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L'ordre du monde

La crise systémique mondiale nous place devant un choix fondamental qui engage l’avenir de notre espèce, un défi que nous ne pouvons faire autrement que de relever.

Je dénonçais dans une chronique précédente le « Désordre du Monde ». Je considère que du désordre peut naître un ordre différent, un nouveau palier dans l’organisation planétaire.

L’approche systémique me semble être l’outil privilégié pour appréhender le « Nouvel Ordre Mondial » se mettant douloureusement en place, et en atténuer les conséquences dramatiques.

Cette approche est mise en évidence par quatre concepts fondamentaux :

1.       L’interactionentre les éléments d’un système est l’action réciproque modifiant le comportement ou la nature de ces éléments. La relation dite de rétroaction, ou de feed-back  (effet en retour sur la cause) dans laquelle une action de B sur A suit une première action de A sur B qui a été mise en évidence par la cybernétique  (rétroaction positive ou négative, compensatrice ou régulatrice) 

2.       La totalité : Le système est un tout non réductible à ses parties. «  Je tiens pour impossible de connaître les parties sans connaître le tout non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties »[1]

3.       L’organisation : Elle est le concept central de la systémique. C'est-à-dire un agencement de relations entre composants ou individus qui produit une nouvelle unité possédant des qualités que n’ont pas ces composants. La systémique appliquée à l’organisation en examine les deux aspects généralement séparément : un aspect structurel et un aspect fonctionnel. Le premier est généralement représenté sous forme d’un organigramme  tandis que le second pourra être décrit dans un programme. Selon l’objectif recherché, la systémique mettra l’accent ou la priorité sur l’un ou l’autre de ces deux aspects sans cependant perdre de vue leur complémentarité.

4.       La complexité : La logique cartésienne nous avait appris à simplifier tous les phénomènes en éliminant l’inconnu, l’aléatoire ou l’incertain. La complexité tente d’appréhender la totalité car la complexité est partout et dans tous les systèmes.

Il est bon de ne pas faire l’amalgame entre complexité et complication, la complexité d’un système dépend à la fois du nombre de ses éléments et du nombre et du type de relations qui lient ses éléments entre eux.

L’analyse systémique apparaît donc bien comme l’élément clé de l’approche « Projet » et indispensable dans la résolution des problématiques des systèmes complexes que constituent nos organisations en interaction. 

Osons changer pour changer le monde !

Cet appel au changement que je formulais en appelant à la résistance, de quoi est-il fait exactement ?

Le changement dans les organisations, c’est le changement dans les relations en premier.

Une personne ne peut changer, à moins que le contexte relationnel dans lequel elle vit ne change également.

Pour obtenir un changement dans les comportements, la prise de conscience d’une problématique n’est pas essentielle, Elle est proportionnelle au niveau de conscience sociale des acteurs. En effet, les acteurs à l’esprit simple et pratique, sont déconcertés par une approche conceptuelle, étant donné qu’ils veulent de l’action et des résultats.

Les acteurs intellectuels préfèrent la conceptualisation des problèmes mais ils retardent généralement le changement dans les comportements réels. En conséquence, nous ne nous contenterons pas de suggérer ou de préconiser des changements, mais aussi une approche fractale et interprétative pour répondre aux deux attitudes.

Pour transformer un système, commençons par faire évoluer ses pratiques sociales, c'est-à-dire ses modèles d’interaction qui fonctionnent mal. Il s’agit avant tout de réorganiser la structure des relations au sein d’un groupe pour parvenir à la résolution rapide des problèmes.

Partons de ces postulats de base :

On peut transformer un système, une organisation, modifier des pratiques, plus difficilement des individus

Pour un individu, le changement s’inscrit dans un contexte, un lieu et un temps, elle change, si ces éléments évoluent.

La prise de conscience est proportionnelle au niveau de conscience sociale des acteurs.

Pour transformer un système, il faut faire évoluer ses pratiques sociales 

Il faut réorganiser la structure des relations au sein d’un groupe pour parvenir à la résolution rapide des problèmes.

Et nous en tirons les conséquences :

Pour remettre le monde en ordre, il faut le « réorganiser », ou encore, en agencer différemment les fonctions.

Ce qui est à remettre en ordre, ce n’est pas les individus, leurs attitudes et leurs comportements, cela doit être assumé et assuré massivement par l’éducation, la formation et la socialisation. Ce à quoi il faut s’attaquer par l’action de terrain, c’est aux pratiques des systèmes « monstrueux » qui nous gouvernent.

Je considère que pour être efficace, il faut choisir une « entrée évènementielle », attraper un bout de la ficelle en sachant que « le reste » viendra avec.

Pour cette action de terrain, couplée impérativement, je le rappelle, avec une action d’éducation à l’écologie du monde, il faudra agir à partir d’une « recherche d’évènements » à situer en permanence dans le « global » de l’intervention écologique radicale, selon la fameuse formule « systémique » : agir localement, relier globalement.

Il convient de choisir judicieusement les évènements de sensibilité écologique sur lesquels il faut réagir et agir ensemble, leur donner des priorités par exemple :

Mercredi 9 juillet 2008 !

Toyako. Les 16 principales économies de la planète, industrialisées et en développement, se sont accordées mercredi au Japon sur une réduction à long terme des émissions polluantes, mais sans apporter d'autre précision sur le calendrier ou leur ampleur.

Transports. La Commission Européenne a adopté un ensemble de mesures visant à rendre les transports plus "écologiques" dont une révision de la directive "Eurovignette" donnant la possibilité aux Etats de faire payer aux poids lourds le coût de leur impact sur l'environnement.

Aérien. A compter de 2012, le principe du pollueur payeur s'appliquera aux compagnies aériennes opérant dans l'Union
Le Parlement Européen vient de voter un projet de loi qui les oblige à intégrer le système de bourse des émissions de CO2.

Nucléaire. Un rejet accidentel de 30 m3 d'effluents contenant 12 gr d'uranium par litre s'est produit mardi à Bollène (Vaucluse) sur le site de la centrale nucléaire du Tricastin, mais il ne présente pas de risque sanitaire immédiat, selon les autorités nucléaires.

Marina Petrella

Nicolas Sarkozy demande la grâce de Marina Petrella, mais confirme qu'elle sera extradée
Nicolas Sarkozy a indiqué mardi avoir confirmé à Silvio Berlusconi la décision de la France d'extrader Marina Petrella, tout en sollicitant sa grâce. Une position dénoncée par l'avocate de l'ancienne membre des Brigades rouges, qui a regretté cette "pirouette" du Président français.
De son côté, la Ligue des Droits de l'Homme a dénoncé dans un communiqué l'annonce de Nicolas Sarkozy, estimant qu'il "invente la sous-traitance humanitaire".

Nous avons conclu que l’action «écologique » devait intégrer la diversité et la globalité, que l’on agissait par l’action sur les pratiques et par l’éducation, la formation et la socialisation sur les individus.

Pour ma part, j’adhère au concept d’approche systémique pour l’éducation, la formation et la socialisation

A travers ses contenus et ses pratiques, l’IESE entend privilégier l’approche systémique comme référence méthodologique de base.

Cette approche vise à englober la totalité des éléments observés et/ou vécus, ainsi que leurs interactions et leurs interdépendances. La systémique permet de renforcer deux dimensions essentielles du Projet IESE :

  • par sa lecture pluridimensionnelle des faits, l’approche systémique permet de mieux penser l’interdépendance et la complexité des enjeux au sein du système global.
  • Cette approche propose une modification radicale de la manière de penser à "l’Occidentale" en encourageant une gymnastique de la pensée qui permet de sortir des solutions monolithiques et des schémas de cause à effet trop simplistes.

La systémique nous propose aussi une certaine philosophie de l’engagement car l’observateur n’est jamais dissocié du système, il en fait partie intégrante. Ainsi, la prise de conscience de l’interdépendance entre les éléments d’un système, et notre place en son sein, induit notre responsabilité pour tout acte posé.

Comment intégrer ces deux aspects dans un projet « politique » rassemblant les diverses sensibilités du changement ?

Je suis à l’écoute de vos propositions 

Francis NERI

09 07 08   

 



[1] Pascal

Commentaires

  • Bonjour, cet "ordre du Monde" est à méditer. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi en ce 21ème siècle où toutes les notions que vous développez sont de plus en plus évoquées :
    interaction, inter-relation, totalité, dans notre monde en apparence hyper organisé et qui dit vouloir tendre vers la globalité dans la solidarité, etc., dans la présentation des problèmes mondiaux, nous nous comportons globalement de plus en plus irresponsablement et aveuglement, même devant l'évidence des effets vécus collectivement. Un seul exemple : Tokyo, 2050 réduction des causes de l'effet de serre de 50 %. Où serons-nous dans 15, 20 ans ?

  • Bonjour,

    La réponse est dans votre question ! En effet, l'Homme a la réponse. Je pense même qu’elle est inscrite en lui, mais c'est autre chose que de la mettre en oeuvre et, comme toujours c'est la terrible pression de nécessité qui, si elle ne nous détruit pas, nous permettra de rebondir. L’univers semble indifférent à nos « petits » problèmes Peut-être aussi, que dans un futur lointain une autre espèce s'interrogera sur notre rapide disparition. Les fourmis ou les chiens ? Je parierais plutôt pour les fourmis, les insectes sont plus résistants !
    Oui, comme vous l'indiquez, les problèmes sont bien connus, mais ils ne sont qu'évoqués. Alors: dans quinze ou vingt ans dites vous ? Personnellement, j'aurai peut être franchi la frontière et je serai en compagnie de Jonathan ! Mais mes enfants vivront de plein fouet la crise globale et, ce ne sera pas beau à voir. Alors pour eux et pour tous les enfants du monde, je me dis "qu'il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre". Alors je "dénonce"et je fais ce que je peux pour sensibiliser, éduquer, former et socialiser. J'essaie également de rassembler ceux qui semblent "en éveil", mais devant l'inconscience des uns et des autres et les "corporatismes " de tous, ce n'est pas une mince affaire!
    Bonne chance à vous et merci pour votre intervention !

    Francis NERI

  • Jonathan Livingstone ???
    Tout là haut dans le ciel ?

  • A propos ordre du monde, avez-vous regardez le film qui fait un buzz sur internet Zeitgeist (vous le trouverez sur video.google.com). A prendre avec un esprit tres critique, mais qui permet de mieux cerner les contraintes qui font que notre système fonctionne ainsi (religion, manipulation politique, monnaie aliénante)

    Le fonctionnement du monde, que certain liberalistes qualifieraient de "naturel"
    - la loi de Pareto sur la distribution de la richesse
    - la loi du plus fort en économie,
    - la constante poursuite de la croissance du PIB, autant créatrice de valeur et de travail, que de déchet et de mal-être

    dépend à mon avis fortement de nos meta-systeme (monnaie, organisation pyramidale de la société) et de la structure memetique de notre société.

    Ainsi, l'espoir réside:

    à la fois dans des projets comme l'OpenMoney, qui vise à décentraliser l'emission de monnaie, comme aujourd'hui l'information grace à internet ou l'energie grace au micro générateur renouvelable, ceci contruibuant à aplatir la pyramide en réseau

    et une prise de conscience faisant emerger une intelligence collective grace à la propagation d'une nouvelle structure memetique. Et à cela vous contribuer, à votre échelle, grâce à ce très interessant blog.

    Dans la spirale dynamique, les étapes suivant la société individualiste basée sur la réussite personnelle est une société tournée vers la communauté, puis une société individualiste avec une conscience systémique. Nous ne pouvons qu'espérer que cette théorie soit fondée et que ceci soit bien l'orientation que prenne notre société afin de savoir s'adapter aux défis qui se présentent !

  • Bonjour,
    Je n’ai pas grand chose à ajouter à votre commentaire qui réussi à synthétiser en quelques lignes ce que je m’évertue à « construire » depuis de longues années. En plus, vous m’orientez vers un site vidéo que je ne connaissais pas encore et un film que je viens de voir et qui m’a fort impressionné. Merci infiniment !
    Deux remarques toutefois : La première concerne le film et là encore je salue votre réserve et votre esprit critique (le jugement négatif EST le sommet de la conscience) Rester critique et sortir de nos conditionnements. Trouver l’arbre qui se cache derrière la foret !
    La seconde découle de la première : La relation de l'homme à son espace, celui qu’il construit (préciser espace ?) nous entraîne dans les sciences du virtuel, de l'inachevé, de la complexité, de l'émergence où les phénomènes ne sont pas déterminés. Le passé, le présent, l’avenir sont-il un ou des espaces mythiques intersubjectif ? La pensée créatrice, l'émergence de la parole, le sentiment du sacré, le mythe, la littérature semblent devenir autant d'objets improbables que nous créons ou impossibles pour les sciences expérimentales. Le 9.11, la crise systémique globale existent-ils vraiment ? Certes, l'espace existe par la langue et la parole qui le créent. Mais, l'espace est-il aussi physique, matériel, utopique et même métaphysique (indépendant du sujet ?) dont la représentation échappe à la seule clôture linguistique : ces espaces déterminent les croyances comme des variants, aux contours, sans cesse différents. La réalité est donc une utopie, un espace que nous déconstruisons ou reconstruisons selon l'environnement, le lieu, que nous sommes capables de produire et d'y inviter nos contemporains. Il est donc nécessaire que la pensée contemporaine s'ouvre sur de nouveaux horizons.( quelles créent ?)
    Sommes nous capables de créer de nouveaux espaces, de nouvelles représentations, bref de recréer des mondes nouveaux ?
    J’ai fait un petit tour sur votre blog (j’y reviendrai) et je vais le conseiller à mes amis !

    Francis NERI

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