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La crise est systémique !

L’accès facile au patrimoine immobilier, aux biens de consommation durables ou pas, avait fait de chaque citoyen qui en bénéficiait un privilégié, même modeste. Il était alors plus enclin à soutenir les politiques de libéralisation, à accepter l’autorité de l’État et le soutient aux politiques de solidarité sociale, concernant avant tout les « assistés ».

A présent, les salariés s’élèvent contre les détenteurs de patrimoine, les assistés contre les travailleurs, nous vivons l’individualisation générale des rapports sociaux. La séparation des classes moyennes et défavorisées est en place.

Cette politique, qui faisait du lien social par l’accession à la propriété et à la consommation, qui voulait généraliser le crédit hypothécaire a donc échouée.

Cette politique consistait finalement à faire accepter une nouvelle façon de vivre en tant que propriétaire, fût-ce par un financement artificiel et bancal, de travailler, de façon précaire, et de consommer, à crédit. C’était le modèle américain, qui heureusement, n’a pas eu le temps de se développer en France, malgré les efforts du Président qui en cela, à mon humble avis, a été mal inspiré en voulant le promouvoir.

Si cette crise est une réplique classique de surproduction d’un produit de consommation, financier, immobilier, c’est son ampleur et sa diversité qui en fait un phénomène sans précédent. La lecture de la crise et ses interprétations sont désormais l’enjeu d’une bataille idéologique, culturelle et cultuelle dont nous ressentons tous les effet et dont nous subissons tous les conséquences. Même et surtout si nous n’en saisissons pas les mécanismes complexes, nous devinons tous que nous ne pouvons nous cantonner au registre des mesures techniques nécessaires pour répondre à l’urgence première, mais qu’il nous faut aller au delà.

Selon cette lecture convenue, ce serait bien le système de l’économie financière, économique et globale lui-même qui serait vicié, dans ses normes et règles de fonctionnement. Il peut sembler alors nécessaire et suffisant de remettre de l’éthique dans les institutions financières, de les contrôler plus étroitement, d’interdire leurs pratiques les plus répréhensibles, les parachutes dorés, par exemple, pour qu’elles puissent redémarrer sur de meilleures bases, et permettre au cours des choses de reprendre rapidement.

Mais ce ne sera pas nécessaire, car insuffisant.

Que la soi-disant « régulation » consiste en une socialisation des pertes aux dépens des contribuables n’a visiblement pas ébranlé les citoyens, sinon quelques hommes de gauche nostalgiques du grand soir révolutionnaire.

Faut-il refuser cette politique de socialisation des risques, d’absorption sans contrepartie des pertes du privé ? Cela a t-il quelque chose à voir, tant sur la forme que sur les objectifs, avec une politique de régulation et de contrôle ?

Faut-il alors, et comment, revenir à « l’économie réelle » ? C'est-à-dire à une politique industrielle classique, en réfléchissant parallèlement au retour d’un certain protectionnisme, voire du dirigisme étatique.

Bien qu’assez partisan de ces mesures, je considère qu’aucune ne s’interroge sérieusement, au préalable, sur les conditions historiques, politiques, idéologiques, culturelles, voire cultuelles de production de la crise.

On efface tout et on recommence, voire avec les mêmes. Probablement, ferons nous « un peu plus de la même chose ».

Comme toujours nous traiterons séparément la cause et l’effet, laissant bien loin de nos conceptions, les liens et les rétroactions entre les éléments car nous sommes incapables de les maîtriser.

Les cadres dirigeants licenciés et indemnisés seront vite remplacés par d’autres. Les règles que l’on dictera au système seront vite dépassées ou contournées, si une volonté politique forte ne les impose pas et ne les contrôle point. Enfin, comment peut-on sérieusement distinguer et imaginer séparément finance, économie réelle et contexte, alors que le développement, dont se nourrit l’industrie et la croissance, nécessite des levées de fonds toujours plus importantes, des énergies de plus en plus considérables et des hommes de moins en moins nombreux ?

Comment peut-on repartir sur des bases nouvelles et reconstruire ?

Il apparaît de plus en plus évident que nous irons « au bout de la nuit » car nous sommes face à un système global dont les sous systèmes en crise parviennent en période de rétroaction positive, c'est-à-dire l’addition et l’addiction à des facteurs néfastes, dans le même temps, le même espace et le même contexte.

La conflagration est certaine et ce n’est plus qu’une question de temps. Le processus est engagé et, tout au plus, peut-on encore en atténuer les effets.

Pour trouver une réponse appropriée, il y a lieu de considérer trois éléments distincts auquel il faut faire face tout en se disant que ce ne sont que des conséquences.

1) Une crise financière qui appelle des changements draconiens des systèmes de régulation et de contrôle des marchés financiers.

2) Une tendance économique et sociale, tributaire de la conjonction des crises, lourde de conséquences. A savoir :

L’épuisement du cycle de croissance des trente dernières années

La crise démographique

La crise énergétique et des matières premières.

La crise environnementale

La crise alimentaire

3) Une réalité économique et sociale développant, dans le monde occidental, la précarisation du travail et la déconnexion du revenu et du salaire, au profit de revenus complémentaires à risque et individualisés (crédits, bonus ...).

De cette décentration de la finalité découlent un éclatement du corps social (renaissance des classes sociales), du sens collectif et une montée confirmée de l’individualisme, mais aussi des replis communautaristes et ethniques. D’où le rejet des politiques de solidarité, la perte de sens de l’impôt comme instrument de justice et de répartition, et la défiance envers les services publics

Nous vivons actuellement la première de ces conséquences : une chute de l’investissement et de la croissance. Préparons nous à une terrible récession. Mais quelles seront son ampleur et sa durée ? N’allons-nous pas sacrifier le social pour faire renaître l’économique, l’environnement et la biodiversité à la production ? L’avenir de nos enfants à notre présent immédiat ?

Que faire, face à la dépréciation des patrimoines, la perte de confiance des investisseurs, des actionnaires, des travailleurs et des consommateurs ?

Considérons même que la confiance revienne, que ce cap soit franchi. Que faire avec les travailleurs pauvres, les assistés qui ne le seront plus, les pays du Tiers Monde, qui ne renonceront pas à procréer, et à tous ces immigrants qui voudront une petite part de ce gâteau brusquement et considérablement rétréci ?

Considérons les trois piliers de la croissance économique de ces dernières années : L’innovation technologique, le marché, le financement.

L’innovation technologique, ne sera probablement pas employée massivement, si l’on envisage de mettre volontairement un frein à la croissance ainsi que le proposait déjà dans les années 1970 le « club de Rome ». Possibilité d’autant plus improbable que cette régulation de la croissance, si elle ne se fait pas par l’auto régulation, c’est la cruelle loi « naturelle » qui s’en chargera, à commencer par les bouleversements climatiques.

Les « marchés » vont demeurer quelque temps : l’Europe, la Russie, les Etats-Unis, le Japon, et les « Emergeants » l’Inde, la Chine et le Brésil, mais ils se heurteront à la réalité de cette « rétroaction » planétaire.

Tous nos savants pronostiqueurs actuels l’ignorent d’ailleurs avec un mépris manifeste soit par méconnaissance, soit pas peur du gouffre insondable qui s’ouvre sous nos pas, et en particulier, la possible incapacité de financement résultante de la crise financière.

Mais ce n’est pas tout, la crise mondiale globale et totale n’est pas limitée aux finances il faut y ajouter ou plus exactement la relier à :

  • La crise énergétique à venir avec l’épuisement des énergies fossiles.
  • Celle des matières premières épuisables à moyen terme.
  • De l’explosion démographique incontrôlable pour des raisons plurielles.
  • D’une crise alimentaire sans références connues en raison de l’onde récessive et des aléas climatiques.
  • D’une crise environnementale qui condamnerai la planète à l’épuisement à brève échéance.
  • D’une crise sociale telle que des guerres civiles peuvent se déclencher à tout moment entre ceux qui possèdent, et veulent conserver leurs acquis, et ceux qui n’ont rien et veulent « consommer enfin »

Nous ne sommes donc pas prêts de rebâtir, dans les années qui viennent, des politiques de solidarité et de redistribution efficaces. Tout l’enjeu est de réunir les éléments d’une nouvelle gouvernance « globale », qui devrait démarrer au plus vite et sauter par-dessus cette crise écosystémique totale imminente.

C’est ce que permettra la définition d’un nouvel ordre productif mondial régulé et fermement orienté qui ne pourra exister qu’avec un régime autoritaire, qu’appuiera une « classe moyenne » capable de soutenir une politique très dure pour les moins bien lotis, et où les libertés individuelles vont se restreindre.

Je vous souhaite bonne chance pour l’avenir et de vous retrouver du bon côté du manche !

Commentaires

  • Bonjour Francis,

    Une rupture du tendon d'Achille ne m'empêche pas de répondre à ton blog d'une manière shématique car je ne peux rester trop longtemps devant l'ordi.

    Pour ma part et je le sait depuis 2002, tous les évènements qui apparaissent dans nos journaux sont volontaires et d'autre sont à venir.

    Mais revenons au début. Il y eu la vapeur et l'industrie. La surproduction lié à ces technologies demandaient des consommateurs pour se débarrasser de ce surplus.

    Les crises de 36 et 73 sont voulues par les magniats du pétrole, il suffit de lire, et je le conseille, "La face cachée du Pétrole" d'Eric LAURENT aux éditions PLON pour en être convaincu.

    Que ce passe-t-il de nos jours :

    Simplement que les industries n'ont plus besoin de consommateurs, par contre ils sont très demandeurs d'esclaves. Comment réussir à y parvenir :
    - Créer des crises hypothétiques
    - Créer l'inquiétude de l'avenir
    - Amener les plus démunis (travailleurs tout de même) à la propriétés. Car lorsque l'on est endêtté jusqu'au cou, l'on ne risque plus de quitter une place qui ne nous convient pas et l'on se plie au moindre désir de son entreprise quitte à accpeter une reduction de salaire tant que l'on peut payer ses traites.

    Eh oui, nous vivons l'époque de l'absurdité où les gens ont oublié les lois, le respect des autres et la solidarité. Chacun pour soit et Dieu pour tous. Pas étonnant que nous arrivons à ce cauchemar, encore que tout n'est pas fini, le pire est à venir. Ma grosse question actuellement est Comment vont réagirent les gens lorsqu'ils vont apprendre qu'en 2012, au plus tard, il n'y aura plus d'essence pour le réservoir de leur voiture. Pourtant des solutions existent pour emplacer le pétrole, mais je ne vois rien se faire (dire que je ne suis même pas spéaliste et que j'en ai trouvé les solutions sans changer de voiture). Il faut dire que le livre cité plus haut m'avait vraiment fait peur. Donc pour ma part, des gens mal intentionnés se foutent de nous.

    De quel manche tu parles, celui que l'on essaye veinement de faire tenir et qui est pourri de partout depuis plus de 20 ans ?

    Pour ma part, je trouve scandaleux ces 345 milliards apportés aux banques pour éviter une crise financière qui n'était pas prévu en FRANCE dans l'immédiat. Mais ça m'a donné l'idée de donné 1€ à ma banquière, chaque fois que je vais la voir, car les banques de nos jours font vraiment pitié Mais que que font les ONG ?
    Pour être un peu plus sérieux, il faut tout de même dire la vérité : Les banques volent les pauvres, pas les riches et il est donc absurde de penser, ne serait-ce qu'un instant qu'ils aient été dans une crise réèl car ce sont bien eux les responsables de subprimes que je sache. Tous ces pauvres qui avaient accés à la propriété et s'en sont retrouvé dépossédé après avoir payé plus de 3 fois le prix de leur maison. C'est bien les banques qui en ont profité, pourtant ils semblent manquer d'argent.

    Nous sommes tous pris pour des imbéciles, mais, après tout, ne le cherchons nous pas un peu.

    En attendant le pire, Portez vous bien

  • Bonjour,
    Chouette article auquel j'adhère entièrement, c'est génial de penser globalement et de façon systémique (où tout est dans tout, et où chaque élément interpénètre chaque autre).
    Cependant, permettez moi de n'être pas aussi péssimiste, je n'en ai pas le droit vis à vis de mes petits enfants.
    Je pense que nous nous situons dans situation aussi importante que la découverte du feu, l'invention de l'agriculture ou la révolution industrielle, mais il s'agit de tout autre chose.
    La vitesse du changement est fulgurante, on ne s'en rend pas compte, il y a 20 ans nous n'aurions pu discuter sur internet, cela n'existait pas.
    A part quelques énergumènes, la plupart des gens en occident se rendent compte qu'on peut plus continuer ainsi, et au fond d'eux même, ils se demandent vers quoi il faut aller.
    Aujourd'hui, ce sont les dettes qui font l'épargne , en d'autres termes, l'épargne n'existe que si les dettes peuvent être remboursées http://vimeo.com/1711304
    http://ploutopia.over-blog.com/
    En fait, ce sont les endettés qui ont le pouvoir mais ne s'en rendent pas compte faute d'informations qu'on leur cache , mais surtout de formation. Si le système n'est plus capable d'offrir aux endettés la possibilité de rembourser, le système s'écroule et c'est à cela que nous assistons. Vous savez, je considère cela comme une libération, comme quelque chose de salutaire. Nous allons pouvoir nous mettre au travail de réflexion et créer quelque chose de différent.
    Alors quoi?
    Mettre en route un développement capable d'améliorer le bien être de chaque homme en consommant de moins en moins de matières premières et d'énergie, c'est techniquement et socialement possible (question de créativité)
    Pour cela, il faut créer de la monnaie gratuite (sans intérêt) pour cet objectif et qui sera détruite lorsque celui-ci sera réalisé.
    Comment réaliser la trnsition avec le système exsistant qui agonise à l'instant? Là j'avoue que je coince un peu, si vous pouvez m'aider c'est pas de refus.
    Ceci dit, je peux me tromper du tout au tout.... si on m'en montre la preuve!

    Michel

  • Oui, vu sous cet angle, votre point de vue se défend. ABSOLUMENT !!!
    Mais moi j'aime tant la Nature, et sa biodiversité que je continuerai à la défendre... avec l' association que j'ai créée, il y a 16 ans, pour des personnes comme moi. Défendre un bout de Garrigue contre les promoteurs....Et oui cela parait vain et ridicule, mais aucun raisonnement ne m'empêchera de le faire ....
    Amicales salutations

  • Bonjour Aurore,

    Non ce n'est pas vain, bien au contraire et, si vous m'envoyez un bulletin d'adhésion, c'est avec plaisir que j'adhèrerais à votre association. J’aime moi aussi la Provence et la Garrigue et je sais qu'il faut la défendre. Voyez vous je suis persuadé que c'est de la "base" que tout repartira.
    Aurore de Provence vous nous donnez la réponse !
    Face à la crise qui sera longue, rude et cruelle, les dirigeants occidentaux en appellent à une «refondation du capitalisme». Une façon comme une autre d’admettre la profondeur de la crise, tout en tentant de prévenir adroitement de probables explosions de mécontentement.
    Bref, nous allons payer très cher la réparation très provisoire de leurs erreurs et de leurs fautes.
    Mais cette crise d’un système devenu incontrôlable à force de dérégulations massives déborde largement la finance et l’économie pour contaminer tous les secteurs.
    En cela, elle a toutes les caractéristiques d’une crise écosystémique globale. Cela signifie également que les réponses actuelles sont inadaptées. A crise globale, il faut une réponse globale et c’est loin d’être le cas. Un coup pour rien, mais ce rien n'est pas joué, nous sommes là !
    Loin d’être une expression de vitalité et de dynamisme, les excès spéculatifs des financiers et des économistes sont le signe d’une perte de repères, dans tous les domaines et en particulier culturel. Le signe d’une situation aberrante où les valeurs marchandes ont conditionnés les valeurs esthétiques. La culture, l’art, la religion, l’écologie, comme l’économie et la finance marchent sur la tête droit vers la crise globale.
    Elle est désormais bien là. Cette crise globale n’est pas seulement une crise économique et financière, énergétique ou alimentaire, mais une crise esthétique de la morale et de l’éthique elle-même, qui devront, elles aussi, être retrouvées sinon refondées.
    Il n'y a, a mon avis, pas d’autres issues possibles, le refondement de l’éthique, de la morale et de l’esthétique sont nos sources du renouveau.

    Bon courage Aurore !

    Amitiés

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