Mobiliser l’énergie affective.
Afin de nous enrôler pour leur cause, les hommes politiques utilisent nos émotions. Leurs stratégies suscitent des réactions affectives et ainsi ils parviennent à nous mobiliser.
Notre engagement est le résultat d'un équilibre entre diverses formes de rétributions et la possibilité d’éprouver des émotions propres à la cause militante défendue.
Rationalité et émotion sont donc en opposition, mais bon nombre de militants donnent plus qu’ils ne reçoivent. C’est ce qui détermine leur engagement et intéresse ceux qui les manipulent.
"Pour amener les gens à partager les préoccupations des autres, à s'intéresser à un problème qui n'appartient pas à leur univers personnel, il faut être en mesure d'établir un lien spécifique entre le problème en question et leur réaction émotionnelle", souligne George Marcus .
Il s'agit de susciter des réactions affectives qui prédisposent ceux qui les éprouvent à s'engager ou à soutenir la cause défendue
L’exemple de la crise qui secoue le monde arabo-musulman nous montre, également, l'importance des contextes historique, spatial et social qui contraignent, autorisent ou disqualifient l'expression de certains sentiments.
Les occidentaux sont désemparés par cet éveil supposé des orientaux à la connaissance et à la raison. Il tend à les libérer de leurs craintes et leur fait croire que l’orient est prêt à se rallier à leur propre culture, celle qui les a façonnée au cours des siècles et qui fait, ou devrait faire, de la raison l’élément moteur de leurs réflexions.
La recherche de la liberté individuelle, la démocratie, la justice sociale, serait la cause de la révolte. On peut y croire, si l’on oublie la démographie exponentielle, l’inculture des peuples, le chômage de masse, les ressources en baisse etc.
Mais la causalité n’est pas une « loi naturelle » et il ne faut pas oublier que ce qui est qualifié de « cause » n’est pas obligatoirement lié à un « effet » et qu’une fois établie la relation, il ne faut pas oublier la rétroaction…des émotions …en particulier.
Nos « élites » s’acharnent à interpréter des « causes » qui sont totalement « incontrôlables » et sont des relations de cause à effets parmi d’autres possibles. Elles leurs échappent en grande partie ; le « contexte » de l’islamisation du monde et celui de la mondialisation des échanges en particulier. Le G20 hélas, est et restera impuissant en matière de « régulations ».
« Les faits ne sont pas dissociés dans la continuité de la nature, qui n’est pas constituée de faits indépendants les uns des autres, à l’exception de ceux que nous, les humains, estimerions dépendants. » G. Bateson
La causalité est une invention satisfaisante, qui marche souvent mais pas toujours. Il est plus facile d’expliquer ainsi un fait passé que de prévoir un fait futur, d’aller dans un sens plutôt que dans l’autre.
Ceux de nos politiques qui disent avoir appréhendé ce qui se passe au sein du monde arabo-musulman et qui nous assurent savoir ce qui nous attend nous prennent pour des imbéciles.
Ils jouent sur nos émotions…soyons vigilants, l’affaire est d’une folle complexité et nul ne sait où nous allons.
Réfléchissons à la provenance des émotions, à la mécanique des passions. Les pensées dépendent de nous. C’est nous qui les inventons.
On maîtrise ses émotions en maîtrisant sa mémoire. A l’heure où l’on voudrait nous voir sombrer dans la culpabilité et la repentance, l’analyse objective de la causalité de nos actes et de nos émotions passés nous apportera sérénité, acceptation et pardon de nos expériences refoulées.
Elle nous permet ainsi de bâtir un futur, les digues du passé construisant notre maison.
Le monde aura besoin de notre sérénité.
Non axiomes du systémicien :
Changer en définitive c’est remettre tout simplement en question le clivage entre raison, émotions et connaissances et d’en rétablir les connections.
On maîtrise ses émotions en libérant et en contrôlant sa mémoire.
On échange une idée contre une émotion ce qui établi la relation avec la raison.
On commence par imaginer son futur ainsi que le contexte qui va avec. Les autres que nous y placerons. Il faut ensuite l’étoffer virtuellement, y mettre de la chair, le rendre réel.
Francis NERI
Février 2011