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Le systémicien - Page 470

  • Le développement et le changement

    Le développement, et par conséquence le changement ne se décrète pas. Il suppose la convergence de multiples facteurs, matériels, institutionnels, conjoncturels, mais aussi et d'abord humains, qui demandent du temps, et dont seules les organisations, les groupes ou les individus préparés à l’idée même de changement détiennent véritablement la clé.
    C’est donc par le management du changement qu’il importe de commencer pour toute actions de développement personnel, des groupes ou des organisations.
    Les projets d’action collective.
    L’unité d’un groupe restreint autour d’une tâche, est toujours celle d’un contenu de représentation et de valeurs et non celle d’un processus.

    Un groupe a des valeurs, des intentions, une personnalité, des habitudes, des fonctionnements qui lui sont spécifiques.
    On ne peut, en conséquence, résoudre un problème posé, surtout s’il est nouveau ou récurant, par une action qu’il se doit d’entreprendre ou que l’on projette de lui faire entreprendre, que par l’intégration d’éléments nouveaux à cet ensemble. En effet, un groupe assimile ou rejette des connaissances, des sentiments nouveaux et, bien évidemment, un projet en fonction de sa compatibilité avec l’organisation préétablie.
    Par exemple, le processus de démocratisation voulu pour l’Irak par Monsieur BUSH semble être incompatible avec les valeurs, les intentions et la personnalité du peuple irakien.
    Il convient donc d’appréhender des méthodes et des stratégies qui permettent au groupe concerné d’assimiler sans rejets les concepts nouveaux.
    Considérons tout d’abord qu’un acteur se dirige vers un objet à partir de la connaissance qu’il en a et par le désir de satisfaire une attente. Connaissance et désir sont en effet les moteurs de la motivation, elle-même le moteur de l’action.
    Ce sont donc des attitudes et des postures, spontanément, ou soigneusement, implantées dans les esprits d’un groupe qui vont déterminer ses comportements.
    En effet, au sein des sociétés occidentales, les groupes sociaux se définissent de plus en plus à partir d’une organisation de conduites pratiques, s’appuyant sur des réseaux de relations entre les éléments qui le composent.
    Nous avons dit  occidentale ! Rien à voir semble-t-il  avec certaines « singularités », en particulier les sociétés ou les groupes restreints qualifiés d’islamistes.
    Le projet :
    Pour faire s’engager l’action au bénéfice d’un projet, il faut la diriger vers l’objet qu’elle identifie par rapport et à travers ceux, exemplaires, qui en sont porteurs. Nous noterons qu’ici le terme d’exemplarité prend toute sa signification intrinsèque.
    En même temps, cet objet doit être connu, analysé et défini. Le mouvement d’appropriation une fois effectué, le projet peut alors être évalué par lui même et non plus par rapport aux initiateurs. Le résultat s’exprimera ensuite en termes de renforcement si la proposition a respecté les règles d’appropriation, ou d’affaiblissement si le projet est imposé.
    C’est à ce niveau que seront possibles les modifications globales, voire spécifiques du fonctionnement d’un ensemble particulier.
    C’est ici également que s’appliquent les quatre « systèmes problèmes » : adaptation, visée des buts, maintien des modèles, intégration.[1]   
    L’action est toujours, pour une partie au moins du groupe concerné, rupture et innovation du  système social qui les rassemble.
    Elle appelle la reconstruction, la transformation de l’organisation sociale vers un nouvel équilibre à trouver de préférence en aval du point de départ.
    Toute initiative se démarque de l’ordre établi, mais se doit de partir d’une unité sociale de départ. C’est cette contradiction qui crée les tensions. Tout projet ne sera pleinement accepté que si le dépassement de ses contradictions s’appuie sur une pratique naturelle à dominante technique plus que culturelle.
    Enfin, pas d’innovations sans découvreurs, mais pas non plus de changements sans la mise en place d’organisations nouvelles qui ne soient collectivement acceptées.
    Tout porteur de projet doit être pénétré de ces nouvelles donnes sociales qui prétendent que l’action doit être valorisée et naturelle, car le lien social ne se définit plus exclusivement par la participation à des valeurs communes, mais de plus en plus par  « les exigences de la vie collective et le relativisme des conceptions et des principes ».[2]
    Utopies et angélisme.
    Mais les sociétés ou les groupes à forte dominante islamiste sont-elles concernées par ce mouvement ? L’Irak, par exemple ne possède t-il pas un système d’actions qui constitue un ensemble social intégré de conception fondamentalement différente et bien évidemment opposée à celui des Américains et pour tout dire, des Occidentaux ? Est–il sage, en conséquence, d’oser vouloir en modifier unilatéralement  le fonctionnement sans s’exposer à un long processus de conflits avec des acteurs qui ont une représentation de l’action collective aussi opposée ?
    Il ne nous appartient pas de porter un jugement définitif sur la méthode choisie par l’administration américaine pour que se développe l’idéal républicain et démocratique, la mondialisation des économies et l’inévitable choc des cultures, mais c’est ce choc des cultures prévisible,  mal anticipé, qui restera non maîtrisé, et qui nous semble  porteur des plus grandes menaces que l’humanité ait connu.
    Que pourrions nous faire pour enrayer l’infernale mécanique et orienter différemment le sens de l’histoire ?
    L’Europe, en tant que telle, nous semble mal engagée pour proposer des solutions alternatives.
    La France et l’Allemagne si elles ont su parfaitement jouer un rôle de contradicteurs, ne sont pas en mesure de conduire, ensemble, une action, un projet, en sens opposé car ces pays n’ont pas encore imaginé un tel scénario.
    Des solutions existent pourtant, elles existent toujours. Nous en avons abordé la trame : le respect des peuples, de leurs représentations et de leurs valeurs, en est la clé de voûte. A partir de ce postulat, les méthodes et les moyens brièvement exposés coulent de source.
    La France, encore auréolée, en terre d’Islam, d’une certaine crédibilité est en mesure de montrer la voie et de proposer un projet.
    Le fera t-elle ?

    F.NERI
    5 09 05                                                                                                                

     


     

    [1] Les dimensions du système social. T. PARSONS

    [2] E.DURCKEIM

  • Cellules dormantes

    Radicalisation est un mot que le Larousse décrit comme l’action de rendre intransigeant. Il poursuit aussitôt en affirmant que le résultat de cette action en est la révolution ! On y trouve encore d’autres liens, comme la rupture complète avec le passé institutionnel, des réformes profondes de la société, de sursauts et de réactions.
    En France, le radicalisme est apparu pour réclamer sous Louis Philippe une politique de réformes afin de  réaliser totalement les buts révolutionnaires de « laïcité, liberté, égalité ».
    Que reste t-il de cet idéal de radicalisme ? Que reste t-il de cette « singularité » qu’avait fabriquée la France et qui a fait sa gloire ?
    Faut–il penser, comme Jean Baudrillard[1], que cette « singularité » se retrouve intacte dans cette génération de jeunes activistes descendants d’immigrés qui se radicalisent au nom du Djihad faute de n’avoir pas assimilé la singularité française contenue dans nos trois principes révolutionnaires ?
    Quelles sont les responsabilités qui ont conduit à une telle situation ?
    Certains mettront en accusation les médias par le symbolisme des images qu’ils  diffusent consciemment et qui produisent des rétroactions. Celles ci se répercutent sur le recrutement des djihadistes en renforçant l’idéologie et le nihilisme islamiste. Les effets en seraient littéralement dévastateurs !
    D’autres prisonniers de leur naïveté et de leurs blocages idéologiques faits de bons sentiments, de tolérance et de culpabilisation sur la France coloniale ou le partage des richesses, dénonceront le populisme des dirigeants, la précarité et la stigmatisation des populations immigrées.
    La bien-pensance traditionnelle, enfin, s’en prendra  aux Etats Unis, au « libéralisme déchaîné », à Israël ou à la culture occidentale, en particulier celle d’origine judéo-chrétienne où parait-il se recrutent les « nouveaux croisés ».
    Posée ainsi, la réponse est dans la question : nous sommes tous coupables ! Nous sommes coupables d’un trop grand confort, d’une culture trop spécialisée, trop technicienne, de ne pas savoir nous souvenir des déboires, des efforts et des sacrifices de nos parents. Nous sommes coupables de notre laxisme, de notre faiblesse lesquelles ont laissé se développer pendant des années une mouvance communautariste explicitement contraire aux valeurs démocratiques occidentales. Nous sommes coupables de la peur de perdre nos acquis, que nous méprisons par ailleurs dans notre inconscience. Nous sommes coupables de céder à  l’injonction contradictoire de l’appel à la vie à l’appel au néant qui tente toute civilisation.
    A présent, il devient difficile de nier que la « singularité » de la révolution islamiste est un problème pour l’Europe, et pour la France en particulier, compte tenu de son passé et de sa proximité avec une culture qui lui est encore et toujours incompréhensible.
    Cette problématique que pose l’islam, et qui est animée par un esprit de conquête sans précédents contemporains, s’exerce dans un climat idéologique et culturel mortifère dans notre  pays qui a depuis longtemps renoncé à promouvoir des valeurs qu’il a oubliées ou méprisées.
    Notre pays qui affirme avoir basé son système d’intégration sur l’assimilation mais qui depuis les années 70 est passé culturellement du discours de l’assimilation affichée à celui de l’intégration pour revendiquer l’insertion et à qui présent admet comme inéluctable la revendication identitaire culturelle, cultuelle et ethnique.
    Bref, peu de différence réelle avec le système communautaire britannique, basé sur le multiculturalisme,  longtemps vanté par nombre d’idéologues et d’acteurs sociaux Français et qui démontre aujourd’hui son vrai visage, la nature de ses limites et leurs conséquences sanglantes.
    Bien évidement, ces « bien pensants » de la pensée unique, spécialistes de l’endormissement des esprits, à l’abri dans leurs beaux quartiers ou leurs pavillons de banlieue, s’empressent de rejeter la responsabilité de ces désastres sur les discriminations, le chômage, les cités et les politiciens. Ils refusent et occultent les réalités au nom de convictions qu’ils ne peuvent reconsidérer par crainte de remettre en cause leurs prérogatives, leurs pouvoirs ou leur statut social.
    Depuis quelques temps, devant l’évidence du danger, s’élèvent enfin des voix inquiètes pour dénoncer un des aspects de la guerre qui nous est menée et qui pourrait conduire à la « libanisation de la France ». Nous savons où la guerre civile libanaise a conduit ce pays, « la suisse du moyen orient ». Le Liban, auparavant sous la direction des élites chrétiennes, a sombré a la suite de cette guerre déclenchée par les chiites devenus majoritaires grâce à une forte explosion démographique et une importante présence palestinienne
    Il est aujourd’hui aisé de constater  sur les registres d’état civil et dans la rue que si la démographie dans notre pays est la meilleure, c’est grâce à l’immigration clandestine massivement et périodiquement régularisée, au flux des réfugiés, et en particulier au regroupement familial cher à messieurs V. Giscard d’Estaing et J.Chirac.
    Devant cette explosion démographique de l’immigration sur notre sol, personne ne peut dire où nous conduira une  politique suicidaire du renoncement si nous refusons encore et toujours à inculquer, sans états d’âme, notre culture laïque, nos valeurs, nos règles à une immigration et ses descendants qui n’attendent pourtant que cette occasion pour enfin véritablement s’intégrer et bénéficier de nos droits et de nos devoirs.      
    Personne ne peut nier sauf angélisme que la culture musulmane est difficile à accepter comme telle par les Français de souche, car trop difficile à appréhender hors de son contexte religieux. La distinction est floue, dans l’islam, entre ce qui relève de l’exercice religieux et de la vie politique et sociale. Nier ces particularités s’est avéré dangereux et la cause de nombreuses difficultés. Il ne s’agit pas bien évidement de lutter contre une religion, mais de refuser une vision archaïque de la société qui ne correspond en rien à la volonté démocratique du XXI e siècle et à notre histoire. Il ne faut surtout pas  nous laisser entraîner sur le terrain religieux par ceux qui veulent changer notre société pour appliquer leur conception du monde : l’islam de la charia.  Notre réponse doit être à la fois politique, éducative, sociale et d’une grande fermeté envers ceux, immigrés ou non, qui seraient tentés de nous imposer leur mode de vie par quelques moyens que ce soit. Pour cela nous devons répondre, en priorité, à l’attente de cohésion sociale des français qui est la même pour tous : un emploi, un logement, une famille, un cadre de vie acceptable et un vivre  ensemble apaisé.      
    Personne n’est prêt d’oublier cette période obscure des premiers chocs pétroliers et de  la véritable démission culturelle, économique et sociale de la France qui échangea la fourniture de pétrole contre l’immigration, la reconnaissance et les droits culturels et cultuels des islamistes[2].
    Personne n’est disposé à tourner la page, ni de pardonner la cécité de nos élites, sur les difficultés économiques provoquées par les crises pétrolières qui allaient rendre impossible cette immigration persistante et qui allait devenir une source croissante de tensions sociales et provoquer l’incompréhension et la colère de nombre de Français qui vivent au quotidien l’absence de travail,  la délocalisation et la perte de leur identité.  
    Personne ne peut oublier que c’est afin de punir l’Occident pour son soutien à Israël au cours de la guerre du Kippour déclenchée par l’Egypte et la Syrie (octobre 1973), que les monarchies pétrolières mises au pied du mur par les intégristes du wahhâbisme ont déclenchées la « guerre du pétrole »       
    Si guerre et « libanisation » il doit y avoir, c’est bien de responsabilité collective qu’il s’agit. Volonté de nos idéologues, fabricants de concepts et politiciens qui depuis plus de trente ans nous conduisent volontairement dans ce piège. Volonté de nos pacifistes irréductibles qui confondent pacifisme avec soumission. Volonté de nos économistes qui sacrifient l’intérêt pétrolier à l’avenir de nos enfants.
    Volonté enfin des masses populaires qui, dans l’idée désespérée et désespérante de préserver leurs avantages, pratiquent la politique de l’autruche en confiant leur destin à des illusionnistes.
    Sans doute est il trop tard pour en sortir par les moyens que nous avons refusés d’appliquer sous prétexte que nous y voyons des atteintes à la liberté des individus et des groupes, à l’individualisme, à la morale, voire à l’éthique. Ce sont pourtant des pratiques éprouvées qui ont trait à la régulation des conduites qui peuvent se faire par : l’acculturation, c'est-à-dire l’apprentissage de règles sociales minimales, par l’éducation à nos valeurs sociétales au sein de l’école, de la famille et de la société, de la remédiation par la modification directives des comportements antisociaux, par autorégulation ou enfin par intervention clinique.     
     
    Trop tard, car les trois pôles de l’éducation que sont l’école, la famille et les institutions de la « société civile » sont en faillite et ont laissé la place à la rue avec son cortége de contre cultures en particulier islamistes et djihadistes.
      
    Trop tard pour la prévention, car la prévention a échoué. Elle est devenue synonyme de faiblesse et ce sont nos adversaires qui l’utilisent pour mieux développer leurs réseaux en particulier associatifs. Réseaux culturels, cultuels, sportifs et autres, que  nous finançons essentiellement par nos collectivités locales et territoriales.
    Il faut nous souvenir du discours en 1974 de Monsieur Boumediene alors Président de la République Algérienne, et qui tenait devant l’ONU les propos suivants : « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour faire irruption dans l’hémisphère nord. Et certainement pas en amis. Car ils y feront irruption pour le conquérir. Et ils le conquerront en le peuplant de leurs fils. C’est le ventre de nos femmes qui nous offrira la victoire. »
    Monsieur Boumediene avait correctement analysé les forces en présence, et ses intentions pourtant clairement affichées, comme d’ailleurs celle de tous les islamistes, n’ont inquiété personne tant notre confiance en la permanence de la société occidentale nous aveuglait.
    Il est temps de prendre conscience de deux choses : dans l’esprit des djihadistes, la conquête de l’occident est « programmée » depuis bien longtemps et le pétrole considéré comme un cadeau est une arme divine mise à la disposition des islamistes pour réaliser cette conquête.
    De notre côté, et vous voudrez bien comprendre que c’est sans  m’excuser que je me range, malgré ses faiblesses, dans ce camp, l’Occident, et la France en particulier, n’ont aucun moyen véritablement « soft » de mettre fin à cette guerre qui nous est déclarée, car nous nous refusons, avec raisons, à une nouvelle barbarie.
    Comme toujours, nous sommes en retard. Comme toujours, nous cherchons à échapper au destin que nous avons-nous même construit. Comme toujours, il va falloir faire preuve de courage, d’héroïsme et de sacrifices. Comme toujours, le tribut sera lourd parmi les victimes innocentes. Comme toujours les élites politiques, sociales, économiques, conceptuelles et religieuses, se tiendront à l’abri des affrontements dans leurs résidences surveillées des quartiers chics et nous donneront des leçons de morale, d’éthique, de lien social, ils tenteront des médiations et nous inviteront au calme, à la patience et à la résignation.
    Comme toujours, nous serons les dindons de la farce. Comme toujours, sauf si nous nous « radicalisons » également et nous retrouvons autour de nos valeurs, de notre culture, de nos intérêts et de nos ambitions pour défendre ce que nous n’aurons jamais dû oublier, nos référents révolutionnaires : laïcité, liberté, égalité, ce qui nous permettra également de mettre en œuvre une vraie fraternité envers nos frères humains de l’Islam, à la condition d’en avoir enfin les moyens et qu’ils observent l’adage sans équivoque qui dit :
    « Aide toi à évoluer afin de trouver ta place dans le train du progrès que l’avenir, si nous lui permettons  d’exister, prédit à la fois serein, économique, social, culturel et écologique. Le ciel Français qui t’a accueilli t’aidera à le faire. Même si tu dois monter en troisième classe çà en vaut la peine. Et puis, de la troisième, rien dans notre modèle d’intégration ne t’empêche d’accéder à la première si cela te tente. 
    C’est bien plus tentant que de devenir une « cellule dormante » séduite par l’islam de la charia qui, correspond aux règles sociales du VII e siècle de notre ère.
    « No futur » dans ce cas pour toi et tes semblables, qui pensent que la violence de la guerre civile est une réponse au chômage, à la pauvreté et  l’exclusion sociale. »
    L’histoire démontre que c’est toujours les victimes innocentes, et ceux qui obéissent aux illuminés et aux fanatiques qui les conduisent, qui payent chèrement de leur vie et celle de leurs enfants la folie de ces criminels. 
    Pensons y !   
    Francis NERI
    22 juillet 2005         
     
     



    [1] La mondialisation, un holocauste ?

    [2] Documents de Bat Ye’or

  • Intégration et interaction

     

    L'intégration et l’interaction en politique sont possibles mais certains d’entres nous n’en veulent pas. Elles leur font peur. 

    J'ai longtemps réfléchi à la notion d'intégration et d’interaction en politique, et à la politique tout court d'ailleurs. Réflexion sur nos attitudes et nos comportements influencés par la base physicochimique, biologique qui nous constitue et par la société qui nous transforme.
    Réflexion aiguisée depuis cette prise de conscience, que je suppose et espère  collective, de la collusion entre les trois sommets : rouge, noir et vert  du « triangle des Bermudes » dans lequel nous nous précipitons allègrement.
    Je pense que l'intégration et l’interaction ne sont pas en panne de politique. Les politiciens la veulent et  tous les partis traitent des problèmes - et des solutions - de l'économique, du social et de bien d’autres choses en vantant les mérites de la cohérence, de la mutualisation, de la possibilité de rassembler ses énergies et ses moyens autour de « projets communs ». Le dernier dispositif en date, le plan de cohésion sociale, fait suite aux contrats de ville, aux contrats  éducatifs locaux et autres contrats de sécurité. Il invite, comme ses prédécesseurs, tous les partenaires sociaux et économiques « à travailler ensemble ».
    Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’accueil du dernier né par les administrations décentralisées, les collectivités locales et territoriales, et la « société civile », est pour le moins attentiste.
    Alors ! Encore une fois le projet est il insuffisamment bien accompagné ? Manque-t-il de courroies de transmissions ? N’est-ce qu’un  effet d’annonce coûteux de plus, un pansement sur les plaies sociales à vif ou estimées telles ? Avons nous tout simplement les moyens de le mettre en œuvre ? Bref y croyons nous ?
    Peut être parce que nous pensons « assimilation » quand nous entendons le mot « intégration » et que chaque administration et autre institution, et bien évidemment chaque communauté, veut conserver à la fois son autonomie, sa culture et ses moyens. En cela d’ailleurs, la décentralisation, telle qu’elle est conduite, n’arrange pas les choses. Quant aux communautarismes revendicatifs et sectaires, ils nous conduisent inexorablement aux affrontements ethniques, culturels et cultuels.
    La solution : changer les pratiques !  
    Y a t-il  jamais eu de « parti » de l’intégration, de la cohésion sociale ou  de la réforme. Je  ne pense pas, mais chaque fois il y a eu des modes de pensées qui sont devenues des modes de vie, des pratiques. Ce sont ces modèles de société qui s'imposent, car la politique n'est pas réformiste ou intégrative,  elle est société ou si vous préférez le miroir de nos attitudes et de nos comportements. Ce qu'il faut, c'est repenser la société, c'est-à-dire repenser les rôles de chacun d'entre nous,  dans une pédagogie du projet qui débouche sur une finalité, des objectifs et des moyens.
    Faut-il pour cela revenir à la planification que nous avons rangée aux oubliettes, peut être parce que nos plans se seraient révélés caduques ? Ou encore que nos prévisions nous aient effrayés comme celles par exemple du « Club de Rome » Ou enfin que nous ne savons plus que choisir comme mode dominant de distribution des richesses et modèles de la pensée : le socialisme (voire à nouveau le communisme), le libéralisme (voire à nouveau le nationalisme), l’islamisme (voire à nouveau le catholicisme) ?   
    Sans doute y a t-il un peu de tout cela  et la sagesse devrait nous inciter a ne pas se cantonner à des disputes stériles pour savoir si on préfère un système à un autre, la droite ou la gauche, Durand ou Dupond et qui va imposer son idéologie au fer rouge chauffé à la bougie  des alter mondialistes ou des écologistes. C'est même carrément hors sujet et le bon peuple de France  ne cesse de nous le rappeler d’une élection à l’autre. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est planifier la distribution des richesses, gérer la démographie et l’immigration,  croire à un projet de société et se remettre au travail.
    En un mot, jouer le rôle d'intendant.  Ce serait déjà un net progrès, mais  il ne faut pas  perdre de vue que notre planète ne connaît pas les frontières. Certains systèmes  se sont éteints, parce qu’ils ne correspondaient plus aux besoins et aux attentes des peuples et qu’ils n'étaient pas internationaux. Le problème actuel de la France, en Europe et dans le Monde  se retrouve dans ces deux termes et, l’influence politique, sociale, économique et culturelle de la France s’éteindra si elle n’est pas intégrative à la fois  auprès des Français, des Européens et de tous ceux qui vivent d’autres lois, d’autres règles, d’autres cultures sous d’autres écosystèmes.
    Entendons nous bien, intégration ne signifie en rien que nous devrions renoncer aux « particularités » qui ont produit nos déterminismes biologiques, environnementaux, sociaux, écologiques, culturels, cultuels etc.
    Ces automatismes de pensées et de pratiques, il nous appartient de les remettre en cause si nous constatons qu’ils ne sont plus adaptés à notre environnement proche ou lointain. A moins de nous abandonner aux forces organisatrices du chaos, du hasard, de la nécessité ou d’un Dieu tout puissant, bref, d’un « régulateur » externe, nous devrons faire preuve de lucidité, de courage et de nous débarrasser de cet l'esprit de clan qui se protège contre les autres, que nous refusons, et qui nous empêche de planifier puis d'élaborer, nous handicape et nous conduit à l’abîme dans un splendide isolement. 
    Il faut donc, sur notre expérience partagée et celle des autres, inventer des nouvelles pratiques. Rechercher et  mutualiser celles qui ont fait leurs preuves. Mettre en commun les moyens que notre imagination créative peut rassembler.
    L'intégration  n'est pas en sommeil, c'est la société qui l'est, et la société, c'est nous. Ce n'est pas des modèles de consommation qu’il nous faut ou des vedettes du sport ou de la politique spectacle nous conduisant vers la victoire, mais des penseurs. Et non pas des penseurs qui nous disent ce qu'il faut penser, puis ce qu’il convient de faire, mais  qui nous apprennent à découvrir la pensée libre. Il faut que chacun de nous soit porteur du mode de vie qu’il a choisi et que même si le choix est limité, ceux qui nous sont proposés se doivent  d’être le plus large possible. Je crois en effet que les grands leaders politiques de notre époque ne peuvent plus engendrer de nouveaux courants de pensée, nous attendons qu’ils s’imprègnent  des notre. Et même si notre pensée est encore confuse, leur sensibilité, leurs capacités de synthèse et de stratégie  doivent servir à  réunir les acteurs sociaux,  capter les attentes et les besoins, amplifier le mouvement des idées et surtout les mettre en oeuvre.
    Pour une politique qui intègre les sensibilités.
    La politique est société. Mais quelle société voulons nous ? A nous de répondre, et autrement que dans des urnes qui ont démontrées leur insuffisance et dans un système « démocratique » qui n’en a plus que le nom et qui a perdu toute efficacité.
    Ce n’est pas non plus dans la rue et ses affrontements que nous trouverons les réponses, car c’est toujours les  peuples en révolte qui paient chèrement l’irresponsabilité de leurs leaders charismatiques.
    Il faut simplement que nous soyons nombreux, très nombreux, à penser, à proposer et à se manifester afin que nos représentants, qui décident en notre nom après nous avoir  consulté, se gardent de méconnaître nos idées qu’ils ont accepté de porter et redoutent notre réactivité.
    La société n’est pas que la simple somme des individualités, c’est une somme plus autre chose. C’est ce quelque chose d’autre qui nous fait avancer et pour avancer, chacun d’entre nous devrait se  motiver  ainsi : «  J’essaie de faire correspondre ma vie avec les autres à l’idée que je me fais d’un chef d’œuvre, et ce n’est pas une mince affaire alors commençons tout de suite. »
    Francis NERI
    06 08 05