L'approche systémique
L’approche systémique du fonctionnement des groupes sociaux n’est pas simplement une pratique relevant de la psychothérapie, c’est aussi, et je dirai en premier, une école de pensée qui élabore au quotidien des méthodes et des moyens pour permettre aux êtres humains d’établir un meilleur rapport avec la réalité.
Cette réalité est faite de communications ou encore, que chacun de nous entre en relation avec lui même, avec les autres et avec l’ensemble social, en particulier ce que l’on peut désigner par l’Institution.
L’hypothèse première que je propose est que l’harmonisation de ces relations passe par un équilibre à trouver en permanence entre ces trois axes ou encore par une mise en cohérence des trois systèmes.
L’hypothèse seconde sur laquelle je m’appuierais pour développer la première est qu’il faut redéfinir la réalité en terme de perceptions et de réactions. La réalité serait la résultante de nos interactions, du lieu de notre observation, des outils utilisés et du langage dont nous nous servons pour traduire notre représentation de cette réalité.
Dans cette hypothèse, la réalité n’existe pas en tant que telle, elle est celle que nous voulons qu’elle soit. Il y a autant de réalités possibles qu’il y a d’individus porteurs de leur réalité.
Ce que nous sommes est le produit de ce que nous pensons être dans la réalité que nous avons construite et que nous assumons, dépassons, transformons ou encore subissons.
Cela fait de nous des individus libres et manoeuvrants capables, s’ils le veulent et le peuvent, de se libérer de leurs conditionnements inadaptés, de réformer le cadre étroit de leurs schémas mentaux, de leurs représentations, de leur vision du monde, et de leurs relations trop souvent devenues pathologiques.
Considéré de ce point de vue, tout « recadrage » doit être proposé comme une remédiation qui est la conséquence d’un apprentissage inadapté lors du processus initial de construction du sujet.
Nous pourrons alors logiquement déduire de ces hypothèses que les troubles individuels, relationnels et sociaux sont la résultante d’un apprentissage défectueux, d’une éducation inadaptée, d’une socialisation non prescrite, et d’une prévention inconséquente.
Une théorie générale de la communication devrait être en mesure de proposer des finalités, des pratiques, des méthodes et des moyens éducatifs, socialisants, préventifs et de résolution des dysfonctionnements.
Cela peut être conduit par un cadrage initial dés le plus jeune âge et un recadrage périodique élaborant et modifiant la perception de la réalité et des réactions des individus.
Se pose alors une grave question éthique qui constitue en quelque sorte ma problématique. Si nous voulons que chaque individu devienne libre, manoeuvrant, en pleine santé physique et mentale, avons-nous le droit sinon le devoir de le conditionner selon une « normalité » et une « réalité » que nous aurions décidé comme étant la meilleure adaptation possible à son environnement, dans l’intérêt bien compris et gagnant/gagnant du système individu, celui de l’autre, comme du système social ?
J’invite chacun de mes correspondants concernés par les rapports sociaux à m’aider dans la résolution de cette « injonction paradoxale » en me faisant part de leurs réflexions et de leurs expériences.