Démocratie, humanisme et spiritualité
Bonjour,
Aprés une absence de cinq semaine au Maroc à Agadir, ou j'ai rencontré des personnes passionnantes et passionnées, j'ai pensé qu'il était bien de vous communiquer un point de vue déjà ancien, mais qui me semble d'une brûlante actualité.
Bien cordialement !
Il est une question que je me pose sans cesse depuis un certain nombre d’années, c’est celle de l’incompréhensible faiblesse de la chrétienté qui, à part quelques exceptions notables comme l’Abbé Pierre, Mère Térésa ou sœur Emmanuelle, à semble t-il, cessé d’investir le terrain du social, voire du sens, au profit des messianismes temporels tels que le communisme, le fascisme et à présent l’islamisme radical.
Qu ‘est devenu le prêtre ouvrier de mon adolescence, rencontré sur un chantier des années 50 où je travaillais comme manœuvre maçon et qui avait si bien compris, puis orienté positivement ma révolte, face à la précarité des conditions de vie, de logement du monde ouvrier de cette époque ?
Les choses ont bien changées, les prêtres n’habitent pas les citées à présent construites, nos églises se ferment, d’autres s’édifient mais elles nous sont par trop éloignées. Alors, nous ramons tous dans le noir à la recherche d’un sens qui prend une importance particulière dans nos sociétés, sans jamais que cela aboutisse à du « sens commun ».
Que valent nos réponses devant ces fascismes rouges, bruns et maintenant verts qui nous débordent périodiquement et qui révèlent la faiblesse et l’impuissance de nos démocraties ?
Qu’est devenu cette « Parole » qui est à la base du monde occidental ? Y a t-il encore quelqu’un pour la « revisiter » et la renouveler ou faudra t-il se lancer dans la confusion mentale et à corps perdu dans le messianisme des « religions » du « nouvel âge » poussant à accroître le pouvoir sur les autres? Mieux encore, peut-être pourrions-nous nous convertir à l’Islam, puisque cette religion pense pouvoir redonner du sens à notre existence par la rigueur et la vertu de ses préceptes.
Plus prêt de nos aptitudes, n’est-il pas temps de retravailler dans la critique à partir de l’héritage humaniste, religieux et laïque qui est notre pour inventer d’autres formes de vie institutionnelles et collectives où l’individu se retrouve, cet individu à réhabiliter par l’emploi de sa conscience et de sa responsabilité ?
A ceux qui sont engagés dans la promotion de nos valeurs humanistes et judéo-chrétiennes, ne faut-t-il pas rappeler que leur offre se doit de répondre aux besoins, parfaitement identifiés, que les institutions établies n’ont pas toujours été capable de satisfaire, tant leur attention est fixée sur les besoins matériels de consommation que chacun reconnaît pourtant comme étant impossibles à assouvir. Dans cette immense et mortelle bataille engagée, où les préventions n’ont plus de sens, le front entre la civilisation et la régression passe par nos écoles, nos journaux, nos familles, nos courants culturels et… individu par individu.
Ceux qui s’évertueront à traiter de ces questions vitales doivent savoir qu’ils ne s’adressent plus à une communauté rassemblée tant bien que mal autour des mêmes principes, mais à une foule dissociée, révoltée, revendicative ou fort peu de monde est prêt à entendre le moindre message incitant à l’effort et à la réforme, que la demande soit adressé à l’individu, aux groupes sociaux ou à la collectivité.
Que faire alors devant des individus, ou des groupes, qui semblent, pour la plupart, n’avoir ni patrie, ni culture, ni langue, ni religion, ni idéologie pour fabriquer du « vivre ensemble » ?
Dans quelques années, au train ou vont les choses, si certaines formes d’immigrations ne sont pas mieux contrôlées, et si nos valeurs humanistes et judéo-chrétiennes ne sont plus investies, en ressources morales, spirituelles et politiques, l’avenir démocratique de l’Etat Français sera compromis.
Ceux qui ne veulent pas rester indifférents devant notre agonie démographique et culturelle, la corruption ou l’impuissance des élites et l’anomie des peuples, devront élaborer des normes sociales nouvelles dans l’incertitude et le risque moral, car il n’y a pas de solution miracle à énoncer, mais des problèmes à résoudre qui, une fois résolus entraînent l’apparition d’autres problèmes.
Nous disposons pour cela d’une arme absolue, qui devrait nous permettre de ne pas sombrer dans la barbarie, c’est l’éducation, la formation et la culture.
Pour parodier une célèbre réplique : « le XXIeme siècle sera éducatif et culturel ou ne sera pas ! » Educateurs et formateurs occupez le terrain et tenez bon à vos postes, en pensant peut-être aux hussards noirs de la IIIeme qui eux n’ont pas cédé et ont créé un monde sans pour autant renoncer à leur héritage !
NERI Francis
22 12 03