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Le systémicien - Page 463

  • Conscients et responsables

    A partir de la parabole des talents et au-delà de la compréhension moderne du mot "talent" comme "habileté" ou "disposition", se pose avec acuité la question essentielle de la « transmission » et de ce que nos enfants feront de leur héritage.

    Quels que soient les dons reçus, chichement ou en abondance, et d’où qu’ils nous viennent, il nous faut les faire valoir et non simplement  les protéger en les gardant intacts. Quand à celui qui dilapide, pour une jouissance et un profit à court terme, les trésors et le bien commun de tous, il mérite d’être mis au ban de l’humanité s’il ne peut être rééduqué et resocialiser. 

    Autrement dit, recevoir un don, un talent, une disposition quelconque, crée une obligation, une responsabilité et une capacité à répondre de ce don en le faisant fructifier, en rajoutant de l’énergie au monde.

    La plupart d’entre nous  négocient plus ou moins bien et avec un bonheur inégal l’exploitation de leurs moyens, mais certains qui se sont cru défavorisés, se laissent rejeter, se découragent, se comparent avec d’autres pour finalement s’enfermer en eux-mêmes dans leur révolte. D’autres enfin, amplement pourvus ne tireront nul profit de leurs nombreuses possibilités. Regrettable pour eux, car « A celui à qui il aura été beaucoup donné, il sera aussi beaucoup redemandé. »

    Quels sont les talents dont nous disposons tous ?

    Retenons en deux : Tout d’abord le temps qui nous est largement concédé. Ainsi, chacun peut assumer la responsabilité de sa vie et les bénéfices de ses actions.

    On a dit du temps qu'il est l'étoffe dont la vie est faite. Cela est vrai. Quand on gaspille son temps, on gaspille la vie, on la perd; quand, au contraire, on emploie bien son temps, quand on force chacun des rapides instants dont il est composé à porter intérêt, c'est-à-dire à produire quelque chose de bon pour les autres ou pour nous-mêmes, on se fait une vie riche et féconde.

    Un second talent qui nous a été confié, c'est l'intelligence. Celle ci est une lampe dont nous avons partout besoin pour nous conduire dans la vie mais qui ne nous sert pas à grand'chose si nous ne savons pas l’alimenter de connaissances et de compétences.

    Ceux qui ont beaucoup appris, beaucoup étudié et réfléchi,  les savants, les génies, les inventeurs, ont la responsabilité et le devoir d’éclairer la route de l'humanité, lui montrer le but vers lequel elle peut se diriger.

    Ceux, au contraire, qui ne savent rien, mais qui croient tout savoir, ne sont que de mauvais  guides qui, dans leur infinie certitude de détenir la vérité, conduisent les peuples au désastre. Ceux là doivent être identifiés, reconnus et écartés

    Il est bien d’autres  talents  et dons dont nous sommes tous pourvus, à des titres divers.  La beauté, la force, l’énergie, la couleur de notre peau, la voix etc. A nous de les détecter, d’en faciliter l’émergence et enfin, de les développer au sein du contexte qui est le nôtre, dans le temps et dans l’espace qu’il  nous est possible d’occuper.

    Une dernière remarque enfin, certains n’ont que très peu de talents. Ils viennent souvent à la vie déjà brisés ou la vie elle même brise leur élan par un accident, une maladie ou une injustice. Malgré cela ils parviennent à faire aussi bien que d’autres mieux pourvus. Ceux là, ainsi que ceux qui n’ont pas cette capacité « résiliente », ont droit à toute notre solidarité et notre reconnaissance, car ils nous montrent le chemin de l’excellence.

    Francis NERI

    15 01 07

  • Identité

    Il n’y aura pas de France et pas d’Europe durables sans construction d’une identité commune. Or, mémoire et identité sont une seule et même chose et, la construction d’une identité commune est nécessairement basée sur des valeurs communes issues de notre mémoire, de notre histoire commune. Nos valeurs sont d’influence gréco romaines, latines, judéo chrétiennes et issues du siècle des lumières.Elles sont donc plurielles et, si les peuples européens sont sensibles aux apports des cultures extérieures, ils accueillent et intègrent celles qui ne sont pas en rupture et en opposition avec leur culture et rejettent les autres. L’échec du projet européen montre bien que rien ne peut se faire sans le consentement explicite des peuples.

    L’on ne répétera jamais assez que la culture est avant tout basée sur des valeurs et, pour que des chocs culturels ne se déclinent en violents affrontements sous forme et sous couvert de conflits d’intérêts économiques ou sociaux, il faut examiner les objectifs et les fins des cultures qui s’opposent dans le monde entier, et avec violence, aux valeurs et à la culture occidentale, en particulier européenne.

    C’est le cas de la culture islamiste intégriste qui, loin à présent d’être minoritaire, tend à prendre rapidement le contrôle du monde musulman et ne cesse sur notre propre sol de transgresser nos valeurs en particulier démocratiques, nos lois et nos règles en tentant d’imposer les leurs dans un esprit de revanche et de conquête.

    Les stratégies de peuplement visent à la modification rapide des équilibres démographiques  en leur faveur. Un travail de sape discrédite depuis trop longtemps notre histoire, nos valeurs et notre culture occidentale menacées maintenant dans leur essence même et sur nos propres territoires.

    Il nous faut à présent identifier nos valeurs et nos cultures dans ce qu’elles ont d’essentiel, d’universel, d’actuel et de commun, les préserver, les promouvoir dans et avec des pratiques économiques et sociales qui en sont issues, dans l’esprit d’une autorité retrouvée.

    Les préserver, les enrichir et les promouvoir car la France et l’Europe n’existeront socialement, économiquement et politiquement qu’à partir d’une identité culturelle commune. Si nous ne voulons pas avoir à combattre pour la France et pour l’Europe, il nous faut éduquer et socialiser à partir et autour de nos valeurs et de nos cultures, de nos pratiques sociales régulées par le droit et par nos règles morales et éthiques qu’il faut inculquer aux nouveaux arrivants et rappeler à ceux d’entre nous qui les auraient oubliées.

    C’est à cette tâche prioritaire, à notre niveau de responsabilité et avec les moyens à notre disposition que nous devons nous atteler. Chaque Français doit être en mesure de relever le défi, c'est-à-dire de tracer des possibles et de transmettre, d’éduquer, de former, de socialiser. De comparer et de promouvoir nos systèmes de référence, car ils en valent bien d’autres, à commencer par l’estime, le respect de soi et la fierté de nos origines.

    Oui c’est à l’intérieur, et à l’intérieur seulement, d’un système donné de références qu’il faut savoir accueillir, demander, recevoir donner ou refuser.

    Oui, c’est à cette condition que nous pourrons rester libres et manoeuvrants, ouverts et bienveillants, conscients du poids de notre histoire et responsables de notre futur et de l’avenir économique et social de nos enfants.

    Les politiques prétendant à nos suffrages feraient bien de réfléchir à ce qui pourrait conduire les Français si les inquiétudes et les attentes de ce type n’étaient pas prises en compte.  

    Francis NERI

    09 02 07

     

     

  • L’autorité pourquoi faire ?

    Il est d’actualité de revenir sans cesse sur la question du sens : pourquoi l’autorité, pourquoi l’éducation, pourquoi la violence etc.

    Au sein de l’Institut pour la Promotion du Lien social, Pierre Karli nous interpelle sur l’autorité et pose la question : l’autorité pourquoi faire ?[1]

    Pour ma part, j’ai renoncé à répondre aux « pourquoi », surtout aux « pourquoi faire » car je n’y ai jamais trouvé une réponse objective.Tout au plus, et si l’on insiste, puis-je répondre à une question formulée de façon plus ouverte : De quelle façon voulez vous exercer une autorité ? Pour vous, que représente l’autorité que vous voulez exercer ?

    Il y a bien d’autres questions ouvertes à poser à ceux qui veulent exercer une autorité. Par exemple, comment allez-vous exercer l’autorité qui vous est déléguée ? Ou encore, avec qui allez vous l’exercer ? Quels moyens allez-vous employer etc.

    Bien sûr, je ne me désintéresse pas des fins de l’autorité, mais cette question, je la poserai directement à l’autorité elle-même. Autorité qui es tu où vas-tu ?

    Pour ma part, j’ai déjà ma réponse (subjective bien évidement) ! « L’autorité, dans la minorité de l’esprit humain, est moyen, outil ainsi qu’objectif pour aider à répondre aux besoins et aspirations d’une collectivité humaine tentant de rendre chaque membre librement responsable »

    L’autorité est alors énergie et cette énergie est neutre et objective.

    En effet, «  une société est un monde déjà constitué avant la naissance de l’enfant, et qui se présente à lui par de multiples moyens : les façons de faire, les gestes, les rapports humains, l’organisation de l’espace, le monde symbolique du langage…tout ce qui est caractéristique d’une société est déjà là, bien sûr, et présente à l’enfant qui vient au monde tout ce qu’il devra intégrer dans son fonctionnement réel et symbolique, mais aussi les normes qui s’imposent à ce fonctionnement. Autrement dit, sur le « matériel de base » que constitue l’équipement neurologique, le monde auquel vient l’enfant imprime ses marques, impose ses contraintes, En ce sens, l’esprit  est dans le monde avant de s’incarner dans un sujet particulier »

    Cet extrait d’un texte de Françoise Parot maître de conférences à l’université René-Descartes (Paris-VI) illustre bien, pour moi, l’idée que la question du sens est loin d’être une « affaire personnelle » et que comme l’esprit le sens est d’abord dans le monde. Ce qu’il faut apprendre au sujet enfant, avec autorité, c’est de questionner le sens que la société à mis en nous et à faire le tri dans ce qu’il lui apparaît en premier lieu bon pour lui, puis pour les autres dans un concept humaniste fait de partage de connaissance, savoir faire, sens du plaisir, du bonheur. Nous devons partager ce que les autres peuvent recevoir sans que nous le perdions : la sympathie, l’empathie, l’intérêt, le goût de la médiation et permettre à chacun d’accéder à divers niveaux de conscience sociale.

    Recherche utopique pour certains et de toute façon dépendant très étroitement de la culture, du contexte, du lieu, des aspirations d’une époque qui flottent confusément dans l’atmosphère et que certains possédant compétence, énergie et statut exercent avec plus ou moins de loyauté, probité, discernement…question d’éthique et de morale. L’éthique est la morale que l’on se donne à soi même,  la laïcité s’exprime par l’éthique, la religion par la morale, les deux sont affaire de règles comprises et acceptées ou ignorées et subies. Ainsi va la nature humaine !

    Pour ce qui concerne notre recherche, les deux logiques d’action sont le plus souvent conduites de façon parallèle c’est-à-dire parfois dans l’intérêt de l’individu, parfois dans celui de la collectivité, mais toujours selon le système hiérarchique de dominance en vigueur.

    Rôles, statuts, tâches, fonctions ! Des transformations ont profondément modifié la répartition des responsabilités entre les différents acteurs de l’éducation et de la socialisation. Les trois institutions qui ont en charge l’éducation et la socialisation des enfants s’organisent chacune autour d’une fonction principale qui renvoie à une logique essentielle : l’enseignement pour l’école, la socialisation pour les institutions du temps libre et pour la rue, la filiation pour la famille, ce qui n’empêche pas les transversalités. Encore faut il réfléchir à ce que ces transversalités ne se transforment en confrontation.

    La famille inscrivait les enfants dans une lignée de socialisation verticale qui devient actuellement particulièrement problématique en raison des ruptures familiales. La famille s’occupait de l’éducation religieuse et morale des enfants et elle se chargeait de leur insertion professionnelle. La crise des idéologies et des valeurs, le chômage des adultes comme des jeunes ne permettent souvent plus aux familles d’assurer ces fonctions.

    L’école est passage obligé pour tous les enfants et les jeunes. Il s’y focalise des attentes qui ne sont souvent plus compatibles entre elles : former des citoyens, assurer l’éducation à la citoyenneté, les règles du « vivre ensemble ».

    Dans le même temps, une interprétation restreinte de la laïcité conduit à éviter toute discussion portant sur les valeurs individuelles. L’on n’aborde plus la question des valeurs y compris « universelles ».On attend de l’école la transmission des savoirs permettant l’insertion professionnelle encore synonyme de promotion sociale, d’égalité des chances et de réussite.

    Les institutions du temps libre, la cité, la rue contribuaient à l’éducation morale (mouvements de jeunesse, église) La référence aux valeurs s’articulaient autour d’un projet de société. De nombreuses structures municipales ou associatives ont pris tant bien que mal le relais et assurent aujourd’hui ces fonctions selon des « projets éducatifs » : socialisation, apprentissage de règles, autonomie, citoyenneté.

    Les enfants et les adolescents se structurent à partir de ces trois lieux où des adultes font, ou devraient, faire référence. C’est dans ces lieux que l’autorité est en crise, autorité fondée sur la crédibilité que ces trois pôles ont perdue.

    L’essentiel de notre problématique tient dans cette évidence : avant que de savoir ce que l’on va faire de l’autorité, il faut dire ce que nous voulons comme autorité, à qui nous voulons l’appliquer et comment : sous forme éducative, socialisante, de remédiation, de répression, dans quels lieux et quels contextes, et se poser la question de la crédibilité de ceux qui sont censé « avoir de l’autorité » Autorité déléguée, assumée, partagée, appliquée, autorité légitime de l’enseignant, du père, du prêtre, du policier, du juge ou de l’éducateur. Le reste est affaire d’éducation, de méthode, de moyens, de morale et d’éthique.

    Francis NERI 

    29 12 06

         

     



    [1] Ce texte est une contribution aux travaux de l’IPLS sur le thème de l’autorité