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écologie radicale - Page 3

  • L'animal non-humain et la société schizophrène.

    Bonjour à tous,

     En réponse à ma dernière chronique Gérard m'a fait parvenir ce texte. Il est intéressant à plusieurs titres, que je ne vais pas développer ici. Il en est pourtant un qui m'interpelle de plus en plus : c'est celui de la société « Bisounours ». Je ne sais plus d'où vient l'expression, mais elle me plait bien car elle est juste à mon sens.

    La société bisounours, c'est celle des bons sentiments, mais nous avons compris avec la crise écosystémique que finalement rien ne se faisait avec de bons sentiments et en particulier l'économie et la sauvegarde de l'environnement.

    C'est en tout cas une information qu'il me semble urgent de communiquer et de rappeler, car si nous comptons sur l'éthique et les bons sentiments, sur l'idée que l'essentiel est de pratiquer « l'auto régulation », de moraliser les acteurs économiques sociaux ou culturels, de punir les méchants banquiers et de récompenser les gentils entrepreneurs, les écologistes vertueux et les politiciens honnêtes, nous nous exposons à de cinglants déboires.

    L'écologie radicale n'est-elle faite que de bons sentiments ? Je vous laisse le soin d'en juger !

     L'animal non-humain et la société schizophrène.

    Une minorité de contemporains nourrit une approche rationnelle de l'animal non-humain, approche empathique, pour les uns, approche négationniste, pour les autres : d'une part, 5%  d'écologistes éthiques se définissant, selon leur style littéraire, biocentristes, véganistes, anti-spécistes, écologistes radicaux autres : d'autre part, 5% d'adeptes de l'animal machine, chasseurs, amateurs de tauromachie, tortionnaires en tous genres.

    Cela ne fait jamais que 10% de la population.

    Pour 90% des « braves gens », l'incohérence règne dans cette zone floue de l'Histoire, entre une société qui disparaît et un monde nouveau non encore advenu.

    Le contemporain modal caresse son chat et son chien qu'il fait soigner amoureusement et avec lequel il tisse un lien affectif fort. Ce citoyen ne saurait tolérer un acte de cruauté et même de simple violence contre un animal de compagnie ou un beau cheval. Il serait offusqué par les scènes de brutalité que les conducteurs de fiacres des siècles passés infligeaient à leurs bêtes.

    Ce citoyen ne pourrait plus égorger le mouton et le porc et l'horreur des abattoirs doit lui être dissimulée pour ne point troubler sa conscience et effrayer ses enfants.

    Mais, achetés au super-marché, la viande de l'élevage industriel et les œufs de poules en batteries, voire le foie gras et le « gibier », ne le rebutent nullement.

    Il y a loin entre l'enfer concentrationnaire de l'élevage, le sang de l'abattage, l'effroi de la bête qui va mourir et le consommateur propre sur lui et tranquille dans son émotion épargnée.

    Il sait, bien sûr, mais préfère ne plus y penser.

    Le citoyen basique s'interposerait s'il voyait un chien se faire battre à mort dans la rue mais il se résigne bien vite à ce que perdurent chasse et corridas, qu'il n'aime pas, mais qu'il tolère pour ne pas s'attirer la malveillance des adeptes de ces loisirs pas très délicats.

    Le citoyen basique est schizophrène face à l'animal non-humain.

    Il a intégré que l'animal est un être sensible, que chaque individu d'une espèce possède sa personnalité, que l'animal n'est pas une chose mobile et il adapte son comportement en lumière de cet acquis éthique.

    Mais, par commodité, par habitude, par conformisme social, par lâcheté ordinaire, il ne s'insurge pas encore contre les actes de cruauté que perpétue la minorité des tortionnaires, ceux qui considèrent la bête comme une marchandise ou un objet de défoulement pulsionnel de violence.

    Cette schizophrénie du corps social se traduit dans les lois et règlements.

    Le droit protège désormais l'animal et la plupart des législations et constitutions proclament son caractère sensible et le respect qui lui est dû à ce titre.

    Le fait d'exercer des sévices contre un animal de compagnie sera puni mais les lois ignorent l'animal sauvage qui ne bénéficie d'une protection que via son espèce lorsqu'elle disparaît.

    Le chien est un être sensible : très bien. Mais, le renard, ne l'est pas !

    C'est que le droit reflète les incohérences d'une société et le jeu des groupes de pressions contraires.

    Ne serait-il pas temps de guérir et d'entrer en cohérence.

    Puisque l'animal non-humain éprouve la souffrance qui doit lui être épargnée  et le bien-être auquel il a droit, il convient d'harmoniser son statut tant en éthique qu'en législation.

    Cessons de protéger la sensibilité de l'homme atteint dans sa quiétude par des spectacles cruels et dégradants pour accéder à une protection de l'animal non-humain pour ce qu'il est : un être sensible.

    La première étape sur cette voie passe par l'abolition des modes ludiques d'agressions contre le vivant : chasse, tauromachie, jeux divers impliquant des animaux.

    Dans un second temps, la société plus responsable, plus éclairée, s'élèvera à une réconciliation avec le vivant à laquelle, à ce jour, sont parvenus les meilleurs des humains.

    La schizophrénie est une psychose lourde exigeant un traitement à long cours.

    Puisque nous allons loin, mettons-nous en chemin immédiatement et parlons fort et clair à nos contemporains sans pusillanimité comme sans outrance.

    L'essentiel est de marcher vers une société sans cruauté.

    Chasse et torture tauromachique ont pour causes la tradition, pour fondement l'ignorance de ce qu'est un être vivant doté d'un système nerveux, pour moyen la pression politique, pour complice la lâcheté des planqués du juste milieu, pour buts la perpétuation de la cruauté primaire, pour effet la banalisation de la violence et pour devenir l'abolition.

    Gérard  CHAROLLOIS

  • L'animal et l'éthique.

    La chronique qui suit n'est pas de moi. C'est un ami écologiste qui me l'a adressée en réponse à mon article : l'identité en débat. Une excellente façon de me rappeler que l'animal fait partie de notre identité. 

    A titre personnel, j'ai adhéré  à son association d'écologie radicale. Je m'en suis retiré lorsque j'ai constaté l'étroitesse de pensée de certains de ses membres pour lesquels hors de la gauche la plus radicale, point de salut. Et je ne parlerais pas de leur haine de tout ce qui ressemble à de la religion. Certains d'entre vous se souviennent des insultes proférées à leur encontre à ce sujet.

    Alors pour quelles raisons je ne mets pas tout ce petit monde dans le même panier ?

    Tout simplement parce que je considère que Gérard Charollois est un homme digne d'intérêt, que la cause qu'il défend est juste et que son projet est grand. Sur le fond comme sur la forme, avec lui, on peut discuter.

    Je ne suis pas d'accord avec nombre de ses positions, et vous constaterez à la lecture de certains passages que j'ai signalé en gras, italique et parfois souligné que je « m'interroge ».

    Je pense que certains termes, comme anthropomorphisme ou société écologique, sont à redéfinir et à préciser  et qu'il ne faut pas confondre sensibilité et sensiblerie.

    Mais je ne veux pas troubler votre examen. Faites moi part de vos observations, nous en discuterons ...si vous le voulez bien, selon la formule consacrée !

    Francis NERI     

    L'espèce humaine qui croît et se multiplie sans frein et en toute bonne conscience, s'avère infernale pour l'animal et toxique pour la Nature, dénommée aussi biodiversité.

    Par commodité, par habitudes ancestrales, par cupidité et paresse intellectuelle et morale, par sadisme, l'homme contemporain ne parvient guère à s'émanciper de la conception absurde de l'animal machine, l'animal chose, l'animal marchandise, l'animal défouloir des pulsions de mort.

    Le Droit, sous-produit de la morale et de l'état des connaissances d'une société, reconnaît timidement le caractère sensible de l'animal soit dans des lois, comme en France le 10 juillet 1976, soit dans des constitutions et des traités internationaux.

    Néanmoins, le droit positif français perdure à considérer l'animal comme un bien meuble, un objet fut-il mobile par lui-même.

    Le principe étant posé du caractère sensible des animaux, les législateurs s'empressent d'assortir les normes juridiques d'innombrables dérogations aboutissant à nier le principe.

    Ainsi, en France, si les actes de cruauté sont prohibés sous peine de sanctions correctionnelles, les « courses de taureaux et combats de coqs » sont admis dans les localités pâtissant d'une tradition non encore interrompue.

    L'animal de compagnie ou tenu captif est sauvegardé en tant qu'être sensible, mais l'animal sauvage subit les tirs, les piégeages, les enfumages de terriers, comme si un renard souffrait moins qu'un chien.

    Le moindre groupuscule de pressions de l'arriération morale obtient d'un législateur docile et méprisant pour le peuple, des dérogations négationnistes du caractère sensible de l'animal.
     
    Le principe n'est affirmé que pour rendre l'hommage du vice à la vertu.

    En apparence, la condition animale s'améliore.

    Nombres de contemporains, frustrés de nature et de vie sauvage, partagent leurs logements avec chiens ou chats, tissant avec ces compagnons des liens affectifs de grande qualité.

    Notre époque ne supporterait plus les mauvais traitements qu'infligeaient naguère les cochers aux chevaux dans les rues des villes, mauvais traitements qui heurtant la sensibilité publique amenèrent les premières lois de protection des animaux (loi GRAMONT 1850).

    Mais, inversement, l'élevage industriel, cupide et âpre à l'instar de la société marchande, réduit l'animal à une réification absolue.

    Des groupes de pressions interdisent toute évolution des législations concrètes, soit au nom des traditions, soit au nom du profit.

    Ce monde demeure un enfer pour les animaux, révélateurs par leurs martyrs de deux grandes tares de l'animal humain : la cupidité et le sadisme.

    La cupidité explique l'élevage concentrationaire où volailles, porcs et bovins subissent des conditions de vie immondes. C'est ici la course au profit, à la production maximisée qui se révèle dans toute son horreur.

    Le sadisme explique les loisirs et jeux dans lesquels les animaux servent de victimes expiatoires, tels la chasse et la tauromachie.

    Nul ne peut ignorer cependant l'unité profonde du vivant.

    Les similitudes anatomo-physiologiques observables dès les siècles passés se trouvent confortées par les analyses génétiques contemporaines.

    Penser que l'humain est d'essence différente des autres formes de vies relèvent de l'obscurantisme, de la déraison, du mythe, d'un ridicule orgueil.

    L'humain n'est que l'animal doté des meilleures capacités cognitives, au même titre que d'autres espèces s'illustrent par leurs performances à la course, au vol, à la nage, au sens de l'orientation.
    Existent, pour tout paramètre de performance physique ou psychique, des différences de degrés pas de nature.

    Fonder la supériorité ontologique de l'humain sur les autres espèces sur ses capacités reviendrait à générer des discriminations entre les humains eux-mêmes en fonction desdites capacités fort disparates.

    Dès lors que l'enfant en bas-âge, le vieillard sénile, le débile profond ne possèdent  pas ces capacités qui font le propre de l'homme, faut-il leur dénier tout droit, toute dignité ?

    Faute d'un critère tenant aux aptitudes, il pourrait être répliqué qu'un humain demeure un humain quel que soit son état mental.

    La dignité tiendrait alors à l'appartenance à une espèce.

    Dans ce cas, pourquoi ne pas fonder des discriminations sur la race, le sexe ou tout autre facteur de classification ?

    En éthique, le spécisme n'a pas davantage de fondement que le racisme.

    Il n'est qu'un préjugé sans assise.

    Tout animal perçoit la souffrance comme le bien-être au moyen d'un système nerveux présentant dans ses localisations et ses modes de fonctionnements neuronaux de grandes similitudes.
    Comment, dès lors, accepter que ces êtres sensibles, tellement semblables,  soient réduits au rang des marchandises, simples produits de l'industrie de la viande ou soient soumis à la torture pour faire jouir des foules malsaines au nom de pseudo-traditions qui, si elles en étaient, justifieraient par ce seul fait d'être abolies, puisque la civilisation n'existe que par le jeu de l'abandon des traditions.

    L'homme utilise l'animal pour accroître ses connaissances  via les expérimentations multipliées à l'infini et génératrices de souffrances atroces, le réduit à de simples produits dans les élevages concentrationnaires et le confond avec un jouet à la chasse, mort-loisir ou à la corrida, mort-spectacle.

    Le chasseur et le tortionnaire de taureaux n'éprouveraient pas la même jouissance sans l'effroi, la peur, la douleur qu'ils occasionnent, sans  le sang qui ruisselle.

    Poursuivre un leurre à la chasse à courre, affronter une machine d'acier ne leur occasionneraient aucun plaisir puisque le plaisir réside dans la souffrance et la mort provoquées à une victime vivante, sensible, acculée.

    Il n'y a rien là que des évidences que nul ne peut réfuter.

    Les lobbies et les tastes mort préfèrent dès lors fuir le débat, discréditer ceux qui osent parler haut, fort et clair.

    Les défenseurs des animaux sont dépeints par les médias abreuvés de propagande contre nature, en marginaux, associaux, souvent terroristes.

    « Ils en  font trop pour les bêtes et pas assez pour les hommes malheureux eux aussi ». « Telle espèce prolifère et menace le bien public. Les pigeons propagent des maladies, ainsi que le renard, vecteur de rage et d'échinococcose ».

    Grossiers mensonges qui ne cachent qu'une rage : celle de tuer.

    Les pigeons ne propagent pas de maladies et l'échinococcose tue infiniment moins d'humains que la chasse

    Piètre propagande, car la chasse loisir, la corrida, l'élevage concentrationnaire ne soulagent en rien les misères humaines.

    Oui, la Nature menace gravement l'homme mais de nos jours, uniquement par sa mort provoquée.
    Oui, les animaux non-humains menacent l'homme mais uniquement en ce qu'ils lui servent d'entraînements à l'instinct de violence. Celui qui apprend à égorger la bête, égorgera sans frémir  son ennemi du jour et celui qui joue de l'arme à feu contre la faune en usera aisément contre autrui. Culturellement, il y a des façons de tuer que des sociétés humaines appliquent tant aux animaux qu'à leurs adversaires humains. Ce ne sont  point des « arts de vivre » mais
    des arts de tuer, des accoutumances au meurtre.

    L'agressivité des lobbies contre Nature à l'encontre des écologistes protecteurs des animaux répond à une évolution fondamentale de la protection  animale.

    Depuis le milieu du 19ème siècle, cette protection, bénéficiant surtout  aux chevaux, aux chiens et  chats, s'apparentait à une charité apitoyée, à des oeuvres de bienfaisances dont les diverses SPA furent les actrices.

    Désormais, la pensée philosophique et politique s'empare du sujet.

    Les divers Fronts de Libération animale par le monde ne mendient plus la charité pour les autres espèces mais en appellent à la justice.

    Naguère, en protégeant l'animal de compagnie, le législateur préservait davantage la sensibilité humaine face aux actes de cruauté, que l'animal lui-même.

    La contestation contemporaine des actes de cruautés et de maltraitances se fait au nom de l'éthique et va à la racine des maux que l'humain, en cours d'hominisation, inflige au vivant.
    Des écoles de pensées multiples proposent

    Une rupture avec un anthropocentrisme absurde, l'espèce humaine n'étant en rien figée et étant appelée à subir, comme toutes les formes de vies, une évolution inéluctable.
    La compassion, à l'instar de son antipode, le mépris de la vie, ne se divise pas.
    Le plus fondamental défi éthique du temps gît dans ce combat pour un changement radical du rapport de l'humain avec l'être sensible non humain et  avec la Nature.

    Les lobbies pourront-ils longtemps encore escamoter le débat sous l'invective et les accusations farfelues.

    L'opinion publique prend conscience, trop lentement sans doute mais  inexorablement, de l'ampleur du crime que l'espèce commet à l'encontre du vivant.

    La chape de silence, l'altération des données du débat n'opéreront pas toujours et il apparaîtra aussi évident aux humains de demain qu'il fallait abolir la chasse, la corrida, les actes de cruauté et de mépris envers l'animal, comme apparut hier l'injustice de l'esclavage.

    Spécisme, racisme, sexisme obéissent à la même perversion de l'intelligence, à savoir, la négation de l'autre.

    Faut-il reconnaître des droits à l'animal non humain ?

    L'animal non-humain ne revendique aucun autre  droit que celui de vivre dans le respect de ses exigences physiologiques.

    La supériorité cognitive de l'homme lui confère en revanche un devoir envers les autres formes de vies.

    Puisque l'humain est devenu omniprésent sur la planète et omnipotent par sa technique, il doit se muer en protecteur bienveillant, empathique, attentif à respecter le vivant qui lui est désormais confié.

    Ce devoir éthique implique une modification des relations des êtres entre eux, au sein de l'espèce humaine.
    Malgré les belles intentions affichées par l'ensemble des idéologies d'antan, l'homme fut au cours de son histoire bien pire qu'un loup pour l'homme, car cette comparaison serait insultante pour les loups. Il fut le plus grand  tueur d'hommes et aujourd'hui encore, le plus exploiteur de ses semblables.

    C'est que les vieilles idéologies préconisaient la concurrence, la compétition, la domination, la conquête, au lieu de promouvoir la  solidarité, la générosité, le souci d'autrui.

    En cela, la révolution écologiste est prometteuse pour l'homme d'une société  moins cruelle, moins âpre, une société où la qualité de la vie prévaut sur l'accaparement et la dilapidation de tout.
    Ces vieilles idéologies théocentriques et anthropocentristes placèrent  longtemps la planète terre au centre de l'univers et l'homme au centre du grand tout.

    Or, il n'y a pas de centre, ni la terre, ni l'humain n'intéressent l'univers.

    La seule certitude est que la vie existe ici et maintenant et qu'elle vaut bien la peine d'être défendue, aimée, protégée tant dans sa diversité que dans les individus qui la composent.

    Il n'y a pas d'opposition entre l'humain et le non-humain mais un besoin de  réconciliation et d'élargissement du cercle de l'empathie.

    Cet élargissement n'est jamais que la constante de la civilisation.

    Il y eut la famille, le clan, la tribu, la cité, la nation, la race, puis l'humanité entière. Le temps est venu d'intégrer la biosphère dans le champ de l'empathie et de la reconnaissance.

    Tel est le sens de notre combat d'idées et de valeurs.

    Gérard  CHAROLLOIS  

    www.ecologie-radicale.org