Le systémicien - Page 103
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"Le 11 Mai, l’Eden sera retrouvé, où les tests et les masques, les respirateurs et les lits d’hôpitaux seront en abondance, les crèches et les écoles réouvertes, lorsque les jours meilleurs poindront à l’horizon.Tous les soignants auront des masques, les Français pourront en disposer selon leurs besoins, les personnes présentant des symptômes pourront subir un test. Les Français auront retrouvé le goût du temps long et ils attendront quelques mois pour bénéficier d’un vaccin qui reste à trouver. L’avenir radieux se dessine comme une renaissance dans une société plus solidaire et généreuse, plus sobre, et plus forte à la fois. Le paradis du monde d’avant sera comme Notre-Dame encore plus beau repeint aux couleurs du monde d’après."Christian Vanneste
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Confinement
Nous avons atteint un mois de confinement en France et à ce jour, en faisant une projection à partir de tous les cas supposés de toutes les formes de la maladie, sévères ou non, nous avons au mieux 9% de personnes immunisées.
Le calcul le plus optimiste, c’est à dire en supposant que nous continuons à rester confinés et à respecter ce confinement, en ayant toujours les lits de réanimation au taux de remplissage maximum et en considérant qu’il suffirait d’atteindre 60% de personnes immunisées, débouche sur une durée de 7 mois ! Un calcul moins optimiste mais plus réaliste de 83% de personnes immunisées, en partant d’un chiffre actuel inférieur à 9%, donne une atteinte de l’objectif en 2 ans.
Si on envisageait ce scénario de 2 ans, il faudrait prévoir un temps de récupération pour nos soignants. Il est illusoire d’imaginer que nos soignants ne s’effondreraient pas avant l’arrivée du marathon nécessaire pour obtenir cette fameuse immunité de horde, hors d’atteinte aujourd’hui.
Se pose par ailleurs la question de la qualité de l’immunité car s’il semble qu’elle s’acquière bien dans les formes sévères de la maladie, la réponse est moins claire pour les cas bénins. Ce qui signifie qu’il ne suffirait pas d’« avoir eu » le Covid-19 pour être immunisé, et le taux actuel d’immunisation protégeant la population serait en réalité très inférieur aux 9% censément atteints aujourd’hui. Souvenons-nous que le Covid-19 est un coronavirus, autrement dit est de la famille des rhumes, or chacun sait que l’on n’est pas immunisé à vie pour avoir déjà eu un rhume : on en ré-attrape régulièrement.
Plutôt qu’imaginer donc un dé-confinement dangereux car il s’accompagnerait d’une seconde vague qui nous submergerait à nouveau, tout en nous ayant fait perdre un temps précieux, ne serait-il pas plus sage (en attendant la découverte d’un traitement ou la mise au point d’un vaccin), d’adopter un confinement plus strict, des règles de distanciation sociale plus rigoureuses, et un véritable suivi des personnes ayant été atteintes, en prenant davantage exemple sur les stratégies chinoises ou asiatiques, qui visent une éradication du virus au moins temporaire.
Une telle politique s’avèrerait beaucoup moins coûteuse en temps, même si elle exigeait bien sûr un effort et une privation de liberté à la limite du tolérable : elle prendrait 3 mois au lieu de deux ans, serait à l’origine d’un nombre beaucoup plus faible de décès qu’aujourd’hui, et n’exercerait pas une pression inhumaine sur nos soignants.
13 04 20
Paul JORION
Francis-claude Neri
http://semanticien.blogspirit.com/ -
L’étrange défaite
Relayé par Noisette Marie Hannah Bozon
NE PAS LIRE CET ÉDITO C'EST DOMMAGE
"Un désastre". C’est tout simplement un désastre que vit actuellement la France.
Le mot « crise » ne suffit plus à définir la situation présente.
La France vit des heures de désillusion aussi profonde que celles qu’elle avait connues en mai 1940. La France pensait avoir le meilleur système de santé du monde, comme elle était convaincue d’avoir la meilleure armée du monde en 1940. Et puis, sous nos yeux, tout s’est effondré à une vitesse inimaginable. On se demandait pourquoi la France avait manqué d’avions efficaces, d’armements modernes comme des chars d’assaut, et pourquoi les soldats portaient encore des bandes molletières alors que les soldats allemands avaient des bottes en cuir.
Aujourd’hui, on s’interroge pour comprendre pourquoi il n’y a pas assez de masques, pourquoi il n’y a pas assez de respirateurs artificiels, pourquoi la France est obligée d’importer les produits réactifs pour fabriquer des tests de dépistage. On perd notre temps à discuter de problèmes d’intendance qui n’auraient pas dû exister si le système de santé français était vraiment le meilleur du monde. Mais le système de santé français n’est pas le meilleur du monde.
La France n’est plus un grand pays, mais une petite nation mesquine, bouffie d’orgueil et de prétention. Et en face d’un virus microscopique, l’orgueil et la prétention, ça ne sert à rien.
Une injustice insupportable
Il faudra alors se poser la question de savoir pourquoi un tel désastre. On ne peut s’empêcher de se tourner vers la fameuse Étrange Défaite, de Marc Bloch, qui, ayant vécu la défaite de 40 de l’intérieur, se posait la question de savoir pourquoi cela avait été possible. Et cette catastrophe en cours nous amène inévitablement aux mêmes conclusions : incompétence, inorganisation, absence de vision à long terme, improvisation.
En résumé : nullité de nos dirigeants, et en particulier de ceux en charge du système de santé français.
Cette génération de hauts responsables de la santé en France est en train d’entrer dans l’Histoire comme les généraux de l’armée française en 40. Une caste de petits chefs, de techniciens imbus de leur position, de leur suffisance, qui, face au coronavirus, avaient une guerre de retard, comme la plupart des généraux de 1940, qui se croyaient encore en 1918.
Ceux qui en payent le prix, ce sont les morts de plus en plus nombreux, mais aussi les médecins et soignants qui se sacrifient en y laissant leur peau, pour rattraper des erreurs dont ils ne sont pas responsables.
C’est toujours le troufion de base qui paye de sa vie la nullité de sa hiérarchie.
La France n’est plus un grand pays, mais une petite nation mesquine, bouffie d’orgueil et de prétention
Cette injustice insupportable, il faudra en répondre d’une manière ou d’une autre. Le président de la République a très vite comparé cette épidémie à une guerre. Cela pouvait sembler habile, afin de mobiliser la nation entière contre le terrible ennemi. Mais cette comparaison se retourne déjà contre ceux qui croyaient en tirer parti. Car en face d’un tel désastre, on ne pourra pas se contenter de quelques gerbes de fleurs et d’une distribution de Légions d’honneur.
Le besoin de justice est le sentiment qui structure une société. Quand il est bafoué, ce n’est pas seulement le système de santé français qui s’effondre, mais la totalité de l’édifice.
Charlie Hebdo
12 04 20Michel Bendahan