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Insurrection - Page 42

  • La grande désintégration

    Maintenant on sait. On sait que Mai 68 n'était qu'une ruse de l'histoire. On sait que le marxisme emphatique des jeunes révolutionnaires n'était qu'une manière détournée de faire le jeu du marché. On a lu Régis Debray, dès 1978, et Luc Ferry, au milieu des années 1980. Avant eux, l'Américain Christopher Lasch, et tous les autres depuis. On sait que la «crise de civilisation» diagnostiquée alors par Georges Pompidou était surtout une mutation du capitalisme, qui passait d'un système fondé sur la production, l'industrie et l'épargne, à une économie basée sur la consommation, les services et la dette.

    On sait que même la «grève générale», rêve séculaire de tous les syndicalistes, a été noyée sous les augmentations de salaires - bientôt dévorées par la dévaluation du franc et l'inflation - et le retour de l'essence dans les stations-service pour les départs du week-end de la Pentecôte.

    On sait que le talent du slogan travaillé dans les ateliers de la Sorbonne s'est reconverti dans les agences de publicité. On sait que la libido des étudiants de Nanterre qui voulaient aller dans le dortoir des filles s'est transmuée en pulsion de consommation. On sait que leur universalisme utopique a fait le lit du marché mondial des capitaux et des marchandises.

    On sait que leur antiracisme généreux a forgé dans l'ouest de l'Europe des sociétés multiculturelles où chacun suit sa coutume, ses racines, sa loi religieuse. On sait que l'austérité virile des militants maoïstes a été subvertie et vaincue par le féminisme hédoniste du MLF et des mouvements «gays».

    On sait que Mai 68 a commencé avant mai 1968. A Vatican II, avec la chute de la pratique du catholicisme. Ou en cette même année 1965, avec la fin du baby-boom démographique. Ou en 1967, avec la légalisation de la pilule. Ou avec les émeutes raciales de Los Angeles ou les manifestations contre la guerre du Vietnam, ou l'émergence du «politically correct», la défense véhémente des minorités.

    On sait que Mai 68 n'a pas été seulement français, mais occidental (Italie, Allemagne, Etats-Unis), et même européen (Prague) et même mondial (Mexique). On sait que Mai 68 a été cependant la voie française pour fermer le ban de l'histoire révolutionnaire du pays en faisant une ultime révolution pour rire. Une dernière révolution mais sans mort ou presque. Une révolution faite au nom du peuple par les fils de la bourgeoisie. Comme 1789 et 1848. Et, comme d'habitude, disait déjà Marx à propos de 1848, l'histoire se répète, la première fois en tragédie, et la seconde en farce.

    Mai 68, ce fut farces et attrapes.

    Le général de Gaulle avait joué le rôle de Richelieu et celui de Louis XIV ; les rebelles de la Sorbonne jouèrent donc aux enragés de 1793. La cible était idéale. De Gaulle, c'était tout à la fois le dernier père avant les papas poussettes, le dernier chef avant les managers, la dernière incarnation de la nation avant la dissolution de la nation, le dernier homme avant les adolescents féminisés.

    La cible était parfaite et peu importe qu'elle ait elle-même préparé le terrain, par de nombreuses mesures «émancipatrices», à ceux qui allaient le renverser. Sa mort, en 1970, était concomitante de la loi qui mettait un terme à la puissance paternelle dans la famille.

    Balzac avait dit que la mort du roi sur la guillotine avait été la mort de tous les pères. L'histoire repassait les plats avec la mort de De Gaulle. Les pères n'étaient plus que des papas, et les papas, que des secondes mères. La famille patriarcale passait sous le règne du matriarcat, dont les hommes s'échappaient, par le corps (explosion du nombre des divorces ou des familles monoparentales) ou par l'esprit. L'égalitarisme révolutionnaire passait partout, entre les hommes et les femmes, mais aussi entre les parents et les enfants, même entre les différentes sexualités. Il était interdit d'interdire. Tous égaux, tous sujets, tous dotés de droits.

    On n'était plus une famille, avec un père, une mère et des enfants, mais «on faisait famille» avec des individus égaux en droits, aux sexualités diverses. La famille n'est plus le lieu de la transmission, d'un héritage culturel et matériel, mais le lieu de l'épanouissement des individus. C'est là où les nécessités du marché (devenir un consommateur) rejoignent les anciens fantasmes révolutionnaires (détruire la famille bourgeoise). Là où les libéraux s'allient aux libertaires. Là où les mouvements féministes s'allient aux mouvements homosexuels, devenus «gays». Là où les minorités sexuelles s'allient aux minorités ethniques. Avec un ennemi commun: le mâle blanc hétérosexuel occidental.

    Un des slogans de Mai 68 était: tout est politique. Ils ne parlaient pas en l'air. Tout: famille, école, Eglise, parti, syndicat, sexe, nation, toutes les structures hiérarchiques et verticales seraient subverties et renversées. Mises à bas. Toutes les identités seraient remises en cause. Au nom de la liberté, on n'avait que des droits. Au nom de l'égalité, la société n'avait que des devoirs. Au nom du marché, on était un individu roi à qui il était interdit d'interdire. Mais, au nom de l'ancienne vulgate marxiste, nous sommes tous des «damnés de la terre» qui devront faire rendre gorge à notre ancien maître: le père, le prof, le patron, le prêtre, le ministre et, plus largement, l'homme, le blanc, le Français. La majorité est sommée de s'incliner et de se soumettre aux minorités.

    La redécouverte dans les années 1980 de Tocqueville, considéré comme un horrible aristocrate libéral par les révolutionnaires marxistes des années 1960, permettait de retourner l'antique malédiction des démocraties: puisque Tocqueville avait bien vu que le danger était la dictature des majorités sur les minorités, il fallait empêcher par tous les moyens cette tyrannie majoritaire. Au nom des droits de l'homme, on donna donc aux juges le moyen de contenir la moindre contrainte, la moindre «discrimination» de la moindre minorité. La démocratie n'était plus le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple, mais le pouvoir du juge, au nom du droit, pour les minorités. Le résultat ne se fit pas attendre: au nom de la nouvelle religion des droits de l'homme, le principe sacré de «non-discrimination» affirmait la tyrannie du juge et des minorités. On appelait cela avec emphase «l'Etat de droit».

    Les anciens révolutionnaires qui avaient retenu de Marx que le droit en général, et les droits de l'homme en particulier, n'était que l'arme de la bourgeoisie pour affermir son pouvoir et contenir les assauts du prolétariat, retournèrent leur veste avec maestria et devinrent les défenseurs les plus forcenés des droits de l'homme. C'était leur nouvelle religion séculière après le communisme. Après la défense du prolétariat, la défense des minorités. Après la lutte contre le capitalisme, la lutte conte le néocolonialisme. Après le communisme, l'antiracisme. Religion dont ils devinrent les nouveaux prêtres. La religion avait changé, mais les bûchers de l'Inquisition étaient allumés par les mêmes. Les fascistes d'avant étaient seulement devenus les racistes d'aujourd'hui.

    La pensée conservatrice affirme depuis longtemps qu'une nation n'est qu'une famille de familles. Il était inéluctable que la désagrégation de l'une entraînât celle de l'autre. Le constructivisme né dans les cerveaux des théoriciens français - Deleuze, Guattari, Foucault - nous revenait auréolé de son passage dans les campus américains des années 1960. Rien n'était naturel, tout était social. Rien n'était biologique, tout était culturel. C'était la victoire absolue de l'existentialisme de Sartre. On ne naît pas femme, on le devient. Ou pas. On ne naît pas homme, on le devient. Ou pas. On ne naît pas français, on le devient. Ou plus.

    Tous les instruments de l'assimilation - prénoms, vêtements, langue, école, histoire, culture, cuisine -, qui avaient permis l'intégration de générations d'immigrés venus de toute l'Europe, étaient rejetés au nom du respect des cultures et du prestige de la «diversité». Là encore, la conjonction très française de la liberté et de l'égalité, du libéralisme mais aussi de l'ancienne vulgate marxiste, faisait des ravages. Libres de suivre et d'imposer sa culture d'origine, sa tradition, sa religion, même si elle vient en contradiction avec la culture dominante de la France ; mais égaux, au nom du scrupuleux respect du principe de «non-discrimination».

    Cette double injonction est destructrice de la nation, qui n'est plus qu'un territoire sans passé où cohabitent des communautés diverses, au nom d'un «vivre-ensemble» oxymorique. Mais c'est bien l'objectif. Daniel Cohn-Bendit disait, bien des années après ses «exploits» de Mai 68: «Le peuple français n'existe pas ; et la notion même de peuple n'existe pas.» Le véritable héritage de Mai 68 est sans doute là, dans cette destruction voulue, pensée, imposée, des individus, des familles, des peuples, des nations. Ce nihilisme anarchisant s'épanouit au nom d'un universalisme totalitaire hérité du marxisme, marié avec le libéralisme de marché et qui n'a plus comme objectif de sacrifier la bourgeoisie sur l'autel du prolétariat, mais les peuples européens sur l'autel du métissage généralisé.

    Mai 68 a gagné depuis longtemps. Les rebelles sont devenus le pouvoir. Un pouvoir qui se prétend toujours rebelle. Et qui traite toujours ses opposants de conservateurs. Alors que les conservateurs, ce sont eux. Mais la révolte gronde. Elle est disparate, éclatée, divisée. C'est le succès de la Manif pour tous, en 2013, contre le mariage homosexuel. C'est le réveil d'un catholicisme identitaire qui a compris le danger de l'islam. Mais c'est aussi, dans les banlieues, un patriarcat islamique souvent virulent, et parfois violent, porté par les «grands frères», qui se vit en opposition avec le féminisme de leur société d'accueil.

    C'est même, sans qu'elles le comprennent elles-mêmes, la montée en puissance d'un néopuritanisme féministe qui, au nom des droits des femmes, remet en cause l'hédonisme libertin des anciens soixante-huitards, qu'ils soient producteurs de cinéma, photographes ou politiques. C'est enfin, à l'est de l'Europe, la coalition de peuples qui entendent bien sauvegarder tout à la fois leur cohérence nationale et leurs racines chrétiennes.

    Toutes ces révoltes ne se valent pas. Elles sont même souvent antinomiques, et même adversaires. Elles sont toutes le produit de la désagrégation des sociétés occidentales depuis Mai 68, de toutes les identités, individuelles, familiales, religieuses, et nationales.

    Sur les ruines de Mai 68, il faudra un jour reconstruire.

    Eric Zemmour

    02 03 18

  • La nouvelle Rome

    En ce moment, on parle, avec précautions, d'une menace mondiale provenant de « l’islamisme radical ».
    Déjà ce terme me fait rire sous cape. Je me souviens des paroles railleuses d'Erdogan lui-même qui se moquait royalement de ce terme repris comme la chose la plus naturelle par la presse occidentale ayant pour objectif non déclaré de faire ingurgiter convenablement et sans heurter les consciences certaines actions commises au nom de l'islam.
    Et le reste ? Pensons à ce tristement célèbre "allahu akbar" qui a l'avantage de livrer leur programme sans fard, sans fioritures - Seulement ceux qui y voient des paroles creuses - apparemment l'écrasante majorité dans nos parages - ne peuvent y voir que du feu.

    Ne tombez pas dans le piège du moment qui pourrait suggérer que l'islam(isme) soit à bout de souffle.
    On se sert d'une tactique qui implique des actions au moment propice, inattendu et surtout au moment où les gens naïfs se félicitent en criant, prématurément victoire, donc se croyant dorénavant à tout jamais à l'abri des dangers et pouvant donc se permettre de baisser la garde .

    Je vous parie que cette vision de l'avenir revient à se mettre le doigt dans l'œil, et jusqu'au coude.
    Les peuples au cours de l 'Histoire qui n'étaient pas/plus assez vigilants ont chèrement payé pour cette négligence.
    Meilleur exemple - mon domaine préféré - l'empire byzantin. Celui se voyait encerclé par toutes sortes de tribus barbares, Alains, Slaves, Khazars (ce peuple JUIF d'origine turco-mongol) et last not least .....les musulmans qui ont fini par écraser cet empire chrétien sous certains aspects cependant décadent.
    Les adeptes de l'islam n'arrêtaient pas de toujours plus grignoter une part après l'autre de cet empire le plus puissant du monde pour se voir finalement réduit à la ville de Constantinople et quelques enclaves par-ci, par-là.
    Tout cela s'était passé au vu et au su de tout le monde. Tout ce dont Byzance était encore capable de manifester comme actions de résistance peut se résumer à quelques actions guerrières sans système - autrement dit Byzance était voué à l'anéantissement définitif pour ne plus jamais se relever de ses cendres suite à des négligences de sécurité pourtant sautant aux yeux.

    Manfred Krause

    Oui le monde Occidental est en danger et l’Amérique « La Nouvelle Rome ». Manfred a parfaitement raison en faisant référence à Byzance.
    Nous devons prendre conscience de ce que « pensent » vraiment les islamistes et au delà le monde africain, indonésien, pakistanais etc. « Ceterum senseo, delenda Cartago ». Carthage DOIT être détruite !

    Pour ceux qui aiment l’Histoire et la culture occidentale, il parait évident que l’on cherche à détruire la civilisation occidentale comme fut détruite Carthage par Rome et comme Rome fut détruite à son tour.
    L’Amérique « la nouvelle Rome » phare de la « civilisation » Occidentale exposée aux attaques barbares comme le fut Rome et Constantinople, se laissera t’elle détruire ?

    Francis-claude Neri

    05 01 18

  • Une guerre de libération

    Françis Fratre Francis-claude Neri
    Dans mon esprit il y aura deux guerres en une si cela arrive la guerre de religion et la guerre contre les collabos.....ou guerre civile l'important étant que la France que nous aimons triomphe.....

    Francis-claude Neri ...Pour être précis je pense qu'il faut rejeter l’expression de "guerre civile" et même "guerre de religion" car une guerre civile se fait entre ressortissants d'un pays et une guerre de religion entre religions. Mais les envahisseurs, même de papier, NE SONT PAS des français; et l'islam N'EST pas une religion. Donc JE préfère me référer à une guerre de LIBERATION car NOUS résistons à une invasion et contre une invasion en armes, il convient de répondre par les armes, y compris contre les collabos.
    Pour être crédibles et LEGITIMES c'est sur ces bases (39/45) que nous devons aborder la notion de Résistance (article 35 de la constitution de 1789)

    Manon Heitz Francis-claude Neri tu as raison c'est une guerre d'occupation comme en 39/45, sauf que cette même occupation a été voulue par tous les GVT depuis 40 ans, mais je suis folle de rage du fait qu'il nous a fallut 40 ans de dénonciations pour que les gaulois se réveillent.....sont lents à la détente quand même !

    Francis-claude Neri Manon...depuis 1973 voire avant les Français sont soumis au lavage de cerveau et particulièrement à l'école de la "Ripouxblique" ...alors il faut du temps pour nettoyer les cerveaux ...mais je suis persuadé que çà commence à faire son effet...il faut juste bien préciser les termes et...ne pas se faire "effacer".

    Francis-claude Neri

    23 11 17