La réforme de l’Etat et des Institutions
Il est devenu banal de discourir, d’écrire, de s’interpeller sur les causes de « La crise de la société française » et bien évidemment de rechercher les responsables de cet état de choses.
Ce n’est pas facile, car qui aujourd’hui, individu ou groupe, est encore véritablement responsable de quoi que ce soit ?
Les citoyens que nous sommes ont très vite compris la manœuvre qui consiste à récriminer seuls ou en groupe contre les institutions, tout en se déchargeant de leurs propres responsabilités.
Car il ne s’agit pas de s’en prendre à toutes les institutions, bien sûr que non ! Les médecins respecteront le corps médical, les parents d’élèves la famille, les enseignants lutteront vaillamment pour préserver l’idée qu’ils se font de l’Education Nationale.
Et voilà que s’élève autour de nous le concert des lamentations et des exigences des groupes de pression qui, pour être discordant, n’en est pas moins assourdissant et incompréhensible.
Les critiques et revendications contre l’institution, quelle soit religieuse, politique, économique, judiciaire, qui se traduisent par des manifestations corporatistes ou identitaires souvent violentes, perturbent, sclérosent et paralysent leur fonctionnement.
L’existence de chacun de nous ainsi que la qualité et le cadre de notre vie en est profondément et dangereusement modifié, d’autant plus qu’à cette absence d’efficacité s’ajoute la perte de confiance et le scepticisme des citoyens envers l’ensemble social.
Ceci est particulièrement vécu au sein de nos villes qui pourtant et traditionnellement jouaient, et le devraient encore, un rôle de lieu d’asile, de refuge.
Il est vrai que nos institutions sont critiquables, puisqu’elles ne parviennent pas, selon nous, à fournir un service rendu à la hauteur de nos investissements sociaux, matériels, affectifs et spirituels.
Education Nationale, Sécurité Sociale, Retraites, Services de Santé, Police, Justice, Eglises, Monde associatif et autres, sont l’objet de sévères critiques et, à tour de rôle, avec une extrême cohérence, chacun des groupes sociaux concernés en dénonce les dysfonctionnements, négocie, exige ou arrache des avantages et des compensations.
Or, est ce bien les institutions qu’il faut dénoncer ou les dérives qu’il convient de sanctionner ?
Ces dérives sont-elles vraiment de leur fait ou plutôt de ceux qui les animent ?
N’avons nous pas tendance à confondre l’institution avec ceux qui abusent de leurs pouvoirs et en trahissent la mission ?
L’idéal démocratique est une idée, ce n’est pas un fait accompli et sa pérennité n’est nullement assurée. La démocratie pour fonctionner, perdurer et se transmettre a besoin de l’institution. Elle a besoin aussi d’un ensemble de valeurs et de l’expression spirituelle d’une civilisation qui, pour ce qui nous concerne, s’inscrit dans une éthique, un humanisme judéo-chrétien qui bien qu’il ne demande qu’à s’enrichir, tient à conserver ses racines.
La démocratie a besoin d’un ensemble de principes, de personnes et de groupes pour l’enseigner, la protéger. Elle n’est pas le fait d’un clan, d’une classe sociale ou d’une nation, mais elle est critique permanente de tout ce qui enferme l’homme dans sa propre production, elle est critique permanente de toute représentation idolâtre présente aujourd’hui dans notre culture de l’image et de la performance.
La démocratie a besoin d’une « foi critique » mais aussi d’un engagement collectif à modérer ses exigences corporatives ou communautaires et à se retrouver dans l’intérêt commun.
C’est ce qu’il faut souhaiter à notre nouveau gouvernement :
Le courage de réformer avec sagesse et détermination.
La capacité de susciter chez nos concitoyens un sentiment de fraternité qui seul permettra aux uns et aux autres de modérer leurs exigences et de s’effacer devant l’intérêt général en acceptant des réformes sans doute douloureuses, mais urgentes, car trop longtemps différées.
Francis NERI