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Présidentilles 2017 22 27 - Page 4

  • L’UE Totalement vassalisée à Washington.

    Et donc incapable de tracer une troisième voie diplomatique dans la crise ukrainienne, l’Europe, où plus exactement l’Union européenne, existe-t-elle encore ?

    On apprend que l’Allemagne compte acheter jusqu’à 35 avions de combat F-35 américains pour équiper son armée. Berlin a en effet décidé de dégager une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards d’euros pour moderniser son armée. Louable préoccupation dans le contexte actuel mais que dire du choix d’un fournisseur américain alors que d’autres pays européens, au premier rang desquels la France, propose un matériel équivalent, voire de plus grande qualité et technicité ?

    Si elle se confirmait – ce qui semble être le cas –, cette décision serait un véritable camouflet pour la solidarité européenne et un très mauvais signe pour le projet franco-germano-espagnol SCAF (Système de combat aérien du futur) qui doit remplacer à l’horizon 2040 les avions de combat Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols.

    Dans un tel contexte, comment imaginer la mise en place effective d’une réelle « défense européenne » débarrassée de son tuteur américain et véritablement indépendante ? Cette défense autonome est pourtant la seule chance de voir un jour exister une Europe qui soit une puissance capable de peser sur la scène internationale et de défendre ses propres intérêts sans être systématiquement à la remorque de Washington.

    La question est posée à ceux qui prétendent, en France, à la fonction suprême !

     

  • Pas d’amalgame ! Vraiment ?

    Après chaque attentat commis par un mahométan sur le territoire national, les bonnes âmes autorisées se lèvent toutes pour hurler à pleins poumons l’incantation magique, le mantra obligatoire : « Pas d’amalgame ! » Autrement dit : n’imputez pas à tous les arabes ni à tous les adorateurs d’Allah ce que commet l’un d’entre eux. Soit.

    Le message est bien passé, tellement bien même que les réactions aux attentats – y compris les plus meurtriers numériquement – sont invariablement, dans l’ordre chronologique :

    1. Mettre des bougies et des nounours sur le lieu de l’attentat
    2. Enseigner aux petits enfants de France qu’on ne répond pas à la violence par la violence
    3. Crier « Vous n’aurez pas ma haine »
    4. Opposer un vindicatif « Pas d’amalgame » à ceux qui seraient tentés de faire remarquer que… quand même… enfin bref…

    C’est ainsi qu’on a émasculé une génération entière de Français.

    Puis, vint l’opération militaire russe en Ukraine.

    Et là, d’un coup, tous les amalgames possibles furent autorisés, et même recommandés. On s’autorisa à licencier les artistes russes des compagnies de danse, des orchestres, des opéras. Pourquoi ? Ben parce qu’ils étaient russes, justement ! Pas d’amalgame ? Ah bah si ! Là, ça va !

    Il fallait retirer Tchaikovsky des programmations artistiques, Dostoyevsky des programmes des universités, et tout ce qui sentait bon la taïga devait être brûlé. No pasaran. Pas d’amalgame, dites-vous ? Ah mais c’est que vous n’avez rien compris.

    Enfin, on n’irait pas jusqu’à la haine et les menaces de morts, pensiez-vous ? Détrompez-vous vite fait ! Facebook autorisa sur-le-champ les menaces de mort à l’encontre de Vladimir Poutine et des Russes en général, parce que , hey, nous, on est dans le camp du bien, hein. Donc, la haine, c’est pas bien, sauf quand c’est bien.

    Vous ne comprenez rien ? C’est normal : il n’y a rien de logique à comprendre. Si ce n’est une chose, toujours la même : la gauche est contre les amalgames, sauf les siens, et elle est contre la haine, sauf la sienne.

    Robin de La Roche

  • Situer Osep Borrell

    Le vice-président de la Commission européenne, reconnaît ses torts dans le conflit russo-ukrainien

    De Ségolène Royal à Marine Le Pen, tout en passant par Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour, nombreuses sont les voix à s’élever contre le manichéisme politico-médiatique dans la guerre qui oppose Moscou à Kiev. Mais le 10 mars, sur le plateau de LCI, c’est une autre voix, d’un autre genre et d’un tout autre profil, qui se fait entendre : celle de l’Espagnol Josep Borrell, ancien ministre socialiste et Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. Elle n’en a paradoxalement que plus de poids, puisque allant à l’encontre de la doxa dominante de l’organisme dont il est l’éminent représentant ; qu’on en juge.

    À la question consistant à savoir si les autorités européennes ont eu raison de tant céder à des USA n’en finissant plus de pousser les pays de l’Est à rejoindre l’OTAN, trompant ainsi les Russes et revenant sur le pacte tacite décidé à la chute de l’URSS, Josep Borrell répond sans ambages : « Je suis prêt à reconnaître qu'on a fait des erreurs et qu'on a perdu des opportunités. Il aurait fallu se rapprocher de la Russie après la fin de l’empire soviétique. »

    Soit cette fameuse « Maison commune » qu’appelaient de leurs vœux François Mitterrand et son homologue d’alors, Mikhaïl Gorbatchev, projet dont Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères, entendait être le maître d’œuvre. En vain. L’Histoire est malheureusement faite de ces occasions manquées. Et Josep Borrell de reconnaître : « Les Russes ont beaucoup souffert ; il faut comprendre ça. […] Il y a une certaine rancune que Poutine exploite. » Certes, mais on ne saurait non plus lui reprocher d’avoir rendu à la Russie son lustre perdu et sa place dans le concert des nations. Bref, poursuit cet eurocrate en proie à un étonnant accès de lucidité : « On aurait peut-être pu faire mieux, on a promis des choses qui n'ont pas été mises en pratique, comme celle voulant que la Géorgie et l’Ukraine ne fassent pas partie de l’OTAN, même si cela ne s’est pas réalisé. »

    Et de résumer : « C’est une erreur de faire des promesses qu’on ne peut pas tenir. » Mais il y a une autre erreur qu’il passe en pertes et profits ; celle consistant à faire croire aux peuples européens que les instances de Bruxelles sont souveraines, alors qu’elles ne font globalement que relayer la politique de la Maison-Blanche, ce, depuis les débuts de la construction européenne, voulue par les Américains, puis les Anglais, comme un simple espace de libre-échange n’ayant pas vocation à devenir une puissance politique.

    Le général de Gaulle l’a appris à ses dépens et même Jacques Chirac, sous influence de Marie-France Garaud et Pierre Juillet, avait fini par s’en rendre compte à l’occasion de son fameux « appel de Cochin », le 6 décembre 1978. Morceaux choisis : « Il est des heures graves dans l’histoire d’un peuple où sa sauvegarde tient toute dans sa capacité de discerner les menaces qu’on lui cache. L’Europe que nous attendions et désirions, dans laquelle pourrait s’épanouir une France digne et forte, cette Europe, nous savons depuis hier qu’on ne veut pas la faire. Tout nous conduit à penser que, derrière le masque des mots et le jargon des technocrates, on prépare l’inféodation de la France, on consent à l’idée de son abaissement. […] Comme toujours quand il s’agit de l’abaissement de la France, le parti de l’étranger est à l’œuvre avec sa voix paisible et rassurante. Français, ne l’écoutez pas. C’est l’engourdissement qui précède la paix de la mort. »

    Voilà qui aurait pu être signé aujourd’hui. Mais pas forcément par Valérie Pécresse, même si excipant de son héritage gaulliste et de sa filiation chiraquienne.

    En attendant, Josep Borrell ne fait que confirmer ce que certains affirment depuis le début de ce conflit fratricide : la culpabilité de Vladimir Poutine ne saurait excuser les responsabilités des institutions européennes et de leur maître américain. Il n’est pas anodin qu’un tel homme en prenne enfin acte.

    12 03 22

    Nicolas Gauthier

    Journaliste, écrivain