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Le systémicien - Page 454

  • Thérapie systémique et dépendances.

    En matière d’addictions, de dépendances, je suis frappé par l’absence d’efficacité des thérapies psychanalytique. Freud, Lacan, Dolto seraient-ils de ces praticiens qui bien que doutant de leur efficacité s’évertuaient  par habitude ou par intérêt à ne pas prendre le vent d’une « réalité » nouvelle ?  

    Ne pas aller de mal en psy ! Pour résoudre la plupart des problèmes, le comment semble aujourd’hui  préférable au pourquoi !

    Thérapie systémique et dépendances.

    La traditionnelle séparation du sujet et de l’objet est, dans ce domaine,  fondée dans un système holistique[1] de transformations des différences.

    L’alcoolique, le drogué,  vivent  dans un système circulaire de défis où se répondent les assertions contradictoires : "Je peux ne pas consommer", et, inévitablement, "Je peux consommer sans danger".

    Cette fierté dans le risque est suicidaire en ce qu’elle place hors du soi l’échec. À l’opposé de cette démarche qui s’enferme dans une relation symétrique à l’autre, les psychothérapeutes systémiques conseillent de s’abandonner à la dépendance, de toucher ainsi le fond, ce qui correspond "en psychothérapie à la boucle de rétroaction positive provoquée par le thérapeute qui pousse le malade dans le sens de ses symptômes". C’est la technique de la "double contrainte" (double bind), fondée sur "l’épistémologie dichotomique de l’addiction: esprit contre corps".

    Ainsi l’addict, acculé à cela par la double contrainte, sombre-t-il au plus bas, là où s’opère parfois un "changement involontaire dans l’épistémologie[2] inconsciente". C’est alors la découverte et la reconnaissance d’un Pouvoir supérieur au soi et pourtant intimement lié à chaque individu. Ainsi se trouve posée de façon cybernétique la relation du soi non réifié[3] au tout de ce Pouvoir, de ce Dieu qui est la partie de  en même temps que le tout.

     Ce voyage dramatique et la conversion épistémologique qui en résulte représentent un au-delà de la mort du soi et l’instauration d’une relation favorable au tout, entièrement construite sur la complémentarité du "faire partie de" (et non sur l’opposition symétrique et égalitaire). Ce cheminement de l’addict au plus profond du désespoir et du danger de mort est voisin de celui qu’entreprend l’anorexique.

    Dans l’un et l’autre cas, la seule issue se situe au-delà des "commandements contradictoires" et des "doubles contraintes",[4] c’est-à-dire hors du conflit symétrique, du côté d’une acceptation de la relation systémique[5] au tout.

    La problématique de dépendance qui caractérise le toxicomane est abordée sous l'angle relationnel (communication thérapeutique).

    La dépendance doit alors être comprise dans une dimension circulaire entre un adolescent en difficulté dans le processus de séparation individuation et des parents en difficulté par rapport à ce qui est mis en jeu à leur niveau dans ce processus.

    Le travail thérapeutique à partir d'une observation, est alors abordé sous l'angle systémique, dans un modèle intégratif qui tient compte des problématiques personnelles et des jeux relationnels impliquant trois générations. La théorie de l'attachement fournit un fil conducteur pour la compréhension des attentes affectives déçues qui sous-tendent la conduite toxicomaniaque. L'élucidation en cours de thérapie de ces attentes répercutées sur les diverses générations, permet à chacun des partenaires de trouver une place mieux appropriée dans l'entrecroisement des liens d'alliance et des liens de filiation. (Thérapie brève et familiale)

    Il n’y pas de thérapies adaptées autre que le sevrage et  l’accompagnement en milieu fermé et directif pour les addictions et dépendances profondément implantées.

    La substitution (méthadone et subutex) est inefficace et comporte des effets sociaux pervers considérables quand elle est appliquée en milieu ouvert.



    [1] Holistique : Globalité, totalité

    [2] Epistémologie : Etudie comment la connaissance est possible. Ou encore comment la connaissance est fabriquée.

    [3] Réification : Opération mentale consistant à transformer une abstraction en une réalité matérielle, en un objet concret de la réalité externe.

    [4] Double contrainte : "Celle-ci est une expérience répétée où une injonction négative primaire associée à une menace de punition se trouve contredite à un niveau plus abstrait  par une injonction secondaire renforcée par la punition ou même une menace de survie. Enfin, une injonction négative tertiaire interdit à la victime d’échapper à la situation. Fondamentalement, la double contrainte est "une situation où l’autre émet deux genres de messages dont l’un contredit l’autre". Dans une situation familiale génératrice de schizophrénie, "l’enfant est puni parce qu’il interprète correctement ce que sa mère exprime, et il est également puni parce qu’il l’interprète mal". G Bateson.

    [5] Systémique : L’approche systémique est née de la rencontre entre plusieurs disciplines dont la biologie, la théorie de l’information, la cybernétique et la théorie des systèmes. La systémique n’est pas une science, une théorie ou une discipline nouvelle, mais une méthodologie transdisciplinaire qui permet de rassembler et d’organiser les connaissances en vue d’une plus grande efficacité de nos actions.

  • Le bon stress

    J’avais promis à certains de mes correspondants une suite à : « La gestion du stress ». J’avais fait quelques travaux à ce sujet durant ma « carrière » d’Educateur Sportif » Un ami m’avait fait parvenir un ouvrage du Dr Hans Selye aujourd’hui épuisé que j’avais « égaré » au fin fond de mon ordinateur. Ah ! Ces machines. Un bon technicien m’a permis de le retrouver ainsi que ces thèses tombées dans l’oubli hélas ! J’ai pu vérifier que mon approche correspondait modestement à la sienne. Aussi j’ai pensé utile de vous la communiquer.

    Bien cordialement !   

    «D'un point de vue neurologique l’expression des émotions, une activité intense,  constituent  une véritable révolution. Il n'y a rien de mieux pour le cerveau ».

    Les compétences sociales se diversifient, l’individu est  plus calme, plus conscient  et  plus manœuvrant. Il fait davantage confiance. La nature nous donne ce qu'il faut et entre autre, la capacité de méditer. Est-ce une forme d'intelligence? Probablement. En tout cas, l’expression des  émotions, l’affect et l’empathie ne rendent  pas débile, au contraire.»

    Plongé dans un bain d'hormones endogènes et soumis à des expériences émotionnelles intenses  le cerveau se transforme physiquement. Il développe de nouveaux neurones et circuits pour affronter un environnement plus exigeant. « Dans l'histoire animale, le cerveau est programmé pour assurer la survie,  trouver de la nourriture, se rappeler où celle-ci se trouve, s'assurer que l'endroit est sécuritaire et éviter les prédateurs».

    «Chez le rat, il est constaté que les sens sont plus aiguisés durant la  compétition alimentaire, sexuelle et lors des  contacts sociaux intenses, tandis que sa mémoire et ses capacités d'apprentissage sont améliorées. L’animal résiste mieux au  stress, tout en étant plus courageux et plus habile ». Les compétences sociales - ou intelligence émotionnelle - seraient aussi augmentées. Il en est de même chez l'humain.

    «Du jour au lendemain, je suis devenu très organisé, capable de faire 20 choses à la fois affirme une personne acquise à la « gestion du stress » et la méditation. Je suis plus productif au bureau, je gère mieux mon temps. Quand je vis un pépin au bureau, je relativise.»

    C’est l'emblème de notre intelligence organisationnelle. Les effets sur le cerveau sont accentués « On peut s'imaginer que, lors d'un premier cycle de changements et d’adaptation, des modifications s'opèrent dans un circuit. Une trace reste, le corps est rodé pour un deuxième cycle. C'est un peu comme le système immunitaire: après avoir combattu un virus, certaines cellules en gardent la trace pour y répondre plus rapidement et plus efficacement s'il revient. Chez l'humain, il y a aussi une dimension cognitive. Celui qui est déjà passé par là  sait que le « moteur » ne se cassera pas.» Il réagit plus vite aux sollicitations de son environnement, produit plus d’endorphines, dort mieux, est moins stressé.

    Mieux outillé pour toujours? Probablement ! Il a été observé des progrès en apprentissage et mémoire chez des rats. Chez l'humain, ça équivaut à 80 années! «Les individus  de 80 ans ont moins de risques d'Alzheimer et leur cerveau semble en meilleure santé», soulignent les chercheurs.

    Figurer parmi les meilleurs gestionnaires, être moins stressés et plus productifs? Possible, mais pas sûr ! «Les changements au niveau du cerveau sont favorisés et maintenus par la hausse d'hormones Ils sont latents, ils disparaissent après l'effort intense et se manifestent seulement lors d'une nouvelle tension. Après, on revient plus ou moins à la normale».

    Alors continuité et entraînement ? Bien évidemment !

    «Le cerveau  ne se transforme pas dans l'optique de faire un meilleur employé de bureau, un leader performant, mais il est possible de  tirer avantage de son « nouveau cerveau » dans plusieurs sphères d'activités.

    On parle alors d'effets secondaires, de compétences transversales». Si les témoignages sont éloquents, les preuves manquent. Pour ma part, j’en suis  convaincu: l’affectivité, l’activité bien régulée et diversifiée, la capacité de se relaxer et de méditer[1]  rendent les gens  plus intelligents, plus humains et il restent en meilleure santé.

    Une hypothèse qui se vérifie d’ailleurs de jour en jour: l’activité sportive, si peu intense soit-elle, ne procure t-elle pas de semblables aptitudes ?



    [1] D’après Mathieu Ricard une personne entraînée à la méditation "pouvait modifier durablement sa plasticité cérébrale". "Est-ce dû à un renforcement des connexions existantes ou à la constitution de neurones ? Nous ne le savons pas. Ce qu’on peut dire, c’est que le cerveau se modifie grâce à un enrichissement intérieur et volontaire, et ce à l’âge adulte."

     

  • Ouvrir l’école à la ville

    Un des objectifs majeurs de l’IESE est de promouvoir l’acte éducatif et socialisant dans sa globalité, soutenir la cohérence des initiatives, la mutualisation des pratiques et des moyens (objectif plateforme). Pendant les 7 longues années où la précédente municipalité s’est exercée à « la politique éducative et sociale » et même bien avant, nous n’avons eu de cesse de proclamer notre inquiétude devant l’inefficacité des méthodes et des moyens employés à la mise en œuvre de cette politique.

    J’ai exhumé du fin fond de mon ordinateur le texte de mon intervention à une table ronde intitulée : « Ouvrir l’école à la ville »

    Après examen, j’ai décidé qu’il n’y avait pas grand-chose à changer à son contenu. Je vais donc m’empresser de l’adresser aux opérateurs actuels de la Ville et de la CUS, au Rectorat etc.

    Je suis très attaché au changement et par conséquence j’attends comme vous le changement de pratiques sociales en particulier au sein de la nouvelle municipalité et CUS. Je suis sans inquiétude, les lignes vont bouger ! Sauf que je disais exactement la même chose il y a 7 ans !

    Je vous tiendrai au courant !

    Table ronde « école, université, recherche »

    Ouvrir l'école à la ville

    Je remercie les organisateurs qui m’ont  permis d’intervenir dans ce débat qui m’en rappelle un autre où j’exerçai mes « talents » d’animateur : le fameux Débat sur l’Ecole de Jules Ferry. Je parle bien évidement du Jules FERRY de 2004.

    A la lecture des thématiques proposées dans cette table ronde, j’ai retrouvé l’essentiel des sujets de débats proposés à l’époque. Doit-on considérer que le temps passe et que rien ne bouge ? Je ne pense pas. En qualité d’éducateur et de formateur, de Président de l’Institut Européen de Socialisation et d’Education, je suis profondément impliqué dans les problématiques scolaires, péri et extra scolaires et j’ai constaté quelques changements.  

    De  nouveaux sigles sont apparus, en particulier dans le paysage de l'éducation prioritaire : les REP (réseaux d'éducation prioritaire). Ce dispositif vise à une meilleure efficacité pédagogique, en intégrant un plus grand nombre d'établissements à la politique de l'éducation prioritaire. « Les ZEP concernaient des zones géographiques parfois très larges, d'où des fonctionnements lourds. Avec les REP, il s'agit de redonner à ces territoires une dimension humaine, et de nuancer les degrés de difficulté rencontrés par les établissements ». Si tous les établissements situés en ZEP font partie d'un réseau, d'autres, confrontés à des situations un peu moins difficiles ne sont classés qu'en REP.

    Chaque réseau doit s'appuyer sur un contrat de réussite. Celui-ci insiste notamment sur la nécessité d'articuler temps scolaire et périscolaire. C'est pourquoi, le programme de relance de l'éducation prioritaire insiste sur le principe de l'implication de l'Éducation nationale dans la politique de la ville. « Des partenariats d'actions se mettent en place mais méritent d'être développés. L'acte éducatif doit être appréhendé dans sa globalité, en évitant une rupture entre ce qui se passe dans et hors l'école ».

    Au croisement de l'éducation prioritaire et de la politique de la ville : le coordonnateur  Il est un lien entre l'école, l'éducation nationale et la vie des quartiers. En tant que coordonnateur, il est chargé de  participer à des réunions avec des associations engagées dans des actions éducatives périscolaires, pour soutenir la mise en cohérence des initiatives. Au début, ce n'est pas facile, souvent les acteurs de terrain n'ont  pas les mêmes disponibilités. Quand les enseignants n'ont plus les enfants en charge, les intervenants des actions périscolaires sont pris, et inversement. Finalement certains  réussissent à mettre en place un certain nombre de projets ensemble, qui ont permis de mieux se connaître et de faire le lien entre temps scolaire et périscolaire ». Le rôle de coordonnateur devrait être aussi, de faciliter la mise en relation entre enseignants et associations. « L'échange entre éducateurs, bénévoles et enseignants n'est pas toujours simple mais il est très riche. Il permet de confronter des regards différents, complémentaires concernant les enfants ».

    .  Les contrats éducatifs locaux : repris dans le cadre du Plan de Cohésion Sociale, ils marquent la volonté des acteurs de mettre en œuvre un dispositif global d'éducation sur les villes, associant les structures éducatives, culturelles, les centres sociaux et de loisirs… Dans ce cadre, le lien entre l'action culturelle, éducative et socialisante d'une ville et l'école est primordial pour faciliter l'accès aux équipements (bibliothèques, écoles de musique, associations sportives…).

    .  L'éducation à la citoyenneté : dans certains établissements, des fonctionnements et des dispositions nouvelles s'expérimentent pour la renforcer. « Des conseils d'enfants ou de collégiens réfléchissent, traitent des questions de la vie scolaire de tous les jours et prennent des responsabilités.

    Des jeunes établissent en concertation avec les adultes, les règlements de vie dans l'établissement. Des formations des délégués de classe sont aussi mises en place ».

    .  La participation aux actions de prévention de la délinquance : « L'Éducation nationale a des choses à dire à la Protection judiciaire de la jeunesse, aux policiers municipaux, aux éducateurs des associations, mais elle a aussi des choses à entendre, encore faut-il pour cela se rencontrer, échanger et s'enrichir mutuellement.  Faire  venir les fonctionnaires de la Police Municipale dans son école  pour travailler avec les enfants, participer au Conseil communal de prévention de la délinquance (CCPD), aux groupes d'élaboration des Contrats locaux de sécurité, aux CAP (Conseil d’Animation et de Prévention), aux Conseils de Quartier.                                   

    .   La modification des relations entre les trois pôles de l’éducation : Actuellement, des transformations modifient la répartition des responsabilités entre les différents acteurs de l’éducation, ainsi de ce que les uns attendent des autres. Les malentendus ont tendance à s’estomper rapidement.

    Il s’agit de créer des convergences entre les différents acteurs de la vie des enfants, pour l’essentiel : la famille, l’école et le secteur associatif  qui prend enfin le relais de la rue.

    Globalement, ces trois pôles ont tendance à s’organiser  autour d’une fonction principale, d’un rôle et d’une tache à remplir : l’enseignement pour l’école, la socialisation pour le secteur associatif et la rue, la filiation pour la famille. (Voir C.E.L.)

    La question qui se pose est de savoir si l’école n’a pas aussi une mission de socialisation, la famille et  le secteur associatif une fonction d’enseignement et comment si c’est le cas établir une cohérence, un plan d’action et des projets de cohésion sociale à conduire ensemble ? 

    . Action publique et initiatives locales : Nos repères traditionnels ont été particulièrement ébranlés ces dernières années. Droits, devoirs, famille, nation, universalité des valeurs etc. Est alors apparu un sentiment d’impuissance et de culpabilité collective.  Un sursaut éducatif et socialisant nous apparaît comme indispensable et urgent, ainsi qu’un recentrage sur ces fameuses valeurs universelles, revisitées à l’aune de la mondialisation et qu’il nous faut promouvoir

    Le travail en partenariat est devenu une nécessité quotidienne absolu ne serait ce que pour regrouper des moyens éducatifs qui se raréfient.

    Regrouper des acteurs appartenant à des institutions différentes, avec des rôles et des statuts différents, intervenant sur un même territoire, auprès du même public, permet de relier des mondes qui habituellement s’ignorent. Là est notre meilleure chance et, même si de grands progrès restent à faire sur le plans des concepts à finaliser, des méthodes à élaborer, des financements à rentabiliser, je suis convaincu que l'éducation, la socialisation,  la prévention sont des facteur déterminants de lutte contre l'exclusion et d'insertion. Il est important d’identifier, de valoriser et mutualiser les expériences et pratiques positives pour nourrir les projets et donner envie d’agir ensemble. L'école, les collectivités locales, les institutions décentralisées, doivent avoir à ce sujet une position forte, incitative, motrice. Nous espérons tous qu’il en sera ainsi.

    Merci de votre attention.

    Francis NERI

    24 02 06