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Le systémicien - Page 48

  • Pas d’amalgame ! Vraiment ?

    Après chaque attentat commis par un mahométan sur le territoire national, les bonnes âmes autorisées se lèvent toutes pour hurler à pleins poumons l’incantation magique, le mantra obligatoire : « Pas d’amalgame ! » Autrement dit : n’imputez pas à tous les arabes ni à tous les adorateurs d’Allah ce que commet l’un d’entre eux. Soit.

    Le message est bien passé, tellement bien même que les réactions aux attentats – y compris les plus meurtriers numériquement – sont invariablement, dans l’ordre chronologique :

    1. Mettre des bougies et des nounours sur le lieu de l’attentat
    2. Enseigner aux petits enfants de France qu’on ne répond pas à la violence par la violence
    3. Crier « Vous n’aurez pas ma haine »
    4. Opposer un vindicatif « Pas d’amalgame » à ceux qui seraient tentés de faire remarquer que… quand même… enfin bref…

    C’est ainsi qu’on a émasculé une génération entière de Français.

    Puis, vint l’opération militaire russe en Ukraine.

    Et là, d’un coup, tous les amalgames possibles furent autorisés, et même recommandés. On s’autorisa à licencier les artistes russes des compagnies de danse, des orchestres, des opéras. Pourquoi ? Ben parce qu’ils étaient russes, justement ! Pas d’amalgame ? Ah bah si ! Là, ça va !

    Il fallait retirer Tchaikovsky des programmations artistiques, Dostoyevsky des programmes des universités, et tout ce qui sentait bon la taïga devait être brûlé. No pasaran. Pas d’amalgame, dites-vous ? Ah mais c’est que vous n’avez rien compris.

    Enfin, on n’irait pas jusqu’à la haine et les menaces de morts, pensiez-vous ? Détrompez-vous vite fait ! Facebook autorisa sur-le-champ les menaces de mort à l’encontre de Vladimir Poutine et des Russes en général, parce que , hey, nous, on est dans le camp du bien, hein. Donc, la haine, c’est pas bien, sauf quand c’est bien.

    Vous ne comprenez rien ? C’est normal : il n’y a rien de logique à comprendre. Si ce n’est une chose, toujours la même : la gauche est contre les amalgames, sauf les siens, et elle est contre la haine, sauf la sienne.

    Robin de La Roche

  • Situer : Général Vincent Desportes

    « Vladimir Poutine ne peut plus compter sur une victoire rapide »

    « À quoi sert la guerre ? À changer les conditions de la négociation. » Au 18e jour du conflit en Ukraine, le général (2s) Vincent Desportes fait un point sur la situation des armées belligérantes pour les lecteurs de Boulevard Voltaire. Les Russes s'enlisent : l'issue du conflit se rapproche-t-elle ?

    Marc Eynaud. L’armée russe continue d’envahir l’Ukraine. Selon vous, peut-elle venir à bout de la résistance ukrainienne dans les semaines qui viennent ?

    Général Vincent Desportes. Le rouleau compresseur est en train de s’embourber. Quand vous superposez les cartes du théâtre de guerre que la presse publie tous les matins, vous vous apercevez que les avancées sont minimes. Aujourd’hui, au 18e jour de guerre, la seule ville conquise est la ville de Kherson. Partout ailleurs, les Russes sont en échec. Ils n’arrivent pas à prendre Kharkov, ni Marioupol, ni Kiev. Ils sont freinés dans leur avancée vers Odessa. L’armée russe est actuellement dans une mauvaise situation qui ne permet pas de voir une percée. Aujourd’hui, le moral n’est pas dans le camp russe mais dans le camp ukrainien. Pour l’instant, c’est l’armée ukrainienne qui gagne en défensive ; avec un rapport initial de un contre neuf, elle arrive à arrêter une armée russe entraînée depuis des années. L’armée ukrainienne a un moral de vainqueur alors que l’armée russe s’embourbe avec, forcément, un moral de perdant.

    1. E. Le phénomène de la fonte des neiges provoque une boue qui peut ralentir les armées d’invasion. L’armée russe est-elle aux prises avec ce phénomène ?
    2. V. D. Jusqu’à présent, l’Ukraine était frappée par une vague de froid considérable qui a fait souffrir le martyre aux différents réfugiés. M. Poutine a plusieurs possibilités. Soit il va assez vite dans le cadre des négociations en obtenant ce qu’il peut obtenir grâce au rapport de force, soit il monte aux extrêmes. J’espère qu’il aura la sagesse de s’en tenir aux négociations.
    3. E. Pour vous, il faut qu’il négocie très vite ?
    4. V. D. Il ne peut plus compter sur une victoire rapide. La presse se fait l'écho de sa demande de renfort à la Chine. Cette dernière dément. On sait que l’armée russe rapatrie toutes les troupes disponibles de la partie asiatique du pays et de Géorgie. Le président Poutine a demandé l’envoi d’une légion syrienne et il essaie de reconstituer ses forces. Ce n’est pas étonnant, car l’état-major français dit que Vladimir Poutine a utilisé complètement les deux premiers échelons qu’il avait rassemblés pour se lancer dans la bataille, le 24 février au matin. À présent, il est en train de taper dans ses réserves. Il n’est pas pris à la gorge, mais il le sera bientôt. Donc, soit il monte dans la violence, soit il négocie.
    5. E. Le gouvernement ukrainien peut-il renoncer à la perte des républiques du Donbass et de la Crimée ?
    6. V. D. Nul ne peut préjuger de ce qui sortira des négociations. Mais il est évident que M. Poutine n’arrêtera pas l’horreur dans laquelle il est entré s’il n’obtient pas quelque chose. Aucun dirigeant ne pourrait rentrer dans son pays en disant « J’ai fait tuer 10.000 soldats pour rien ». Il faudra bien qu’il ait quelque chose et que le président Zelinsky en lâche un peu, probablement les républiques du Donbass et probablement la Crimée, dont le lien avec l’Ukraine est un peu faible. Il faut qu’il comprenne que ne rien lâcher, c’est aller à sa propre perte.

    À quoi sert la guerre ? Ça sert à changer les conditions de la négociation. Et avant la guerre, M. Poutine n’était pas écouté quand il voulait que la Crimée soit reconnue comme russe et que les républiques du Donbass soient libres. Il est entré en guerre pour avoir plus de poids dans la négociation. Il ne sortira de ces nouvelles négociations que si on lui donne quelque chose. Et il faudra, à un moment donné, que M. Zelensky le comprenne, ce ne sera pas forcément simple. Ce dernier fait figure de héros et il aura tendance à s’accrocher à cette figure de Churchill ukrainien. Probablement que les Américains ou les Européens lui feront comprendre que l’intérêt de tout le monde et de l’Ukraine est qu’il y ait des négociations et que M. Poutine reparte avec quelque chose.

    On sort de la guerre de deux manières, soit par la négociation et les compromis, soit par la destruction de l’un ou l’autre. Il faut trouver une solution raisonnable.

    https://www.bvoltaire.fr/general-vincent-desportes-vladimir-poutine-ne-peut-plus-compter-sur-une-victoire-rapide/

     

     

     

  • Situer Osep Borrell

    Le vice-président de la Commission européenne, reconnaît ses torts dans le conflit russo-ukrainien

    De Ségolène Royal à Marine Le Pen, tout en passant par Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour, nombreuses sont les voix à s’élever contre le manichéisme politico-médiatique dans la guerre qui oppose Moscou à Kiev. Mais le 10 mars, sur le plateau de LCI, c’est une autre voix, d’un autre genre et d’un tout autre profil, qui se fait entendre : celle de l’Espagnol Josep Borrell, ancien ministre socialiste et Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. Elle n’en a paradoxalement que plus de poids, puisque allant à l’encontre de la doxa dominante de l’organisme dont il est l’éminent représentant ; qu’on en juge.

    À la question consistant à savoir si les autorités européennes ont eu raison de tant céder à des USA n’en finissant plus de pousser les pays de l’Est à rejoindre l’OTAN, trompant ainsi les Russes et revenant sur le pacte tacite décidé à la chute de l’URSS, Josep Borrell répond sans ambages : « Je suis prêt à reconnaître qu'on a fait des erreurs et qu'on a perdu des opportunités. Il aurait fallu se rapprocher de la Russie après la fin de l’empire soviétique. »

    Soit cette fameuse « Maison commune » qu’appelaient de leurs vœux François Mitterrand et son homologue d’alors, Mikhaïl Gorbatchev, projet dont Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères, entendait être le maître d’œuvre. En vain. L’Histoire est malheureusement faite de ces occasions manquées. Et Josep Borrell de reconnaître : « Les Russes ont beaucoup souffert ; il faut comprendre ça. […] Il y a une certaine rancune que Poutine exploite. » Certes, mais on ne saurait non plus lui reprocher d’avoir rendu à la Russie son lustre perdu et sa place dans le concert des nations. Bref, poursuit cet eurocrate en proie à un étonnant accès de lucidité : « On aurait peut-être pu faire mieux, on a promis des choses qui n'ont pas été mises en pratique, comme celle voulant que la Géorgie et l’Ukraine ne fassent pas partie de l’OTAN, même si cela ne s’est pas réalisé. »

    Et de résumer : « C’est une erreur de faire des promesses qu’on ne peut pas tenir. » Mais il y a une autre erreur qu’il passe en pertes et profits ; celle consistant à faire croire aux peuples européens que les instances de Bruxelles sont souveraines, alors qu’elles ne font globalement que relayer la politique de la Maison-Blanche, ce, depuis les débuts de la construction européenne, voulue par les Américains, puis les Anglais, comme un simple espace de libre-échange n’ayant pas vocation à devenir une puissance politique.

    Le général de Gaulle l’a appris à ses dépens et même Jacques Chirac, sous influence de Marie-France Garaud et Pierre Juillet, avait fini par s’en rendre compte à l’occasion de son fameux « appel de Cochin », le 6 décembre 1978. Morceaux choisis : « Il est des heures graves dans l’histoire d’un peuple où sa sauvegarde tient toute dans sa capacité de discerner les menaces qu’on lui cache. L’Europe que nous attendions et désirions, dans laquelle pourrait s’épanouir une France digne et forte, cette Europe, nous savons depuis hier qu’on ne veut pas la faire. Tout nous conduit à penser que, derrière le masque des mots et le jargon des technocrates, on prépare l’inféodation de la France, on consent à l’idée de son abaissement. […] Comme toujours quand il s’agit de l’abaissement de la France, le parti de l’étranger est à l’œuvre avec sa voix paisible et rassurante. Français, ne l’écoutez pas. C’est l’engourdissement qui précède la paix de la mort. »

    Voilà qui aurait pu être signé aujourd’hui. Mais pas forcément par Valérie Pécresse, même si excipant de son héritage gaulliste et de sa filiation chiraquienne.

    En attendant, Josep Borrell ne fait que confirmer ce que certains affirment depuis le début de ce conflit fratricide : la culpabilité de Vladimir Poutine ne saurait excuser les responsabilités des institutions européennes et de leur maître américain. Il n’est pas anodin qu’un tel homme en prenne enfin acte.

    12 03 22

    Nicolas Gauthier

    Journaliste, écrivain