureusement fait tout l’inverse, et je ne suis pas sûr que le pays s’en relève un jour.
Je rédige ma lettre alors qu’il est déjà trop tard sans doute. J’ai cependant la vanité de croire que vous pouvez encore vous en inspirer quelque peu. Et sauver quelques meubles aux Législatives. Et peut-être contribuer à sauver une France qui, désormais, est à l’agonie.
Très respectueusement.
Avec les salutations désespérées d’un militant qui n’y croit plus qu’à peine.
La maison s’écroule.
On entend frapper les horloges de la mort.
Jacques Philarcheïn