Conscients et responsables
A partir de la parabole des talents et au-delà de la compréhension moderne du mot "talent" comme "habileté" ou "disposition", se pose avec acuité la question essentielle de la « transmission » et de ce que nos enfants feront de leur héritage.
Quels que soient les dons reçus, chichement ou en abondance, et d’où qu’ils nous viennent, il nous faut les faire valoir et non simplement les protéger en les gardant intacts. Quand à celui qui dilapide, pour une jouissance et un profit à court terme, les trésors et le bien commun de tous, il mérite d’être mis au ban de l’humanité s’il ne peut être rééduqué et resocialiser.
Autrement dit, recevoir un don, un talent, une disposition quelconque, crée une obligation, une responsabilité et une capacité à répondre de ce don en le faisant fructifier, en rajoutant de l’énergie au monde.
La plupart d’entre nous négocient plus ou moins bien et avec un bonheur inégal l’exploitation de leurs moyens, mais certains qui se sont cru défavorisés, se laissent rejeter, se découragent, se comparent avec d’autres pour finalement s’enfermer en eux-mêmes dans leur révolte. D’autres enfin, amplement pourvus ne tireront nul profit de leurs nombreuses possibilités. Regrettable pour eux, car « A celui à qui il aura été beaucoup donné, il sera aussi beaucoup redemandé. »
Quels sont les talents dont nous disposons tous ?
Retenons en deux : Tout d’abord le temps qui nous est largement concédé. Ainsi, chacun peut assumer la responsabilité de sa vie et les bénéfices de ses actions.
On a dit du temps qu'il est l'étoffe dont la vie est faite. Cela est vrai. Quand on gaspille son temps, on gaspille la vie, on la perd; quand, au contraire, on emploie bien son temps, quand on force chacun des rapides instants dont il est composé à porter intérêt, c'est-à-dire à produire quelque chose de bon pour les autres ou pour nous-mêmes, on se fait une vie riche et féconde.
Un second talent qui nous a été confié, c'est l'intelligence. Celle ci est une lampe dont nous avons partout besoin pour nous conduire dans la vie mais qui ne nous sert pas à grand'chose si nous ne savons pas l’alimenter de connaissances et de compétences.
Ceux qui ont beaucoup appris, beaucoup étudié et réfléchi, les savants, les génies, les inventeurs, ont la responsabilité et le devoir d’éclairer la route de l'humanité, lui montrer le but vers lequel elle peut se diriger.
Ceux, au contraire, qui ne savent rien, mais qui croient tout savoir, ne sont que de mauvais guides qui, dans leur infinie certitude de détenir la vérité, conduisent les peuples au désastre. Ceux là doivent être identifiés, reconnus et écartés
Il est bien d’autres talents et dons dont nous sommes tous pourvus, à des titres divers. La beauté, la force, l’énergie, la couleur de notre peau, la voix etc. A nous de les détecter, d’en faciliter l’émergence et enfin, de les développer au sein du contexte qui est le nôtre, dans le temps et dans l’espace qu’il nous est possible d’occuper.
Une dernière remarque enfin, certains n’ont que très peu de talents. Ils viennent souvent à la vie déjà brisés ou la vie elle même brise leur élan par un accident, une maladie ou une injustice. Malgré cela ils parviennent à faire aussi bien que d’autres mieux pourvus. Ceux là, ainsi que ceux qui n’ont pas cette capacité « résiliente », ont droit à toute notre solidarité et notre reconnaissance, car ils nous montrent le chemin de l’excellence.
Francis NERI
15 01 07