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  • La communication nouvelle

    Ce que nous mettons en relation lorsque nous communiquons, ce sont nos programmes culturels, nos cartes cognitives déjà décrites par A. Korzybsky ou H. Laborit. 

    Si nous voulons faire avancer l'universalité, il nous faut progresser dans l'élaboration de programmes culturels communs et de cartes cognitives conciliables sur le plan universel.

    Dans l'état actuel de nos connaissances, nous voyons suffisamment bien l'objectif et, c'est le désir initial de tout être humain que d'y parvenir. Mais pour bâtir ensemble une « politique de civilisation », la méthode et l'organisation des moyens est loin de faire consensus. D'autre part, la globalisation n'interdisant pas la persistance, voire le développement des particularités culturelles régionales, il nous faut aussi saisir et faire face à la « complexité ». C'est bien là le cœur du problème.

    Essayons l'approche systémique qui rapproche les problèmes sociaux en les liant au contexte dans lequel ils se déroulent et aux besoins de la vie quotidienne, dans leur caractère singulier et général, c'est-à-dire qui se posent partout.

    Pour y parvenir, il semble qu'il nous faille revoir nos modèles de pensée dominants qui ne parviennent pas à utiliser les outils permettant de saisir les problèmes globaux et nous conduisent à séparer, à cloisonner les approches, les analyses, les réponses, à disperser les moyens, à les rendre peu efficaces, à gaspiller les ressources.

    Si nos problèmes proviennent de l'infernal enchaînement des causes et des effets, l'approche systémique permet de mettre l'accent sur l'objectif poursuivi et non plus comme à l'aide de la logique cartésienne sur les causes.

    Bref, et pour reprendre une analogie chère à Goffman, membre du fameux collège invisible de Palo Alto : « ne pas confondre un échafaudage avec l'ouvrage que l'on doit construire ».

    Pour construire une civilisation nouvelle et forcément globale, les « échafaudages » actuels ont démontrés leurs limites, les idéologies sont à bout de souffle et les religions ne seront plus, ne peuvent plus être, ne seront pas, contrairement à ce que pouvait penser Malraux, la nouvelle colonne vertébrale de l'humanité.

    La singularité islamiste radicale n'est qu'un soubresaut sanglant, un anachronisme, une carte mentale qui n'a plus aucun lien avec la « réalité » de milliards d'autres individus. C'est tout au plus une « rétroaction » positive, une conséquence de notre insuffisance de régulation et de contrôle.

    Une foule d'autres « cartographes » inventent une nouvelle réalité et c'est elle qui changera le monde. G. Bateson, créateur du « collège invisible » la désignait comme une « écologie de l'esprit ».

    Dans l'intérêt de la raison, disait encore Korzybsky, il faut dater ! Le concept « d'écologie de l'esprit » émergeait au cours des années 60. Il n'a véritablement pas fait école, le moment n'était pas venu. Compte tenu du temps qui passe et du contexte exceptionnel que nous offre la crise écosystémique, il serait criminel de ne pas explorer les possibilités de changement culturels et structurels auxquels elle nous pousse. 

    Restons attentifs, libres et manoeuvrants, rétro-acteurs conscients, ouverts à toutes discussions et à tout projet qui comprenne une finalité, une éthique, une organisation et des moyens et qui nous inviterai à nous engager dans le développement concret d'une approche écosystémique du monde.

  • La crise

    Elle n'est pas finie ! Mais ma foi, de cela vous vous en doutiez ; même si vous faisiez semblant de croire aux histoires que nous racontent nos médias. 

    A l'inverse de ce que soutiennent les discours officiels, les temples de la consommation commencent à s'effondrer. C'est tout simplement en raison du chômage, qui a déjà atteint un niveau qui n'est pas soutenable à long terme par les systèmes sociaux quand ils existent.

    La modeste retombée des efforts massifs des plans de relance ne fera pas illusion très longtemps. La fin des perfusions massives, tant monétaires que budgétaires est annoncée.

    La réalité de la crise systémique va apparaître dans tous ses aspects, et c'est heureux car cela mettra fin aux techniques de replâtrage qui ont juste permis aux financiers de se refaire une santé et d'encaisser des bonus considérables.  

    Il faudra bien remonter les taux d'intervention des banques centrales, donc un resserrement du crédit qui se traduira par un nouveau ralentissement de l'activité.

    Et ce n'est pas tout. Une crise systémique n'est pas seulement financière, économique, sociale.  Elle conjugue des vecteurs écologiques, énergétiques, culturels, pour ne citer que les plus signifiants.

    Tant que nos dirigeants n'auront pas « appréhendé » le fait incontournable qu'on ne règle pas une crise systémique, c'est-à-dire globale et totale, avec des mesures partielles et linéaires, qui n'intègrent pas la notion de rétroaction, de contexte, de lieux et de temps, ils ne feront que poser des emplâtres sur nos jambes de bois.

    Au fait, la systémique, c'est quoi ?

    Je préciserai que c'est avant tout la définition d'un système qui s'imbrique et si possible s'autorégule. Il suffit qu'une pièce de ce système bouge pour que tout bouge, s'emballe ou s'équilibre. Traduction, en langage de praticien de l'approche systémique : Quand on s'occupe d'un individu en crise par exemple, on intègre aussi sa famille, son groupe, son environnement local pour une analyse de l'événement dans un environnement global, afin de débloquer des situations, de régler des conflits. Il s'agit de changer une « organisation », un système en crise, ou encore, en essayant, par exemple, d'aider une famille, un groupe, à modifier son regard sur un enfant, un autre groupe.

    On part du principe qu'un fonctionnement isolé, un comportement, une réponse, toujours le même, n'est plus efficace et suffisant pour régler une situation nouvelle. Avec l'approche systémique, on apprend à se déprogrammer, pour éliminer les « objets encombrants ». Mais aussi progresser, se débarrasser de ses phobies, et améliorer sa communication avec les autres. Enseignement de base : « Nous avons tous une carte du monde », qui nous est propre et qui n'est pas obligatoirement la « réalité ». À nous alors d'accepter « la carte des autres », sans la juger et si nécessaire modifier sa propre carte si inadaptée à un environnement changeant

    Faudra t'il donc subir, comme en Haïti, la loi d'une cruelle nécessité pour oser le « changement » dans nos attitudes et nos comportements face aux défis de tous ordres qui nous sont adressés ?

    Je le crains et ma foi c'est avec curiosité que j'attends la fin de cette histoire et le commencement d'une autre.     

     

  • Une écologie de l'esprit

    Il faut me pardonner si j'ai un peu abandonné ce blog qui me permet de communiquer avec un nombre sans cesse grandissant d'interlocuteurs amis. C'est que j'ai franchi la méditerranée et me suis installé pour trois long mois à Agadir, au Maroc. Peut être plus, si l'envie m'en prend.

    Certains d'entre vous connaissent l'endroit, vous me l'avez dit. Michel y réinvente les papillons, Daniel explore le désert et Eléonore de nouvelles formes de communication. D'autres se retrouvent pour accompagner concrètement le père Delouvrié dans ses projets au bénéfice des enfants défavorisés.

    Pour ma part, plus modestement j'y vais pour profiter du soleil, retrouver des amis et écrire un nouveau roman. Ce n'est pas mal comme programme ! Vous en conviendrez j'espère ?

    Bon, à première vue pas grand-chose à voir avec le titre de cette chronique et une écologie de l'esprit telle que la définissait G. Bateson. Et pourtant !

    Si vous avez lu mon dernier bouquin : «  Les chemins de l'avenir » vous avez pu constater à quel point le devenir écologique de Maroc « m'interpelle ». Ses ressources énergétiques, alimentaires, diminuent malgré les efforts considérables que ce pays déploie pour assurer son équilibre, en particulier, estime t-il, par l'accroissement du créneau touristique. Malheureusement, proportionnellement à cela, sa population augmente de manière exponentielle, même si certains parmi les nouvelles générations estiment qu'il faut faire moins d'enfants.

    Mais le sujet est encore tabou et, la culture « Fellah », celle qui considère qu'il faut procréer sans cesse et accroître sa famille pour assurer son avenir est toujours aussi vivace.

    Etrangement, cela me fait penser aux préconisations de l'église catholique romaine : croissez et multipliez. Allez savoir pourquoi les religions, comme les grands patrons, voire les politiciens, veulent que nous fassions toujours plus d'enfants ?

    Revenons à l'écologie de l'esprit et à celle du Maroc. L'écologie, c'est la science des systèmes, la façon dont ils interagissent, se relient, se complètent, s'harmonisent. L'écologiste est un systémicien, un analyste et, si l'on réfléchit un peu, c'est un « croyant ».

    Je vous l'ai dit, à Agadir je recherche le soleil, le calme et l'accueil de mes amis européens et marocains. Je loge dans un hôtel luxueux et confortable, au bord de la mer, avec piscine, animation etc. Un saut d'avion et me voilà installé....Je sais, je ne devrais pas échapper à la taxe carbone ! Il y a comme un malaise, honte sur moi !

    Et pourtant non, je ne culpabilise pas, et me dis que les quelques milliers d'euros que je laisse sur place seront très utiles ici !

    Pourvu que çà dure et que cet endroit, pour moi merveilleux, puisse rester encore longtemps à ma disposition et à celle de tous ceux qui voudront bien s'y insérer.

    C'est mal parti à mon avis ! Les bétonneurs semblent avoir décidé de transformer le littoral en une suite ininterrompue de complexes hôteliers et de rivages bétonnés.

    Pour un systémicien qui s'intéresse aux comportements observables, il y a ceux qui dans une culture peuvent être sélectionnés comme significatifs et dégagent un corps de règles qui peuvent être retenues comme fil conducteur. Y en a-t-il un dans le projet de développement touristique du littoral marocain ? Où plus exactement cette frénésie de constructions est-elle en harmonie avec le contexte culturel, économique, social, écologique, du Maroc, avec ses attentes et ses besoins actuels comme futurs ?

    Je n'ai pas la prétention d'avoir toutes les réponses, ni même le commencement d'une, mais j'ai le sentiment que ce qui se passe ici n'est pas bon pour le Maroc et pour la planète. Trop d'hôtels, trop de commerces, à la fois trop et pas assez de touristes. Cette crise qui n'en finira pas de durer ainsi que les changements climatiques inévitables sont loin de correspondre au plan de développement des infrastructures touristiques qui sont envisagées.

    Mes amis marocains devraient penser au drame du bétonnage de la côte d'azur et de l'épouvantable gâchis qu'il a occasionné. Ils devraient s'inquiéter de l'impact écologique que va provoquer cette invasion touristique non régulée : impact sanitaire, en eau, en pollution atmosphérique, sur la faune, la flore, et bien évidement, les habitants dont on bouleverse l'écosystème.

    Je suis installé dans un bel hôtel, l'Agadir beach club, en bordure de la plage. Je m'y suis attaché en raison de la qualité de son accueil, de l'ambiance cordiale et familiale qui y règne et de son style de construction qui me rappelle les années intenses où l'on dansait le charleston.

    Je constate, hélas, que chaque année, de nouveaux hôtels se construisent aux alentours. Comme les clients se font d'année en année moins nombreux à cause de la crise et de la concurrence acharnée d'autres directions touristiques, le « mien » se vide.

    Parviendra t-il à survivre ? Je le pense, si ses dirigeants savent dépasser un comportement qui refuserait de relier les évènements dont l'agent causal est contenu dans un système de développement largement dépassé.

    Ils devront adopter une approche « communicationnelle » ou systémique qui intègre cinq dimensions : l'individu, le groupe (ou le réseau), le contexte, le temps, et bien évidemment l'observation (sinon l'observateur).

    L'évolution actuelle consiste à ne plus centrer uniquement l'attention sur l'individu, mais aussi sur le réseau social, c'est-à-dire l'individu en relation, et le contexte culturel ainsi qu'environnemental où il évolue, puis caractériser la relation.

    Ceux qui résisteront à la crise, au béton et à la régression culturelle seront ceux qui prendront le tournant du « changement » inéluctable des attitudes et des comportements.

    Le Maroc plus que certains pays occidentaux devrait y être disposé.

    En attendant ceux qui veulent visiter ce qui est, encore, un petit coin de paradis me fassent signe, je leur indiquerai le chemin !